Photograph [Wowkwan]

Photograph

Une chambre. La lumière éteinte. Noire.
Un lit, des draps blancs, la forme d’un corps cachée en dessous.

Sehyoon soupira, retirant violemment le tissu qui recouvrait sa tête. Trois heures qu’il tournait. Trois heures qu’il courait après Morphée, qui le narguait du haut de son perchoir, inaccessible. Trois heures qu’il l’observait de loin, sans jamais le voir descendre pour qu’il vienne le prendre dans ses bras.

Il avait chaud, trop chaud. Il retira finalement entièrement le drap, laissant son corps seulement recouvert d’un boxer à l’air libre. Air bien trop lourd, en ce début d’été. Les grandes chaleurs venaient seulement de frapper, et le jeune homme en pouvait déjà plus. Il regrettait amèrement l’hiver, même s’il devait se cacher sous des dizaines de couches de vêtements et allumer son petit radiateur électrique pour espérer pouvoir dormir en aillant assez chaud. Oh oui qu’il préférait clairement tout ça plutôt que d’avoir le bruit insupportable d’un ventilo qui fonctionnait qu’à moitié, et en plus de manière totalement inefficace.

Il se releva soudainement en position assise, laissant ses cheveux nouvellement décolorés en blond pendre à loisir devant ses yeux, et retira violemment la prise alimentant le pauvre ventilateur qui était à deux doigts de rendre l’âme. Celui-ci s’arrêta lentement, dans un grincement qui fit grimacer son propriétaire, avant de laisser sa place au silence, seulement brisé par les quelques voitures qui passaient encore dans la rue à cette heure tardive et le tic-tac régulier de l’horloge qui s’entendait depuis la cuisine.

Sehyoon se rallongea sans aucune once de délicatesse, soupirant de nouveau. La porte de la chambre, entr'ouverte, laissait passer la lumière toujours allumée du couloir voisin. Signe que Byeongkwan, son colocataire, n’était toujours pas rentré.

Eternel fêtard, Byeongkwan rentrait tous les vendredis soirs à point d’heure, dans un état de sobriété plus ou moins bon. Sehyoon le savait capable de ne pas retrouver l’interrupteur et de se casser une jambe en se cognant contre un meuble qui se trouvait malencontreusement sur son chemin. Pour éviter tout accident lorsque le niveau d’alcool qui lui coulait dans le sang était un peu trop élevé, le blond laissait donc la pièce à vivre et le couloir éclairés. Ce dernier y trouvait aussi son compte puisque, si la lumière était éteinte, c’était que son meilleur ami était bien rentré, dans un état à peu près convenable.

Lumière donc, qui éclairait aussi la chambre de Sehyoon. Légèrement, assez pour y voir dans la pénombre, se reflétant plus sur les objets clairs, laissant plus d’ombre sur les objets sombres. Comme si soudainement, on avait passé un filtre noir et blanc sur l’intégralité de la pièce. Son propriétaire appréciait beaucoup cette luminosité, qu’il connaissait presque mieux que celle crée en plein jour. Il trouvait la lune, et sa lumière blanche perdue dans l’immensité noire de la nuit, bien plus apaisante que la lumière du soleil, trop chaude et bien trop éblouissante avec le bleu du ciel.

Un dernier soupire lui échappa, lâchant un juron contre la température ambiante et la lumière qui n’avait toujours pas été éteinte. Il se tourna sur le côté, glissant sa main à l’aveugle sous son oreiller afin de retrouvé son téléphone, dans le but de voir si par miracle il aurait reçu un message de Byeongkwan. Il déverrouilla l’appareil à l’aide de l’empreinte digitale, qui s’alluma directement sur l’appareil photo d’Instagram qui avait oublié d’être fermé. Sehyoon sursauta face au gros plan de sa tête décoiffée qui venait d’apparaitre sur l’écran, avant de reprendre ses esprits, se claquant mentalement face à la stupidité de la scène. Soudainement, un petit sourire se faufila au coin de ses lèvres.

Le blond jeta presque son téléphone sur le matelas, avant de se diriger dans le salon. Il marcha doucement jusqu’au buffet qui couvrait l’intégralité de la longueur d’un mûr, avant d’ouvrir un des tiroirs. Il en tira un appareil photo, referma le compartiment, et après s’être fait la remarque que la température était insupportable dans toutes les pièces de ce fichu appartement, il regagna sa chambre, refermant la porte en la laissant toujours entrebâillée.