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Mira

Plusieurs jours se sont écoulés depuis cette fameuse nuit. Je ne sais pas trop ce que j'avais espéré, peut-être un léger mieux dans nos relations ou au moins que rien ne change. Mais au final ça a été exactement l'inverse Ezéchiel est de nouveau distance et froid avec moi. Les journées passées ensemble ne sont plus qu'un lointain vestige et pas une seule fois il n'a reparlé du travail. J'ai l'impression de vivre les même journées, jours après jours, que le temps s'est figé.

Le pire c'est que je ne sais même pas pourquoi. Parce qu'on a baisé ensemble ? C'était plutôt son initiative. Parce qu'on s'est embrassés ? Ça me semble ridicule surtout qu'on a tous les deux profités de l'instant, impossible que les réactions de son corps le trahissent. Alors c'est quoi ce changement d'attitude, l'abandon si rapide de ses bonnes résolutions ? Son attitude me laisse tellement désemparée que j'en viens au final à apprécier les moments où il est absent car c'est beaucoup plus facile à gérer que quelqu'un d'aussi lunatique. Ses changements d'humeur me font flipper et s'il me frappe à nouveau ou s'il décide de se débarrasser de moi pour je ne sais quelle foutue raison. C'est juste n'importe quoi tout ça.

Ce n'est que lorsque la nuit tombe qu'Ezéchiel daigne enfin me rejoindre. Son air encore tendu que d'habitude m'inquiète immédiatement. J'imagine qu'il s'est enfin décidé à faire quelque chose, à voir à quel point ça va me desservir. Il s'assoit dans le fauteuil tandis que j'abandonne le livre que je lisais tout en me redressant dans le canapé pour lui lancer un regard interrogateur. Son silence fait naître en moi une angoisse qui me broie le ventre et je me retrouve à pousser un discret soupir de soulagement lorsqu'il ouvre enfin la bouche :

— J'ai décidé quelque chose Mira.

Merci, ça je m'en doutais. L'angoisse me fait tirer nerveusement sur l'une de mes mèches de cheveux tandis qu'il poursuit d'une voix triste :

— Je vais faire compléter ta formation par quelqu'un d'autre. Rien ne changera en soit pour toi, ça sera juste quelqu'un d'autre que moi pendant quelques jours.

Ok. C'est sans doute pas aussi pire que ce que j'avais imaginé, c'est pas comme s'il songeait à me vendre. Mon ventre se détend un peu tandis que je lui demande :

— Qui va prendre la relève ?

— Je ne sais pas encore.

Face à mon regard surpris il hésite de longues secondes comme si les mots qu'il allait prononcer le torturait, Ezéchiel fini cependant par lâcher dans un souffle :

— Je ne sais pas car tu vas être proposé avec d'autres filles.

— Attends t'es en train de me dire que tu me vends là ?!

Je n'ai pas pu m'empêcher de crier, l'angoisse dans mon ventre est plus douloureuse que jamais et je manque d'arracher les cheveux avec lesquels je jouais. C'est quoi ce bordel ?! Malgré la situation qui me semble aussi catastrophique qu'injuste je me force à me calmer pour au moins écouter ses explications.

— Oui et non. Ce n'est que temporaire et c'est une instance plus petite, entre personnes de confiance. Tu feras exactement la même chose qu'ici mais pour le compte de quelqu'un d'autres. Personne ne te touchera si tu ne le veux pas si c'est ça qui t'inquiètes.

Tout m'inquiète. Absolument tout. Mais j'imagine malgré tout que c'est un piètre réconfort. La voix un peu plus calme je lui demande :

— Temporaire, c'est combien de temps ?

— Une semaine, juste une semaine, pas un jour de plus.

— Pourquoi tu me fais ça ? Genre je l'ai mérité ? Je comprends pas là. Ça se passait bien, je faisais des efforts, t'en étais même content. Tu parles de confiance et là tu la trahis pour aucune putain de raison ?

TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant