En ouvrant les yeux au matin, Jim n'eut pas à se demander s'il rêvait : le miroir au-dessus de son grand lit lui renvoyait l'image d'un grand roux baraqué et d'un homme à la chevelure chocolat éparpillée qui partageaient le même oreiller. Il sentait également le souffle de Tobia lui chatouiller le cou par intermittence, de longues respirations qui lui hérissaient les poils à chaque passage. Par ailleurs, il sentait un truc dans son boxer, au niveau de ses hanches, qu'il constata être la main de son... ami? partenaire?
Difficile de mettre une étiquette sur cette relation qui n'avait pas vraiment de forme.
Il retint un grognement mécontent. Une fois de plus, il s'était laissé distraire par le bellâtre à ses côtés. En même temps, il avait aussi servi à amoindrir les préoccupations de Tobia, qui, trop occupé par l'exploration de leurs corps, n'avait pas eu l'air de penser à la situation qui les avait menés dans le même lit.
Soudain mal à l'aise d'avoir tripoté et embrassé Tobia alors que Luca était dans un état lamentable à l'hôpital, Jim se leva, non sans d'abord devoir retirer la main baladeuse immobilisée sous l'élastique de son sous-vêtement. Quelques centimètres plus à droite, et ses doigts auraient été en contact avec son érection matinale. Jim ne se souvenait même pas du moment où Tobia avait tenté cette approche!
Wicked Italian!
S'il l'avait laissé faire, Jim était prêt à parier que Tobia aurait franchi quelques bases de plus. Après être sorti du lit en veillant à ne pas réveiller son hôte, il esquissa un geste pour replacer ses bijoux de famille, puis se ravisa.
Pas question de toucher à la bête dans cet état.
Plutôt, il décida d'aller fumer sur le balcon, histoire de s'éclarcir l'esprit. C'était une mauvaise habitude qu'il avait ramenée d'Angleterre mais qu'il se voyait incapable de totalement rayer de son quotidien. La cigarette du matin le calmait pour le reste de la journée. Il savait que, ne serait-ce que pour mieux performer en sport, il aurait dû faire des efforts pour arrêter, mais il se disait que ce n'était pas une unique cigarette par jour qui allait...
— Hey! aboya-t-il lorsqu'elle lui fut retirée des mains. That's mine (c'est à moi)!
Tobia venait d'apparaître à ses côtés, les cheveux en épis, les traits de son visage épaissis, foutrement sexy, simplement vêtu de son boxer ample qui frissonnait dans la brise.
— Alors déjà, bon matin joli cœur, déclara-t-il en balançant la cigarette volée dans les buissons, hors de portée. Ensuite, si tu cherches à occuper ta bouche, j'ai bien une suggestion qui est bien meilleure pour la santé...
Des images inondèrent le cerveau de Jim; elles n'étaient pas aussi innocentes que la scène de la veille. Jim s'imaginait sans mal dévoiler ce que cachaient ces petits personnages verts et jaunes qui maculaient le bout de tissu couvrant Tobia.
— Mêle-toi de tes affaires, grommela-t-il en saisissant une nouvelle cigarette dans son paquet. J'ai une grosse journée devant moi.
And I don't know how to manage this new thing between us (et je ne sais pas comment gérer ce nouveau truc entre nous).
Mais ça, Jim n'avait pas envie de l'énoncer à haute voix. Pas tout de suite.
— Je comprends ton besoin de relaxer, décréta Tobia en s'étirant pour lui chourrer son bâtonnet une nouvelle fois. Cela dit, étant donné que je ne savais même pas que tu fumais, ça veut dire que tu ne le fais pas souvent. Et tant qu'à ne pas fumer beaucoup, aussi bien arrêter tout de suite. Tu économiseras de l'argent, et moi, j'aurai plus de bisous.
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Comme deux et deux font quatre
Roman d'amourJim a porté son armure de connard arrogant assez longtemps pour être en mesure de l'enfiler au saut du lit avec l'aisance de l'habitué. À son retour d'Angleterre, il la pensait indispensable pour éviter à son coeur d'être anéanti par des crétins dan...