Sasuke x Reader (OS)

Love Story

       Elle le voyait descendre les marches du palais, dans son costume noir et blanc, arborant cet air fier et assuré qui lui allait si bien. Cette prestance et ce charme qui ne le quittaient depuis qu'elle le connaissait. Un léger sourire vint naître au coin de ses lèvres en le regardant, un sourire de satisfaction. Il était une véritable pièce d'art, un tableau. Un tableau qu'elle voulait posséder. Un tableau qu'elle voulait exposer sur le mur d'un des innombrables couloirs de sa grande demeure. Un tableau dont elle pourrait se venter auprès de ses amies, qui serait immobile et qu'elle pourrait admirer sans le moindre égard, et autant qu'il lui en convienne. 

Mais, cet homme n'était pas un tableau, il était bien vivant et inconstant. Il se déplaçait toujours, toujours plus loin d'elle. Chaque pas qu'il effectuait les éloignaient sans précédent. Elle le regardait saisir sa coupe de champagne posée sur l'un des buffets de la réception. Elle n'en perdait pas une miette, ses fins doigts qui s'enroulaient délicatement autour du cristal pour ensuite le soulever doucement et l'apporter à ses lèvre, qui, elles, s'entrouvraient pour accueillir le breuvage. Alors qu'il allait ingurgiter le vin effervescent, un jeune homme blond surgit derrière lui et lui sauta dessus. Pris par surprise, il tressaillit et manqua de cracher le liquide sur la tapisserie luxueuse étalée au sol.

-Dame Hanna, une voix masculine s'exprima discrètement à côté de la jeune fille qui le fixait depuis maintenant un bon moment.

C'était un bruit de fond auquel elle ne prêtait pas grande attention, trop concentrée sur le spectacle qui se déroulait sous ses yeux. 

-Il n'est pas correct de fixer notre invité de la sorte, d'autant plus que c'est un jeune homme ! On pourrait penser que-...

-Pense-tu que ses cheveux sont aussi doux qu'ils en ont l'air ? demanda-t-elle tout bas, comme un songe. 

Son valet, M. Downhill, poussa un soupir. Il savait que sa petite protégée du palais portait des sentiments particuliers pour son ancien camarade, l'héritier Uchiha. Cependant celui-ci ne semblait pas porter d'intérêt romantique envers qui que ce soit... En fait, il ne semblait porter aucun intérêt quelconque pour quiconque. Cela restait mieux que s'il en portait envers une autre personne mais... Le vieil homme aurait apprécié voir les liens des deux amants évoluer, s'il pouvait les appeler de cette manière à ce stade de leur relation.

-Et que penseriez-vous d'aller lui parler? Cela fait une éternité que vous ne vous êtes pas vus ! Je suis certain que cela vous ferait du bien ! proposa-t-il, fermement décidé à donner un coup d'élan nouveau à leur situation.

La jeune fille ne répondit pas et baissa le regard vers ses escarpins, songeant à la proposition. Elle pourrait intervenir, oui... Mais que dire ? Comment l'approcher ? Comment lui parler ? Rien que d'y songer un court instant avait le don de la faire paniquer. Elle n'avait pas l'aisance sociale que nécessitait ce dessein. Et, doucement mais sûrement, elle commença à broyer du noir. Si elle n'était pas capable de lui adresser la parole, comment pouvait-elle espérer que quoi que ce soit se produise avec lui ? Elle n'aimait pas... Non, détestait, la façon dont ses pensées étaient niaises. Elle n'aimait pas être aussi vulnérable. Alors que tous les autres invités continuaient leurs arabesques et politesses hypocrites, elle décida de se retirer de la salle de réception dont l'atmosphère devenait peu à peu irrespirable. 

La demoiselle marcha sans réellement prêter attention à ses pas ou à qui la regardait, pas même le jeune homme aux cheveux de corbeau. Elle arriva dans un long corridor qui laissait entrevoir la cour par ses multiples fenêtres. L'endroit était bien plus frais, et elle appréciait la vue du ciel nocturne. Finalement, elle ne s'était pas tant éloignée car elle pouvait toujours entendre l'orchestre interpréter des valses romantiques. Elle retira ses escarpins, qu'elle garda dans ses mains, et s'accroupit à côté de la vitre la plus proche, reposant son dos contre le mur couleur ambre. A cet instant précis, dans cette position, la tête vide, elle se sentait bien. Ses yeux se fermèrent pour que son corps puisse se relaxer de la manière la plus optimale. Elle se concentrait sur ses autres sens, la dureté du mur contre la délicate soie de sa robe, les sons des violons qui s'entremêlaient dans une mélodie mélancolique. Une odeur nouvelle vint se mélanger au parfum des lys posés sur une petit table non loin de là. Ses yeux s'ouvrirent grands.