« Soldat »

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Dahlia.

« Car il ne faut pas s'y tromper ; ce charme qu'on croit trouver dans les autres, c'est en nous qu'il existe ; et c'est l'amour qui embellit tant l'objet aimé ».

Je fermais mon livre et le posait sur mon cœur battant. Ma vie ne ressemblait en rien à celle des personnages des Liaisons dangereuses : elle n'avait rien de palpitante, pas de liaisons secrètes ni de potins pour pimenter ma morne existence ; aucune trahison digne du chef d'œuvre de Choderlos de Laclos.

Le seul et unique tourment de ma vie était mon mariage qui approchait à grands pas avec Lord Ambarssan.

Le chasseur de loups. L'homme qui avait fait couler mon sang, l'homme que je devrais épouser.
Cela faisait à présent trois longues semaines que je n'étais mas sortie dehors, depuis que Moana m'avait sauvé la vie.

Trois longues semaines, et je ne l'avais pas revu une seule fois.

Après m'avoir sauvé la vie, Saoirse s'était occupée de moi chaque jour, cependant elle été déterminée à connaître la vérité à propos de mon agression. Bien entendu, je ne pouvais pas lui dire qu'il s'agissait de mon futur époux ; elle n'était même pas au courant.

Lui expliquer que je serais bientôt mariée rendrait les choses trop réelles.

J'ai donc prétendu n'en savoir rien, avoir été attaquée lorsque je rentrais d'une balade par un chasseur qui aurait pris la fuite juste après.
Je savais bien qu'elle ne me croyait pas : je le voyais dans ses yeux. Mais Saoirse avait pris le soin de respecter mes petits secrets sans trop poser de questions : c'est une qualité que j'apprécie chez elle.
Ma mère quand avait pris l'habitude de m'éviter durant ces trois dernières semaines malgré mon état critique : ma relation avec elle ne s'améliorait guère.
Concernant Lord Ambarssan alias mon agresseur, j'ai prétendue sous ordre de ma mère que j'étais souffrante ; il ne fallait pas qu'il sache que je me trouvait en pleine nuit dehors, ni que je sois rentrée au petit matin, sinon cela donnerais naissance à des commérages– qu'elle ironie.

Je ne l'avais donc pas revu depuis qu'il avait faillit m'ôter la vie – et je m'en portais bien.
Mes seules distractions au cours de ces trois longues semaines étaient les après midi lecture en compagnie de Saoirse.

Toc toc. Tiens, en parlant du loup : Saoirse entrait dans ma chambre, ses cheveux roux attachés en un épais chignon.

- Milady, j'ai préparé les chevaux. Pensez-vous être capable de remonter à cheval ?

Je souriais, heureuse de la voir. Saoirse ne me ménageait pas, elle ne me disait pas de rester dans ma chambre à longueur de journée à cause de ma blessure, non. Elle comprenait ma soif de vivre et de liberté, peut être la ressentait-elle aussi.

- Je vais mieux, Saoirse. Je suis prête, allons-y !

D'un geste je me redressais de mon lit – un peut trop brusquement car un gémissement de douleur s'échappa de mes lèvres : j'étais encore faible. Saoirse m'aidait à m'habiller, j'optais pour une robe en soie émeraude cette fois ci. Elle s'emparait de mes épais cheveux noirs qu'elle tressait délicatement pour les attacher au sommet de ma tête.

- Vos cheveux sont aussi noirs que la nuit, Milady.

- Et les tiens sont aussi clairs que le lever du soleil.

Saoirse et moi étions les exactes opposés : elle était le jour et moi la nuit. De ses cheveux bouclés et roux elle vous éblouissait, tandis que de mes cheveux noirs tel le pelage d'un corbeau je suis semblable à la nuit. Ses yeux verts, parsemés d'éclats jaunâtres vous surprenaient, tandis que mes yeux à moi, d'une obscurité sans faille émanent une froideur sans pareil.

L'océan qui nous sépareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant