D'aussi loin que je suis remontée dans l'histoire de notre race, il y a toujours eu d'un côté les sorcières et de l'autre, les six familles héritières. Quelle différence me diriez-vous ? C'est simple, quand la Déesse s'est retirée du monde, elle a choisi six femmes pour la représenter et veiller sur sa création. Six sorcières à qui elle a conféré une partie plus importante encore de son pouvoir. Pendant longtemps, les six familles héritières ont ainsi été considéré comme des descendantes directes de la Déesse et c'est donc tout naturellement que les autres sorcières les ont laissés régner seule, telles des familles royales, sur notre communauté. Et ce, jusqu'à la Grande Guerre. Jusqu'à ce que les autres sorcières se rendent compte que les familles héritières étaient elles aussi touché par la dégénérescence de leur pouvoir. Rien d'étonnant en soit. A chaque génération, le sang originel de la première héritière de chaque famille se dissout. Et il est même fort probable qu'il s'agisse d'une volonté de notre Créatrice. Mais les êtres vivants ont toujours du mal à accepter que les choses changent et que, selon le principe de réciprocité de toutes choses, on ne peut gagner quelque chose sans en perdre une autre. Aujourd'hui, même si nous autres descendantes des six familles héritières ne sommes plus considérés comme des personnes de sang royale nous ne sommes pas non plus devenus de simple sorcière, le nom de nos ancêtres raisonnant trop de fois dans notre histoire pour ça. Parfois je doute même partager ne serait ce qu'un centième du même sang avec une partie de ces femmes. Il me suffit de regarder ma mère, cette sorcière qui a un contrôle total sur son pouvoir. A côté, j'ai toujours fait pitié avec mes boules d'énergie qui m'explosaient au visage. Et j'ai beau n'avoir jamais cesser de persévérer, je sais que je ne serais jamais comme ma mère.
Ma mère... Depuis là où je suis, je peux voir son visage au loin, au-dessus de l'épaule du Zagrath. Elle essaye de masquer ces émotions tout en continuant de lever le sort de protection qui nous enferme avec la bête. Mais je ne suis pas dupe. Elle a peur, elle est même affolée, car cette fois ci elle ne contrôle rien. Je sais très bien ce qu'elle essaye de me dire par son regard. Je ne compte pas le nombre de fois où elle m'a rappelé la règle n°2 et 5 : ne jamais révéler son identité et ne jamais se mêler des problèmes des autres. Mais je ne peux pas. Je ne veux pas. Parce que je crois qu'au fond me cacher dans l'ombre et fermer les yeux sur ce qui se serait passer me terrifie encore plus que de dévoiler à tout ces gens qui je suis vraiment. Mon regard converge vers la femme à côté d'elle. Miss Amélia est en train de me crier de fuir. Et paradoxalement, la peur qu'elle laisse transparaitre dans sa voix me donne encore plus d'assurance. C'est pareil pour Donovan De Belloy. Lui ne me crie rien, il ne trahit même aucune émotion. Mais il a le regard scotcher sur moi. Comme s'il savait. Comme s'il croyait réellement que je pouvais le faire. « Tu as beaucoup plus de potentiel que tu ne le penses ». Les mots que Donovan De Belloy m'a adressé ce fameux jour me reviennent en mémoire. Je ne me suis jamais considérée comme quelqu'un de fort. Maman ne m'a même jamais dit quoique ce soit qui aurait pu me le faire penser d'ailleurs. Mais De Belloy le croit. Il ne sait même pas qui je suis vraiment mais il croit en mon potentiel. Il croit en moi.
Alors qu'importe si je n'ai quasiment plus de pouvoir, qu'importe si le Zagrath m'attrape et me tue. Ce qui se passera, se sera le destin que la Déesse m'a réservé. Et à ce titre je ne peux que l'embrasser sans aucune honte et sans aucune peur. Car je suis une sorcière. Je suis la dernière héritière de la sixième famille. Mon arrière-arrière-arrière-arrière et encore arrière-grand-mère a fait face à ses créatures et les a renvoyés d'où elles venaient. Elle s'est battue seule contre des centaines de ces bêtes. Je n'en ai qu'une devant moi. Par respect pour elle, je ne peux pas baisser les bras et fuir en me cachant derrière une métamorphe, une louve et une autre sorcière. Non. Je dois me battre et je veux me battre. Alors même que je suis toujours en train de courir, je tends mon bras droit devant moi concentrant le peu d'énergie qu'il me reste dans le bout de mes doigts. Ce ne sera pas suffisant pour l'arrêter, je le sais. Ma seule opportunité, c'est qu'il comprenne qui je suis. Que je suis l'héritière de la sixième famille et que je suis du même sang que Lucille Wildes celle qui l'a enfermé aux enfers. Je suis une de celle que la Déesse à choisi pour la représenter et en tant que telle il me doit obéissance. En tout cas d'après un ancien bouquin poussiéreux de maman.
- Je m'appelle ... commençais-je à crier avant de recommencer du début une fois la créature plus proche de moi encore. Je m'appelle Artémis Rebecca Elisabeth Wilde, héritière de la sixième famille, fille d'Elena Wilde et petite fille de Rebecca Wilde et de par mon rang je t'ordonne de retourner d'où tu viens.
A peine avais je finis ma phrase que le torse de la bête entra en contact avec le bout de mes doigts. La fumée qui composait son corps était à la fois gelée et brulante. Et cela me provoqua un frisson qui me traversa de part et d'autre. Puis plus rien.
- Artémis ! entendis-je une voix crier au loin.
Quand j'ouvris les yeux, la première chose que je réussis à discerner, ce fut un tournesol. Un tournesol jaune vif planté dans le sol brulé qui s'étendait autour de moi. Jaune comme le soleil, comme la chaleur des rayons qui me caressaient la joue. Sous le vent qui soufflait, je pouvais même percevoir du point de vue que j'avais, les fragiles pétales de la fleur ondulées. Les siennes et celles de tous les autres tournesols qui étaient à côté. J'avais toujours détesté la couleur de mes fleurs. Pourtant là, elle m'apaisait. Je ne savais même pas si si le Zagrath était encore là ou s'il était bien parti, mais qu'importe. Je voulais juste dormir maintenant. Un souvenir me revint en mémoire. Moi petite, la première fois que j'avais réussi à modéliser ma magie en forme de fleur. J'avais à peine 5 ans je crois, cependant je me rappelle encore la tête que maman avait eu en voyant le jaune vif qui avait éclos sous mes petits poings. Et pour cause, c'était une des rares fois où j'ai vu ma mère sourire. C'était un sourire triste, certes. Mais elle avait souri. Elle avait étendu la commissure de ses lèvres de part et d'autre de sa bouche et pour moi c'était déjà énorme à cette époque. Qu'aurais-je donné pour repartir là-bas ? Au Japon, dans la petite maison perdue au milieu des montagnes que nous avions habité pendant 4 ans. A cet âge-là je n'avais pas compris encore à quel point le monde entier souhaiter ma mort et celle de ma mère. Alors que je clignais des yeux, je sentis une main se poser sur ma joue et une autre soulever ma tête pour la poser sur des genoux. C'était Casey. Je sentais son pouvoir pulser dans son corps au rythme de sa respiration haletante à côté de moi. Victoria ne tarda pas non plus à se rapprocher avec Jane. Je ne les voyais pas mais je sentais leur pouvoir qui m'encerclaient comme un doux cocon. Et c'est de cette manière-là que je sombrais de nouveau.
- N'essayez même pas d'approcher. Moi vivante aucune de vous ne la touchera !
Voilà, un autre chapitre terminé. Je sais pas trop pourquoi mais je suis assez stressé sur vos retours de ce chapitre. Peut être parce que après que vous ayez lu tout les chapitres passés (et il y en a de la lecture 😅) je ne veux vraiment pas que la fin vous frustre. Enfin bon c'est pas encore la fin il manque deux chapitres quand même mais bon.... En tout cas merci beaucoup d'être arrivé jusqu'à là. Je sais, je vous remercie à chaque fois mais c'est parce que j'ai du mal à me rendre compte de ce qui m'arrive. Vous inquiétez pas je vous en parlerais plus en détail dans le dernier chapitre. A très bientôt 😉
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Surnaturelle, tome 1: SAVOIR
ParanormaleAussi loin que je m'en rappelle, ma mère n'a jamais cessé d'être recherchée par notre communauté, me contraignant ainsi à fuir inlassablement avec elle d'un bout à l'autre de la planète. Car croyez-moi, on ne se débarrasse pas si facilement des sorc...