Partie 2 : Chapitre 15

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Chapitre 15 : Ne pars pas...

D'un coup, Keiji se redressa, sa tête plongée dans ses mains. Il avait les tempes qui tambourinait bien fort, à cause de ce rêve, qu'il souhaitait dors et déjà oublier. Rêve d'un réalisme surprenant, malgré son caractère irrationnel. Au fond de ses tympans, la voix de l'opératrice des aéroports résonnait toujours. Il avait presque cru qu'il s'apprêtait à prendre l'avion. Quoiqu'il avait l'étrange sentiment que cette information était un avertissement, et que ce vol n'était pas pour lui. Non, pas pour lui, mais pour son homme. Cela dit, ce n'était qu'une idée. Et Keiji s'appliqua pendant les cinq prochaines minutes, à effacer cette dernière de ses réflexions. Ma foi, ce ne fut pas d'une simplicité extrême, au contraire.

Après avoir repris ses esprits, Akaashi releva son attention, et entreprit de recouvrir totalement son calme pour entamer cette nouvelle journée du mieux qu'il pût. Hier avait été catastrophique du début à la fin, et ce, même si la nuit avait d'un plaisir sans égal. Il posa un regard perdu sur le lit, mordillant un ongle pour évacuer les tourments de cette rêverie horrible, qui visiblement s'évertuait à se rappeler à lui. Soudainement, sa respiration dérapa.
  A côté de lui, les draps étaient froissés. Et, pire que tout, ils étaient vides. Personne n'y reposait. Personne... Akaashi se leva d'un bond, mais un vertige le saisit. Il eut l'impression de tombé dans un puis sans fond, auquel il ne ressortirait jamais, et dont il appréhendait la chute, aussi redoutable pouvait-elle être. 
  En titubant pour retrouver son équilibre, la lumière de soleil ne lui simplifia pas la tâche. La lumière du soleil ? En effet, la chambre était parfaitement éclairée, et la chaleur qui y régnait, n'était que plus révélatrice sur l'avancée de la journée. Vite, Keiji vérifia l'heure. Ses yeux s'ouvrirent d'effroi, lorsqu'il lut : 13H13 sur le réveil. Une demi-journée...

― Non, non, non, non ! Réalisa Keiji, en enfilant ni une, ni deux, des vêtements.

Il ne devait pas paniquer, se dit-il. En jetant un coup d'œil aux alentours, il constata avec stupeur et désarroi, que toutes les affaires de Bokuto avaient disparues. 

— OK... là... Ça sent le mauvais coup...

En deux temps trois mouvements, Keiji se retrouva dans la cuisine, d'un pas qu'on ne pouvait malheureusement pas qualifier de serein. Bien sûr, il craignait fort que Bokuto soit encore là. Akaashi n'avait tout de même pas perdu sa raison, quoique... mais il espérait réellement se tromper. Ne savait-on jamais ! En approchant, rien ne soulagea sa panique. Pas de son d'un programme télé, pas de motif de chaussette, et encore moins, l'odeur de café. 

― C'est pas possible ! Il m'a pas fait ça... commença-t-il à angoisser véritablement.

 Mais en pénétrant dans l'espace de vie, son inquiétude grandit de plus belle. Si avant, elle n'était qu'une graine, à présent cette graine avait germé. Et malheureusement pour lui, celle-ci ne semblait pas en proie à stopper sa croissance. Anxieux, Keiji approcha à contre cœur du bar de la cuisine. Il s'avançait vers la source de sa détresse : un bout de papier, noirci par de l'encre. C'était un mot. Un mot comme tout le monde pourrait en découvrir, du style : "Maman, je suis chez Emi." ou bien "Chéri, pour ce soir, tu peux réchauffer ce que je t'ai préparé. C'est dans le frigo, à ce soir, je rentre tard." Seulement, dans ce contexte, Akaashi redoutait terriblement de lire ce que celui-ci avait à lui transmettre.

Avant, un sourire se serait probablement dessiné sur son visage, tout comme ses doigts auraient empoigné le papier sans trembler. Avant... Oui, c'était une belle époque où les disputes ne rimaient pas avec rupture. C'était un temps auquel Keiji, lorsqu'il rentrait de sa journée, avait le plaisir de s'effondrer dans les bras de son homme et recharger ses batteries. Certaines fois, il trouvait un petit bout de papier, comme celui qu'il tenait désormais entre ses doigts, expliquant l'absence de son homme à l'appartement. Cette glorieuse époque lui semblait tellement loin que son coeur se serra.

Noce d'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant