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- Est-ce que cette chambre vous conviendra-t-elle, miss ?

De nombreux bagages, tous enfermés dans des valises et des cartons décorés, furent posés au sol. Une femme tourna sur elle même en inspectant la pièce du regard. Il y avait une chambre communiquant avec un salon, séparé par un mur rétractable, avec un magnifique piano à queue. Un grand miroir était accroché au dessus de la cheminée, éteinte, et augmentait la profondeur de la pièce. Aux côtés du foyer se trouvait deux canapés face à face. Le sol était moquetté, et les pièces étaient illuminées par de grandes baies vitrés.

La femme ouvrit les portes menant sur un petit balcon avec vue sur la mer. Elle sourit à pleine dents, et profita de l'air frais et rafraîchissant que lui offrait la mer. Il lui tardait d'aller à la rencontre de cette eau qu'elle n'avait jamais vu en vrai. Toute sa vie, elle avait entendu son père parler des mers et océans, leurs puissances envoûtantes et leurs mystères... Et puis, elle aurait bien besoin de cette fraîcheur après plusieurs jours de voyage.

- Oui, ce sera parfait ! Répondit-elle enfin en quittant le balcon et laissant les portes ouvertes.

Mais sa mère, Mrs Salomea Davins entra au bras de son époux : elle se sentait pâle du voyage et exigea à ce que l'on ferme le balcon.

- Mais mère, l'air de la mer n'est-il pas bénéfique pour la santé ? rétorqua sa fille aînée, Natt.

A son habitude, Mrs Davins ne répondit pas et se contenta de faire un tour de la pièce avec son air hautain. Son époux, Mr Davins touchait de ses doigt ganté le cadre de l'ancienne cheminée. Avec soulagement, il n'y avait pas de poussière, et l'état de leur pièce de séjour était «satisfaisante», pour ne pas dire parfaitement propre.

Natt Davins en fut ravie, voulant à tout prit garder cette suite pour le piano. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pratiquer de cet instrument, et ce séjour en serait l'occasion parfaite. Elle espérait seulement avoir des souvenirs de ses leçons.

Puis, la fille cadette de la famille Davins, Lizbeth, arriva à son tour dans la suite. Elle avait hérité des grands airs de famille, ainsi que de la chevelure claire de son père. Elle posa son petit sac sur le canapé et ouvrit les portes partiellement vitrées du balcon.

La vue donnait sur la plage, et la mer était tirée au loin. Le temps un peu brumeux rendait ce paysage digne d'un tableau. Comme ceux de la dernière exposition de Londres, où ils s'étaient rendu. Cette vue plaisait encore plus à Natt. Elle avait toujours aimé les temps sombres et inquiétants, où l'on sentait la pluie arriver. C'était un temps très inspirant.

- Natt, aide-moi, veux-tu ?

La prénommée acquiesça et attrapa un bagage en chassant une mèche qui était tombée devant son visage, après s'être échappée de sa sombre chevelure.

La porte entrouverte laissait passer le dernier personnel de l'hôtel, qui avait enfin fini de débarrasser la voiture. Il s'éclipsa en laissant la porte entre-ouverte. Par cette ouverture, une tête méconnue se manifesta. C'était une femme avec les cheveux un peu en bataille, et des habits  de classe bourgeoise. Elle semblait un peu perdue, et des cernes se marquaient fortement sous ses yeux.

- Puis-je vous aider ? La demoiselle à la porte ne répondit pas, mais leur regard s'accrocha. La jeune vacancière avait la bouche ouverte mais aucun son ne sortit, ses yeux bleu/gris lui avait arraché toutes pensées. Miss ? Demanda tout de même Natt.

Quand elle s'approcha de la personne, l'inconnue ferma violemment la porte et partit en courant. Intriguée, Natt se hâta hors de l'appartement, mais le couloir de l'hôtel balnéaire était déjà vide. L'aînée des Davins fronça alors les sourcils et décida de ne pas s'en préoccuper. Pourtant, son cœur loupa un battement. Son regard l'avait perturbé. Des yeux bleus, si limpide, presque comme mer par beau temps. Et ils semblaient si troublés...

Lettre à Louise - histoire originaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant