Chapitre 6 : Routine

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Chapitre 6 : Routine

        J'ai l'impression de faire un retour en arrière, alors que je croyais avoir fais un énorme bon en avant et m'avoir construit une vie normale, je me rends compte qu'en réalité je me suis crée une routine. Cela fait quinze jours que je me lève, je travaille, je rentre au motel, je révise pour mon concours qui se rapproche de plus en plus, je mange, je dors et ensuite je recommence. Le dimanche et le lundi, je révise toute la journée et je me sens condamné à faire toutes ces choses dans le même ordre pendant encore au moins un mois et demi. Mais quand on y pense, ce n'est rien, pendant plusieurs années j'ai fait exactement la même chose tous les jours, dans le même ordre sans en avoir ni envie, ni mépris. La différence cette fois, c'est que je désir vraiment être quelqu'un de normal, si possible quelqu'un de bien.

        Et encore aujourd'hui, mercredi, je recommence. Il est 7h00, je me lève, me prépare pour aller travailler. À 7h53 précises, je rentre dans le bar et m'apprête à prendre mon service. Nous finissons les derniers préparatifs pour ouvrir le bar aux clients à 8h, pendant que nous installons les tables et les chaises, je questionne le patron :

- Je comprends pas comment on peut avoir des client à 8h00 du mat' ?

- Il y en a toujours qui ont besoins d'une bonne bière pour commencer la journée ou d'un café pour les plus raisonnables.

- Vous avez dû...

- Je t'ai déjà dis, c'est « tu ».

- Oui pardon. Tu as dû en entendre des histoires en tous genres derrière ton bar ?

- Ah, ça oui, dit-il d'un ton pesant, ça fait 18 ans que je suis barman. Et tu n'imagines même pas le nombre de cas que j'ai vu.

- Quels genres de personne ?

- Des gens banal, des maris qui repoussent le moment de rentrer chez eux près de leur femme, des bandes d'amis, de collègue, il a un soudain regain d'énergie dans sa voix. Tiens, j'y pensent souvent il y a un groupe de collègues qui viennent boire un verre après leur service, ils boivent, discutent, rigolent et repartent, jusqu'ici c'est banal. Le truc c'est qu'ils sont armées jusqu'aux dents. Rien que la fille, j'ai remarqué, qu'elle avait un flingue à la taille, un couteau ou quelque chose du genre à la cheville gauche et je suis presque sûr qu'elle a une autre arme dans le dos.

- Tu dis qu'ils viennent souvent mais je ne les ai jamais vu.

- La dernière fois que je les ai vu c'était la semaine, tu venais de finir ta journée quand ils sont arrivés.

        Nous finissons les derniers préparatifs pour entamer notre journée de travail et mon patron va ouvrir la porte et quelques clients se faufilent déjà à l'intérieur. Et encore une journée de routine. Il est 18 heures, mon service est fini lorsque un client arrive au comptoir et me demande un café noir avec du sucre. Je me retourne et reconnais l'homme :

- Jake ! Mais qu'est ce tu fais là ?

- Je me suis dis que j'irais bien faire une petite escale dans le Queens après avoir bouclé mon affaire, c'est vrai pourquoi toujours rester à Manhattan ?!

- Raconte c'était quoi comme affaire ?

- Elle est pas encore bouclée mais on avance bien, on a plusieurs pistes qui vont bientôt être confirmées. Le vrai meurtrier du procureur Saint-James va payer pour avoir commandité son assassinat, il fallait que je te le dise en personne.

- Je t'en remercie, mais tu pourrais éviter de dire son nom, je préfère le déshumanisé et l'appeler la cible 164.

- Monsieur aurait-il des remords ?

164 [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant