Habillée d'une robe dégoulinante de pierres précieuses, la jeune princesse Ilaria attendait son escorte dans le hall du palais. Dans un coin de la pièce, le majordome regarda sa montre avec nervosité. À seulement 13 ans, elle était l'héritière du royaume de Ralisak. Le roi, Frank, était un homme de poigne qui menait sa vie personnelle comme son royaume. Mais depuis des décennies, l'île était séparée en deux. La ville la plus prospère, Varos, clamait son indépendance en tant que principale richesse de l'île. Les rois précédents l'avait laissé faire, mais cette attitude déplaisait à Frank qui voulait faire cesser tout cela. C'est pourquoi en ce matin, il envoyait sa fille étudier les moeurs et la politique de la ville rebelle. En bonne fille docile, Ilaria avait accepté sa mission avec beaucoup d'innocence. Elle avait beau ne pas comprendre les intentions de son père, elle voulait avant tout le rendre fier.
Ils entendirent des voix et les hennissements des chevaux. Ilaria se leva. Elle était droite et très sérieuse. Pour son âge, elle était très fière et responsable. Elle n'avait jamais connu sa mère et son père l'avait élevée avec une main de fer. Le majordome lui donna son bras et la large porte s'ouvrit.
- Bon voyage, princesse. Soyez prudente.
- Vous ne devez pas vous inquiéter, dit-elle de sa voix aux accents encore enfantins. Lovak va venir avec moi.
Le majordome inclina la tête. Lovak était le chevalier le plus fort et le plus estimé du château. Bien sûr, du point de vue d'une enfant, rien de mal ne pouvait se passer. Quand la calèche s'éloigna, il soupira. Cet être si mature et sérieux était-il vraiment encore un enfant ?
En s'éloignant, Ilaria regarda par la fenêtre avec curiosité. Malgré ses airs de grandes dames, elle était encore profondément immature et naïve. Lovak le savait et la regardait avec antipathie. Il n'était pas dupe, lui. Il savait qu'elle n'était pas faîte pour une mission d'aussi grande envergure.
- J'espère que vous êtes consciente de l'importance de votre devoir, mademoiselle.
Elle le regarda de ses grands yeux naïfs.
- Bien sûr que je le sais. Père m'a tout expliqué.
Elle s'assit bien droite et ferma ses poings menus sur sa robe. Elle faisait de son mieux pour garder un air de noblesse mais Lovak savait qu'elle mourrait de nervosité. Il soupira et regarda à l'extérieur. Il était jeune et impulsif. Il n'avait pas besoin d'une enfant pour accomplir son devoir. Mais elle était l'héritière et sa présence représentait beaucoup pour la ville et le royaume.
Ils arrivèrent à Varos en quelques heures. Les gens leur envoyaient la mains sur la route menant à la maison du maire, un vieil homme jovial adoré du peuple de Varos. Ilaria les regarda avec intérêt pendant que Lovak pinça les lèvres de dédain et ferma les rideaux d'un geste brusque.
- Impossible de respecter la royauté, jura-t-il en faisant tourner son épée dans sa main.
- C'est normal, Lovak. Ils n'ont qu'un maire, qu'ils choisissent, qui plus est.
Lovak grommela. Elle était trop intelligente pour être efficace. Les portes de la calèche s'ouvrirent et ils virent le maire, Drevo. C'était un petit bonhomme rond aux joues roses. Il sourirait et ouvrait les bras pour les accueillir. En sortant, Ilaria écarquilla les yeux. Elle était émerveillée et méfiante à la fois. Elle fit une révérence aux doyens présents et suivit Drevo qui lui montra ses appartements.
C'était petit, mais luxueux. L'atmosphère était chaleureuse. Ilaria ne s'était jamais sentie aussi bien dans une maison. Elle instaura immédiatement une stricte routine. Le matin, elle étudiait. L'après-midi, elle allait se promener en ville, accompagnée de Drevo ou d'un autre doyen. Chaque mardi soir, ils se rencontraient tous pour boire, manger, jouer à des jeux, chanter et débattre des différents problèmes de Varos. Lovak n'était pas autorisé à assisté à ces rencontres. Ils adoraient Ilaria qu'ils traitèrent comme leur propre fille. Elle se rapprocha surtout de Drevo. N'ayant pas d'enfants, il lui portait beaucoup d'affection. Il lui expliquait le fonctionnement de Varos avec des mots simples et compréhensibles pour une enfant. Il répondait à chacune de ses questions avec beaucoup de patience. Il était comme un vrai parent.
Elle resta plusieurs années à Varos, 5 pour être précis. Elle appréciait de plus en plus les gens et la ville. Elle comprenait leur volonté de devenir indépendants, ou du moins échapper aux lois de son père, qui ne convoitait que la richesse de la cité.
- Tu sais, je n'aurais rien contre réunifier le royaume si c'était quelqu'un comme toi qui régnait, dit Drevo, un jour qu'il se promenait avec la jeune fille dans le port.
Elle avait 18 ans, désormais. Ce qu'elle avait grandie ! C'était maintenant une jeune femme aux yeux gris perçants et aux cheveux de jais. Elle n'était plus aussi sérieuse que le jour de son arrivée. Elle riait et comprenait le monde beaucoup mieux. Elle sentait le poids de ses responsabilités en tant que future souveraine. Elle baissa les yeux.
- Tu penses que je serais une bonne reine ?
- Je le sais. Tu nous comprends. Tu comprends le peuple. Des choses que ton père n'a jamais daigné faire.
Il sourit et caressa sa tête.
- Tu ne sais pas à quel point les gens t'aiment, ici.
Lovak finit par être renvoyé au château définitivement. Il venait quelques fois donner des nouvelles de son père, sa favorite et leurs enfants. Sa mère ayant été la première épouse, elle ne l'avait jamais connue, celle-ci étant morte peu après sa naissance. Les années passèrent. Elle se demandait parfois si son père n'avait pas parfois oublié son héritière, mais Lovak lui assurait que non. Il n'avait juste pas besoin d'elle pour le moment. Cette situation persista jusqu'à son 18eme anniversaire, et ça lui convenait parfaitement.
Ce jour-là, tout changea.
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De l'orgueil et des sentiments (Law x OC)
Hayran KurguRien, non rien n'aurait pu la séparer de son peuple et de son devoir de princesse. Elle aurait dû les défendre seule, au péril de sa vie. Mais la vie est cruelle. Et il faut accepter la main qui se tend, soit-elle à un pirate détestant la royauté pl...