you and me | benjamin pavard

chapitre 6

9 juin 2018, Lyon ;Groupama Stadium

Une autre semaine venait de passée, elle a défilé à la fois si vite avec le recul mais si lentement sur le moment. Je me suis encore plus intégrée avec les garçons.

Entre parties de baby-foot, leurs entraînements, les soirées FIFA et les blagues d'Antoine, les sous-entendus de Lucas, la musique de Presnel, la gentillesse de la plupart des joueurs. Et il y a Pavard.

Ni blanc, ni noir. Je le surprends entrain de me regarder et inversement. Je ne peux m'en empêcher, c'est plus fort que moi. Mais par dessus tout , il y a quelque chose qui me perturbe. En effet le garçon aux bouclettes semble maudire ma présence d'une certaine manière , mais à d'autres moments il semble hésiter à venir me parler . Peut-être que je deviens vraiment folle .

Nous voilà dans les vestiaires du stade lyonnais pour le dernier match de préparation des Bleus . Demain c'est le grand départ pour la Russie . Je suis tellement heureuse .Et dire qu'après cela je ne verrai plus le sol français pendant j'espère le plus longtemps possible. Ce sera incroyable , j'en suis certaine .

Le match ne va pas tarder à débuter et les supporters sont encore plus chauds qu'avant . Ils donnent tous ce qu'ils ont pour fêter le futur départ des joueurs . Je filme ce moment de cohésion entre public et l'équipe . Je suis presque fière de ce que je viens de capturer !

Les joueurs titularisés sont à présent entrés sur le pelouse .Le capitaine américain et Hugo se serre la main et l'arbitre lance la pièce . Ding . Puis c'est le moment des hymnes , on se lève tous pour entamer la Marseillaise ,main sur la poitrine .

Lucas n'étant pas titularisé , est assis à côté de moi . On échange quelques brefs mots mais celui ne semble pas décidé à rester ici . Il ne tient pas en place . Qu'est-ce qu'il cache encore ?

- T'es sur que ça va toi ? lui demandai-je .

-M'en veut pas , répond-t-il simplement avec un air mystérieux .

-Qu'est-ce tu racontes !? T'es malade ?

- Non , non , je m'apprête à régler une situation très importante , bouge pas !!

Sans même que j'ai le temps de comprendre et de réagir , il se lève des sièges et va juste s'asseoir quelques rangs derrière ,un ricanement au coin de la bouche . Je ne suis pas sûre de saisir là , je me remets à l'endroit sur mon siège . Ça m'énerv-

Non.

Non ne me dites pas que c'est ça que Lucas voulait dire.

À peine suis-je installée correctement que je vois Pavard se poser tranquillement à côté de moi. Ma respiration se coupe sans que je puisse y faire grand chose. Ma gorge se serre, nos bras sont si proches. Je décale le mien au plus près de moi. Calme toi.

J'essaye d'appeler Lucas avec mes yeux mais celui ci semble totalement m'ignorer pour de faux bien évidemment, avec son air satisfait de lui. Hernandez Tout craché.

Je suis censée faire quoi maintenant, hein. Le match, oui, très bien. Les français sont mis en difficulté à différentes reprises,mais ils se battent bien. Ils font leur possible pour faire reculer les américains mais ces derniers réussissent à trouver le chemin du but pour marquer. Mince. Le stade lyonnais frissonne. 1-0.

Soudainement je me rappelle la présence d'un certain individu à ma gauche. Je m'enfonce dans mon siège, deux fois plus désespèrée par la situation.

-Je.. Apparemment il faut que je te présente des excuses, commence-t-il timidement.

Maintenant je n'ai même plus besoin d'un but adverse pour trembler, je le fais toute seule. À l'entente de sa voix, si près de moi.. '' Marie t'es censé le détester ''

-Hum c'est cool mais te force pas, répondis-je.

-J'avais pas prévu que ça puisse saouler des joueurs que je vienne filmer.

-Oui mais non, j'ai mal réagi c'est.. de, hésite-t-il.

-Écoute t'es... pas obligé, t'es le seul que j'ai entendu et voilà je l'ai mal pris mais c'est pas grave, je ne veux.. pas que tout le monde m'apprécie, lui dis-je.

-Non mais... c'est pas ça je.., il soupire ne sachant plus quoi dire.

C'est tout. C'est fini. J'avais l'impression de lui avoir mal parlé, alors que ce n'était pas mon attention. A ma grande surprise je ne l'avais pas trouvé si méchant que ça. Plutôt timide. Ça le rendait migno-.

MI TEMPS, l'arbitre vient de siffler. Mes pensées sauvées par le gong.

Les joueurs s'assoient de fatigue dans les vestiaires, ils ont eux beaucoup d'autres occasions mais le gardien américain en avait décidé autrement. Didier Deschamps les rassure et leur donne un coup de boost. La confiance d'un sélectionneur pour ses joueurs est très importante.

Le bruit des crampons des joueurs qui tournent en rond et se préparent résonne dans la salle. Je reste silencieuse moi aussi et je repense à la discussion avec le bouclé. J'aimerais bien en parler avec Lucas ou un des garçons, mais ce n'est pas du tout le bon moment.

Je retourne m'asseoir à ma place pour assister à la seconde partie du match en espérant que ça se passe mieux que la première. Je n'ai personne à côté de moi pour l'instant, mais après 5 minutes, mon ami Lucas se pose sur le siège d'à côté. Il vient d'aller parler au coach. Peut être qu'il va rentrer sur le terrain !

Il ne dit rien mais affiche toujours son sourire fier. Rahh je vais le lui arracher. Il sait très bien que je le vois ! Ça m'énerve, c'est lui qui m'a mis dans cette situation. J'en étais sûre. Pff.

Je fais mine de bouder. Il a gagné.

Le match reprend de la plus belle, les français se sont un peu plus réveillés et tentent plus de choses. Je sens qu'on peut le faire. Je suis plus que concentrée. Et guette n'importe quelle occasion qui pourrait nous mener aux filets.

Mais d'un autre côté, il faut faire attention à ne pas se blesser avant le départ de demain. Olivier doit porter un bandeau sur la tête suite à une légère blessure. J'espère que ça ira pour lui.

-Toi...-

J'allais dire quelque-chose à l'espagnol mais le ballon de Mbappé trouve enfin le filet adversaire au bout de 78 minutes. Tout le stade saute et applaudit même si cela fait match nul. J'applaudis aussi très fort et mon voisin fait de même.

Fin du match. Ce fut compliqué mais c'était très certainement un bon échauffement pour les Bleus, avant cette coupe du monde. Ils se sont bien combattus.
À présent les français font un tour de terrain afin de saluer les supporters comme pour leur dire au revoir. Bien sûr ces derniers applaudissent encore plus forts. Il y'a une très grande ovation, et je décide de filmer rapidement ça.

De retour dans le bus, je m'assois seule, pour une fois, pour réfléchir à tout ce qui m'est arrivé depuis mon arrivée ici. Et puis de toute façon je fais la tête à Lucas, alors pas question.

Je les laisse profiter peut être d'un dernier moment de relâchement avant que la compétition débute.