13h00 : Au détour d'un espace-temps

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— James ! James !

Enora blanche comme la neige qui se cognait sur son visage et recouvrait à présent totalement ses vêtements, ne savait pas quoi faire. Le corps de James était là à ses pieds, inconscient et du sang sortaient en un flot incontrôlable de sa plaie.

— Qu'est-ce que je dois faire ? Qu'est-ce que je dois faire ? J'aurais pas dû traverser... Encore une idée stupide, d'une fille stupide !

La jeune femme ramena son regard sur la porte. Elle prit soin de reposer la tête de James sur le sol en moquette rouge et la poussa.

Rien. Juste une sorte de cabine comme on en verrait dans les vieux trains. Pas de couloir blanc, pas de démons rouge ou de Time à sa poursuite,... pas de moyen de trouver de l'aide. Enora s'en doutait, James l'avait prévenu : si elle traversait la porte, ils n'avaient plus aucun moyen de les trouver du moins pas immédiatement. De la même manière, elle n'avait aucun moyen de les retrouver.

— Stupide... juste stupide... Je mérite mon jugement finalement.

Elle, qui s'était battue pour prouver son innocence, avait finalement commis un meurtre. Certes, elle n'était pas à l'origine de la blessure de James, mais elle était coupable de sa mort.

Le jeune homme ne bougeait plus. Enora ne voulait pas s'approcher. Elle avait peur de voir la vérité en face, d'entendre l'absence de battements de cœur, de sentir la disparition de son pou, l'absence du souffle roque qui, jusque-là, quittait difficilement les lèvres gercées du Time.

Sa main fermant la porte et son dos glissant contre la surface pour laisser choir son corps à même le sol, Enora se prit la tête dans les bras et se tut, incapable de faire le moindre geste, de dire le moindre mot, de sentir le moindre sentiment sans que tout n'explose, ne jaillisse de son corps sans contrôle.

Alors qu'elle attendait là, immobile, les yeux grands ouverts sur le corps de son compagnon espérant, tel saint Thomas, se convaincre par la preuve de ses yeux, elle vit sur le côté une tache rouge bouger.

Croyant d'abord à un insecte, elle laissa tomber sa main dessus. Elle la retourna et vit un liquide parsemer sa paume et regarda d'un air dégoûté, le nouveau crime qu'elle venait de commettre.

— Bientôt tueuse en série, Enora... souffla-t-elle de dépit.

Le sarcasme avait la peau dure. Même dans cette situation sans espoir et au potentiel dramatique digne de la fin du Titanic, son humour de mauvais goût parvenait à trouver son chemin.

Pourtant, cette fois-ci, sa remarque mourut avant de se terminer. Enora rapprocha sa main. Pas de corps d'insecte proche de la bouillie, mais juste une tâche rouge similaire à du sang. Une tache rouge qui bougeait.

D'abord paniquée, à l'idée d'avoir peut-être découvert une forme de vie extraterrestre qui n'allait pas tarder à la tuer, Enora ramena son regard sur le corps de James.

Le jeune homme était le plus proche de la définition d'alien : il était étrange, faisait des choses étranges, vivaient dans un endroit étrange, avec des gens étranges. Oui, James était ce qui se rapprochait le plus d'un Alien.

Ces deux événements étaient donc forcément liés !

Comme lui donnant raison, le sang se mit à flotter et quitta le berceau de la paume d'Enora, qui n'osait plus bouger. Elle suivit des yeux le liquide rouge virevolter pour se diriger vers le trou béant du costume de James.

Immédiatement, son corps, comme supportant une décharge électrique, Enora se jeta à côté de James et arracha sa chemise. La blessure jusque-là béante n'était plus qu'une blessure, certes inquiétante, mais loin d'être mortelle.

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