Sophie se débattait avec la ceinture de satin de sa robe émeraude. Je soupirai et allai l'aider.
Après ça, je lui demandai de m'aider à fermer ma robe.
Elle était vert sapin, longue et m'arrivait aux chevilles derrière et en dessous du genou devant. Un corsage vert émeraude enserrait mon ventre et se fermait devant par des rubans de la même teinte que la robe.
Je me voyais mal aller dans un cimetière dans cette couleur mais Edaline m'avait fait un rapide cours sur la tradition des elfes sur la mort. On voulait qu'on porte du vert, la couleur de la vie.
Grady toqua à la porte et passa la tête par l'embrasure.
-Vous êtes ravissantes.
Je souris.
-Toi aussi, tu es très chic, déclara Sophie.
-Merci, pourtant je déteste ces vêtements.
Il entra en tirant sur sa cape de velours vert.
-Quel est l'imbécile qui a décrété le port de la cape obligatoire ?
Je ricanai tout bas et enfilai la mienne. Je n'étais pas tellement dérangée par cela mais ma sœur en avait horreur et à force de ressentir ses émotions j'avais commencé à les détester aussi. Et peut-être un petit peu parce que je n'arrêtais pas de tomber quand j'en portais une plus longue que celle de Foxfire.
La cape constituait la marque de la noblesse, et même si les Ruewen se tenaient à l'écart de cette vie, jamais le conseil n'accepterait que mon père adoptif abandonne son titre. Son talent d'Hypnotiseur était bien trop rare et précieux.
Grady attrapa la cape laissé sur son lit par Sophie et la lui mit en agrafant une broche que lui-même arborait. L'emblème des Ruewen. Notre uniforme portait le même blason, signe que nous appartenions entièrement à la famille de Grady et Edaline. Mais le fait qu'il l'offre à Sophie et moi en ce jour, serra le cœur de ma chère sœur. Il se tourna vers moi et fit de même puis il s'éclaircit la voix.
-Etes-vous certaines de vouloir...
-Oui, bien sûr, acquiesça ma jumelle.
-Seize ans que vous vous y rendez seuls, il est hors de question de vous laisser y aller seuls une fois de pl...
Je fis une pose et demandais :
-Vous ne voulez pas que l'on vienne ?
-Nous sommes heureux que vous soyez là mais... Je crains que vous ne vous rendiez pas compte à quel point cette épreuve est difficile.
Je baissai la tête en pinçant les lèvres. Evidemment... Il ne connait pas mon passé à l'école et Sophie n'a jamais connu ça... C'est vrai que je ne vous l'ai pas raconté... Cette histoire... Peut-être un autre jour, d'accord ? Aujourd'hui nous devons nous concentrer sur mes parents adoptifs.
Sophie attrapa la main de Grady.
-Je sais. Mais on forme une famille, non ?
-Absolument.
Il la serra dans ses bras et tendit un bras vers moi. Je m'avançai et les enlaçai tous deux.
-Je vous aime, murmura-t-il.
-Je t'aime aussi, disait-on à l'unisson.
-Nous ferions mieux d'y aller. Sandor ne nous accompagnera pas aujourd'hui. Seuls les elfes sont autorisés dans la zone des Errants. Et j'ai accepté de garder ceci avec moi, au cas où je me trouverais dans l'incapacité d'hypnotiser l'adversaire.
Il sortit une petite arme argentée. Sophie se tendit et je sentis mon sang se figer.
-Un atomiseur ? demanda-t-elle. Où l'as-tu trouvé ?
L'objet, formé d'une poignée lisse et incurvée reliée à un triangle d'argent équipé d'un unique bouton en son centre, tenait dans la paume. On ne pouvait pas imaginer le mal qu'il pouvait provoquer. Jamais je n'oublierai la chute de Dex après s'être pris un tir de cet engin. Il n'avait pas sa place dans la main de mon tuteur. Il rangea l'objet dans sa poche.
-Où est Edaline ? demandais-je pour changer de sujet.
Le visage de Grady se ferma et s'assombrit.
-Oh... Je vais la chercher, proposa Sophie.
Elle partit vers le premier étage et je pris la main de mon père adoptif pour nous rendre à l'étage du luminateur. Mes bottes cavalières vert feuille avaient des talons avec lesquels j'avais quelque peu de mal à marcher à l'instar de ma sœur. Nous restâmes figer dans le silence quelques secondes avant que Grady ne déclare :
-Ta sœur lui ressemble beaucoup, tu sais ?
-Je sais, on a vu une photo d'elle il y a quelques temps. Elle te manque ?
-Tous les jours... Mais je suis heureux de vous avoir. Malgré ton caractère de cochon et la tendance de Sophie à se blesser à la moindre action.
-J'essaye de faire des efforts mais c'est compliqué de se changer.
Il s'accroupit devant moi et posa ses mains sur mes épaules.
-Samantha, regarde-moi.
Je baissai la tête vers lui.
-Jamais je ne te demanderai de changer pour plaire aux autres. Jamais ! Tu es parfaite comme tu es et j'espère que tu ne changeras jamais. Le mieux est l'ennemi du bien ne l'oublie jamais. Ne te pousse pas trop à bout, d'accord ?
Il se leva et je hochai la tête. Il me prit dans ses bras et soupira. Une ou deux minutes plus tard, nous entendîmes Sophie et Edaline monter les marches. Arriver à la dernière, Sophie trébucha mais Grady la rattrapa avant qu'elle ne s'étale de tout son long sur le sol.
-On apprend encore à marcher ? la taquine-t-il en le redressant.
Il tendit un sac à Edaline et une fois que Sophie fut de retour sur ces deux pieds, nous montâmes sur la plate-forme de la coupole et Sophie demanda :
-Où va-t-on ?
-Au bois des Errants, murmura Grady.
Aussitôt le luminateur se déforma jusqu'à abaisser un des cristaux pour le présenter à la lumière du soleil. Pas un seul de nos parents ne fit un pas en avant vers le rayon lumineux. Je les imaginai chaque année rester paralysés par la tristesse. Mais cette fois nous allions les aider. Lentement, je pris les mains de mes tuteurs et avec l'aide de Sophie, nous entrâmes dans la lumière.
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Gardien des cités perdues : Confiance
FanfictionLe tome deux de gardien des citées perdues : Jumelles. Cette fois, Samantha va se rendre compte que quelque chose ne va pas chez elle. Comme chez sa soeur depuis que Fitz peux communiquer avec elle sans son accord ! Comme d'habitude, elle ne restero...