Échec et Mat

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Liam

Qu'est-ce qu'on se fait chier, putain !

C'est pas possible, on est ici depuis une heure seulement et j'ai déjà envie de me tirer une balle. T'as qu'à penser à tes cadeaux de Noël, mec ! On est le douze décembre, t'es à la bourre.

Ouais, en fait non. C'est encore plus chiant.

Je vous jure, si mes élèves ressentent un ennui pareil quand je leur fais cours, franchement, il faudra que je songe à une reconversion.

Banquier ? Fleuriste ? Agent de sécurité ? Youtubeur ?

J'hésite.

- Arrête, Gab, t'es relou.

Je me retiens de lever les yeux au ciel. On n'y croit pas une seule seconde à tes protestations, Camille.

La preuve, elle sourit, et ses joues sont rouges de plaisir. Je ne mentionne même pas ses gloussements de fausse sainte-nitouche.

Las, je la regarde tenter de se défaire des bras de mon ami, en vain. Il faut dire qu'elle ne semble pas hyper motivée.

Soudain, ses yeux s'écarquillent et elle pousse un hoquet de surprise. Je détourne le regard vers Gabriel dont le rictus ravi, digne d'un prédateur qui vient d'acculer sa proie, m'indique qu'il ne doit pas se passer des choses très catholiques sous cette table.

Mon regard dévie vers le bas. Aucune main en vue. Bah, tiens, pas la peine de se demander ce qu'il se passe là-dessous.

- C'est pas suffisant que tu passes ton temps à lui lécher la bouche depuis qu'on est ici, faut en plus que tu la tripotes quasiment sous nos yeux ?

Camille vire à l'écarlate avant de s'éloigner de mon pote comme si on venait de la brûler. J'ai vu juste, il faut croire. Il était bien en train de la doigter sous notre nez.

- Espèce de crevard.

Tout Gabriel, ça. Quand on contrarie monsieur, ça tourne à l'insulte. Je dois toutefois lui reconnaître un vocabulaire étendu dans ce domaine. Dans les autres aussi, d'ailleurs.

Je lui souris exagérément en réponse, sachant pertinemment qu'il faut que j'évite d'envenimer la conversation.

Le jeune homme est quelqu'un qu'on peut qualifier d'excessivement susceptible, et depuis que blondie fait partie de sa vie, c'est encore pire. Bien pire. C'est simple, dès que j'ouvre la bouche, il fait la gueule.

En réalité, je crois qu'il m'en veut toujours d'avoir accaparé la charmante pâtissière lors de la fête de Fabien en octobre dernier. Comme si j'avais eu la moindre intention de la lui piquer ! Non seulement je suis un pote loyale, mais je n'avais pas la moindre chance vu comme elle le dévorait des yeux. Franchement, je ne sais pas s'il se rend compte de la chance qu'il a qu'une nana aussi belle, drôle, et intelligente lui soit tombée dans les bras.

- Quoi, t'as vraiment envie que je me tape une érection sur toi et ta gonzesse en plein préliminaires ?

Je pince les lèvres. Encore une fois, je n'ai pas su tenir ma langue. C'est un défaut, un gros défaut, qui m'a souvent valu quelques, euh, désagréments.

Blondie, gênée, cache son visage avec ses mains et Gabriel fulmine. Explosion dans 5,4,3,2,1.

- Fous-nous la paix, bordel ! Va te branler sur un bon porno, mais ne t'avise pas une seule seconde de mater Camille, tu entends ?

Et voilà. Just in time, comme on dit.

J'ai envie de rire, et plus encore quand ladite jeune femme lui donne un violent coup sur l'épaule en le traitant de macho fini, arguant qu'elle peut se défendre seule contre les rigolos vulgaires dans mon genre.

Play, Sex ... or Love ? [publié chez Butterfly édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant