18 | Tentations

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HAYDEN

J- 52

22h25

Villa Spinam, île inconnue, Mer Ligure

    

Je vais finir par craquer. Je repose brutalement le plan du musée sur la petite table qui meuble ma chambre, relève mes lunettes rondes pour frotter mes yeux rougis par la fatigue et passe une main dans mes cheveux en bataille. Mon téléphone n'arrête pas de vibrer ce qui veut dire que je dois sûrement avoir des dizaines d'appels manqués de mon père ou de ma très chère fiancée qui me demande où j'ai subitement disparu. Je souffle, exaspéré, et ferme les yeux contre le fauteuil en velours bleu dans lequel je me suis installé.

J'ai envie d'un verre et j'ai besoin d'une discussion avec une brune insaisissable. Alors, je me relève en prenant soin d'étirer mes jambes, de déboutonner ma veste de costume et de remonter mes lunettes de lecture sur mon nez. J'attrape la poignée de ma porte que je tourne sans bruit et m'engage dans le couloir de l'étage, dont le parquet ancien craque sous mes pas. Je passe devant la chambre des petits nouveaux puis devant celle de Julia et atteint enfin le palier avec le double escalier qui descend dans le hall de la villa. Je continue ma course, passe devant le bureau de Rosalia, devant la chambre que partage Cecilia et Alexander et attend enfin ma destination, cachée tout au fond du couloir.

Je toque à la porte sans hésiter. Aucune réponse.

Je jette un coup d'œil à ma montre et frappe à nouveau : impossible qu'elle dorme à cette heure. Laissé à nouveau sans réponse, je décide de pousser la porte et pénètre la pièce plongée dans la pénombre du coucher de soleil. Je la cherche du regard mais ne la trouve nulle part dans la grande chambre. La salle de bain semble vide puisqu'aucun rayon de lumière ne filtre sous la porte. Je refuse de croire qu'elle n'est pas là, qu'elle ne sait pas que je vais venir et qu'elle n'a pas décidé d'attendre sagement ma venue. 

Elle me connaît trop bien pour savoir que je ne peux pas résister à son charme, que je suis l'esclave de son sourire et que le peu de mots qu'elle m'a adressé n'ont pas pu me satisfaire comme je le voulais. Je veux juste la revoir seul à seul rien qu'une minute, pour me persuader que rien n'a changé entre nous. Je veux juste inspirer son parfum et me perdre rien qu'une seconde dans ses yeux ensorcelants.

À l'instant même où un courant d'air froid me frôle, je comprends mon erreur. Je m'avance à grandes enjambées vers le balcon, pressé de la retrouver. J'écarte les voilages blancs et pousse la porte fenêtre, déjà ouverte. C'est sa voix veloutée et pénétrante que j'entends d'abord.

— Retranche leurs bénéfices et demande à Livio de leur rendre visite.

C'est son corps sublimé dans une nuisette en satin que j'aperçois ensuite.

— Je m'en moque, Luis. Il a signé le contrat donc il n'y a pas d'histoire de marche arrière.

Je me mords la lèvre quand le vent secoue ses cheveux lâchés, attirant mon regard sur la chute de ses reins. Bon sang. Je ne suis plus si sûr d'être assez maître de moi-même pour mener cette conversation. Je n'arrive pas à détacher mes yeux de son corps offert à la nuit, de ses jambes fines, de sa taille, de ses bras qui frissonnent. Je meurs d'envie d'entrapercevoir son visage aux traits si durs.

— Je verrais ça en rentrant.

Je m'approche silencieusement d'elle, tentant vainement de réfréner le désir qui me gagne à chaque pas. Je retire ma veste et après une seconde d'hésitation, la pose sur ses épaules frigorifiées. Mon pouce frôle la peau de son épaule au passage et provoque un frisson en moi, un frisson qui court de ma nuque et se perd sur le bout de mes mains. Spinam fait volte-face et tombe nez-à-nez avec mon cou dont les muscles sont contractés par sa proximité. Je déglutis péniblement quand son regard remonte lentement vers mon visage. Ses prunelles magnétiques rencontrent les miennes alors que ses lèvres se meuvent pour répondre à son interlocuteur.

NÉMÉSIS | LES ROSES DE ROME T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant