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Ezéchiel

La sonnerie de mon portable me tire de ma torpeur, un simple sms :

"Il y a eu un problème. Viens."

Je fixe l'écran incrédule pendant plusieurs secondes avant de sentir une pointe d'angoisse se ficher au plus profond de mon être. Je relis encore une fois le sms de Sophia comme pour me convaincre de sa réalité.

Quand une heure plus tard je rejoins l'appartement où j'ai dit au revoir à Mira ce qui était à la base une pointe d'angoisse est en train de me détruire les entrailles dans une douleur lancinante. Qu'est-ce qui s'est passé ? Et quelle connerie est-ce que j'ai pu faire en l'éloignant de moi ?

L'ascenseur ne m'a jamais paru aussi lent et quand je finis par sonner à la porte Sophia m'ouvre immédiatement avec un air grave. À peine la porte refermée je m'empresse de lui demander :

— Elle est en vie au moins ?

Elle ouvre la bouche quelque seconde avant de la refermer comme si elle était surprise, elle finit cependant par me répondre que oui.

Sans me laisser la possibilité de retorquer elle me tourne le dos et me force à la suivre dans l'un des salons dont dispose le lieu. Je m'assois sur le canapé tout en me rongeant les sangs. Si elle est en vie, Qu'est-ce que je fous ici ? Sophia s'installe sur la banquette face à moi et prend une légère inspiration avant de lâcher :

— Elle est en vie mais dans un sale état.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Ma voix est froide, glaciale. Rien d'autre ne compte que ce qu'elle va me dire car seul la vengeance va primer. Sophia le sait parfaitement pourtant elle tarde à me répondre et lorsqu'elle reprend la parole c'est d'une voix hésitante :

— C'est une part du problème. Je ne sais pas. Le navire est revenu au port avec un jour d'avance. Face au silence d'Angelo j'ai fini par envoyer du monde. Le navire était en train d'être déchargé mais aucune trace de personne, c'est en fouillant une des cabines qu'un de mes hommes l'a trouvé. Je l'ai fait ramener ici et j'ai fait venir un médecin.

Je peine à connecter toutes les informations entre elles, Sophia parle à toute vitesse comme si elle était pressée de s'alléger de ce poids si bien qu'il me faut plusieurs secondes pour assembler toutes les pièces entre elles avant que je récapitule à voix haute :

— Si j'ai bien compris, tu t'es inquiété en voyant le navire d'Angelo revenir plus tôt ? De là tu l'as contacté en vain donc tu as envoyé quelqu'un qui a juste trouvé Mira blessée c'est ça ?

Elle hoche la tête pour confirmer mes suppositions avant de reprendre :

— Il s'est sûrement passé quelque chose de grave, le navire a été totalement nettoyé... En attendant d'y voir plus clair j'ai commencé à monter un dossier car j'imagine que tu voudras réparation...

J'acquiesce d'un signe de tête, j'essaie de refreiner l'inquiétude en moi avant de lui demander :

— Je peux la voir ?

— Le médecin n'a pas dû encore finir mais j'ai le dossier que j'ai commencé à préparer et les photographies qui vont avec si tu veux...

— Vas-y.

Sophia sort de la pièce quelques instants avant de revenir avec un dossier, le papier fraîchement imprimé est encore tiède tandis que l'odeur de l'encre vient couvrir celle des fleurs placées sur la petite table entre les deux canapés. Je lis en diagonale les quelques lignes de texte que Sophia avait commencé à rédiger avant de découvrir les clichés. Malgré moi j'avale ma salive avec difficulté devant ce que je découvre. Quand j'ai fini de parcourir du regard les différentes photos je repose le tout sur la table. Mes poings sont tellement serrés que mes phalanges blanchissent tandis que j'ordonne à Sophia :

TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant