La traque

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Des jours qu'elle suivait sa piste, cependant, dès qu'elle touchait au but, il lui filait entre les doigts. Les traces de son passage ne manquaient pourtant pas. Si la populace voulait l'exterminer, elle, elle ne souhaitait qu'une chose, rencontrer celui qui allait changer sa vie. S'il acceptait, elle atteindrait son rêve le plus fou. Tout lui serait enfin possible.

Son idole allait de ville en ville et lui faisait voir du pays. Chaque matin, elle scrutait les journaux des différentes bourgades où elle effectuait une escale, pour dénicher la moindre information sur ses déplacements. Elle traversa dès lors la France, l'Allemagne, puis l'Autriche, où elle le manqua de peu, une nouvelle fois. Elle ne désespérait pas. À chaque halte, elle se rapprochait.

Lorsqu'elle déboula à Liptov, elle sombra de fatigue dans une auberge près du lac. Son voyage, à pied ou en calèche – quand un bienfaiteur acceptait de l'embarquer avec lui –, dura longtemps pour parvenir jusqu'en Hongrie. À croire qu'il ne s'arrêtait jamais, cet individu insaisissable. Ce n'était pas humain, autant d'endurance ! Elle dormit toute la journée, afin de reprendre des forces pour poursuivre la filature à la tombée de la nuit, heure à laquelle il agissait.

Tandis qu'elle mangeait un encas – peut-être le dernier – dans l'agréable séjour avec vue sur le plan d'eau, affalée dans un canapé, elle osa poser des questions à l'aubergiste, en tentant d'être innocente.

« La ville est-elle tranquille en ce moment ?

— Je ne devrais pas vous le dire pour ne pas vous faire fuir, mais... non. »

Elle se redressa, à l'écoute, en découvrant la mine déconfite de son hôte. Son cœur tambourinait d'impatience et tous ses sens se mirent en alerte. Elle tenta de masquer son excitation pour ne pas effrayer le pauvre monsieur.

« Dites-m'en plus.

— Je ne voudrais pas vous terroriser, Milady. Une si belle demoiselle ne devrait pas entendre ces choses-là.

— Ne vous en faites pas, brave homme, et n'ayez crainte. Je suis à la recherche de quelqu'un de dangereux et vos paroles pourraient m'aider à le dénicher.

— Vous êtes enquêtrice ?

— Eh bien... Oui. »

Devant son air inquisiteur, et malgré l'énormité du mensonge qu'elle venait de lui offrir, il lui dévoila l'information qu'elle attendait.

« Nous connaissons depuis quelques jours d'inquiétantes disparitions. »

Un large sourire s'empara de ses lèvres. Son objectif se rapprochait pour de bon cette fois-ci et elle trépignait d'impatience. Il sévissait ici, en ce moment même.

« Y a-t-il un endroit particulier où ces personnes disparaissent ? »

Sa voix trahissait son empressement. Il la mit en garde de ne pas se promener dans les rues la nuit et, surtout, d'éviter les bistrots. Ce qu'elle n'écouta bien évidemment pas.

C'est ainsi qu'elle s'aventura sur les pavés entre les bâtisses faites de pierres et de briques, simplement éclairées par la faible lueur de lampadaires. La ville demeurait déserte à cette heure-ci, seul le chahut provenant de l'intérieur des tavernes rompait le silence. Elle s'engouffra dans la première et la découvrit bondée. Beaucoup d'ivrognes la lorgnaient du coin de l'œil, mais aucun d'entre eux ne correspondait à l'homme qu'elle cherchait. Le gérant ne semblait pas non plus voir de qui elle parlait, néanmoins, il la somma de se taire afin de ne pas faire peur à sa clientèle. Elle ne s'y attarda pas.

Elle ne remporta pas beaucoup plus de succès dans la seconde. Lorsqu'elle remit le nez dehors, une pluie fine commença à tomber. Ses vêtements devinrent vite humides et elle entra rapidement dans un troisième troquet.

Peu de monde restait à boire une chope. Elle se dirigea vers le comptoir où le patron essuyait les verres. Après lui avoir décrit celui qu'elle pourchassait, il lui assura que son anonyme se trouvait là un instant plus tôt et qu'il venait juste de sortir en charmante compagnie. Son sang ne fit qu'un tour, le moment allait arriver. La jeune fille s'empressa de retourner à l'extérieur. Elle se mit à marcher à vive allure et passa à l'arrière du bâtiment pour s'engager dans une ruelle sombre.

Elle l'aperçut alors en train d'enlacer une autre personne calée dos au mur, la tête enfouie dans son cou. Elle se retint de pousser un cri de joie et courut vers lui, car sa vie en dépendait. Il fallait à tout prix qu'il la remarque, ainsi, elle se jeta entre eux deux. Elle priait juste pour qu'il ne la tue pas, cela ne pouvait se terminer de cette manière.

« Comment oses-tu t'interposer ? » vociféra l'homme.

Il recula à la hâte et la femme qu'il tenait s'effondra sur le sol froid, inerte. Il haletait et plongea son regard féroce et brillant dans celui de sa traqueuse. Pour autant, elle ne se démonta pas et le fixa droit dans les yeux, décidée à obtenir ce qu'elle poursuivait, ce pour quoi elle était prête à tout sacrifier. Elle prit la parole à ce moment-là, sûre d'elle :

« Je rêve de devenir comme vous ! Je vous cherche depuis des mois, des années que j'attends ça. Je vous en supplie, mordez-moi ! »

𓆩*𓆪

Parce que ça fait plaisir, voici les commentaires que les copains de la CdL ont laissé sur mon texte, sans savoir que c'était moi (parce que chaque texte a été publié anonymement pour le challenge supplémentaire de retrouver qui a écrit quoi) ^^

Parce que ça fait plaisir, voici les commentaires que les copains de la CdL ont laissé sur mon texte, sans savoir que c'était moi (parce que chaque texte a été publié anonymement pour le challenge supplémentaire de retrouver qui a écrit quoi) ^^

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Lε ოօղძε ძε մოἶ - Recueil de nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant