Chapitre 1

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Jour-0

Sur le chemin de la maison, une seule chose importait à mes yeux : que ma famille aille bien. J'avais mes mains fermement agrippées sur le guidon de ma moto, que je lançais sur l'autoroute à facilement 80 kilomètres par heure. Le vent hivernal me frappait avec agressivité et froideur le cou, mais ça n'avait pas vraiment d'importance, tant que j'étais sûre de parvenir chez moi à temps. Il n'y avait que très peu de personne sur la route. J'en profitais donc pour accroître ma vitesse jusqu'à 100 kilomètres par heure et me dirigeais vers le sud le plus vite possible.

Au cours de ces évènements, la plupart des gens auraient fait une pause pour réfléchir calmement et se seraient assis quelque part, avant de rapidement fondre en larmes, mais je ne pouvais pas : je n'avais pas le temps pour ça. Je n'avais pas le temps d'admirer les paysages de campagne qui se dressaient avec majesté devant moi. Ni le temps de m'arrêter et m'assurer que les autres allaient bien. Ni même le temps de relever la visière de mon casque et sécher les chaudes larmes qui coulaient le long de mes joues. Ma seule et unique priorité était d'atteindre New Cross en moins d'une heure.

Une fois là-bas, je rencontrai des rues complètement vides. En regardant le cadran de mon véhicule, je constatais qu'il était à peu près 13h. La plupart des gens étaient, par conséquent, encore à table. Je remontai quelques rues qui slalomaient tel un serpent de béton, avant d'atteindre une longue allée où des dizaines de demeures de brique rouge étaient alignées de chaque côté de la chaussée, accompagnées d'un bon nombre de vieux platanes verts. Une fois dans la rue, je ralentis un petit peu et finis ma course devant une maison en particulier : le numéro quatre.

Je sautai littéralement hors de ma moto, laissant celle-ci, dans la précipitation, tomber à moitié sur le sol. Notre maison avait une petite parcelle de verdure devant elle, la séparant ainsi élégamment du reste de la rue. Je montai en une fois les cinq marches menant au palier, pour atterrir sur le paillasson marron où de grandes lettres noires épelaient chaleureusement le mot "Bienvenue". Avant d'ouvrir la porte, je touchai de mes deux doigts joints, en référence à un bon vieux réflexe qu'on m'avait appris dès l'enfance, la mezouzah blanche avec l'étoile de David bleue, été clouée depuis toujours sur le côté droit du palier.

La première chose que je rencontrai en ouvrant la porte fut le courant d'air chaud provenant de l'intérieur, ainsi que la douce odeur émanant des délicieuses boulettes de viande que ma mère faisait souvent en hiver. Pour un bref instant, le sentiment si apaisant d'être à la maison surmonta le chagrin et l'inquiétude que je portais dans mon corps, mais cet instant fut malheureusement court.

Je me tenais debout dans l'entrée pendant plusieurs longues secondes, avant d'entendre une voix aigüe émanant de la cuisine et hurlant mon nom :

« Tessa ! » s'écria celle-ci avec joie.

Et une seconde plus tard, mon petit frère de douze ans, Jimmy, avait ses bras enveloppés autour de ma taille et me tenant fermement contre lui du haut de son 1,45m. La seule chose que je pouvais clairement voir en baissant la tête étaient ses cheveux blonds et frisés qui recouvraient sa tête et qui avaient longtemps valu le surnom de "Boucles d'Or". Il était encore un peu jeune par rapport à moi, mais il était sans nul doute le membre le plus énergétique de la famille :

« Tu es à la maison ! disait-il avec émotion.

- Oui, je sais... arrivai-je à dire avec un sourire et sans aucun signe d'inquiétude dans ma voix. C'est si bon de te voir, mon grand ! »

Les cris de joie de mon frère avaient alerté mes parents qui arrivèrent rapidement de la cuisine. Dès qu'ils me virent, leurs yeux se remplirent, à leur tour, d'euphorie.

Vert, comme un uniforme militaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant