Le port étant légèrement en contrebas de la cité, je finis par perdre de vue l'intrigante lumière. J'avais chaud, et je commençais à avoir soif. Tout à coup, la lumière réapparue dans mon champs de vision. Là, à l'entrée d'un hangar dans la ruelle de gauche. Si je voulais voir qui était debout à cette heure, je devais sauter sur le toit du hangar, en face de moi. Je calculais du regard la distance à sauter. Trop loin. Et même si j'y arrivais, le bruit des tôles me trahirait à coup sûr. Par où pouvais-je donc bien passer ? À ma droite, pas de solution : en bas, une ruelle. Et si je me rendais à gauche, je risquais d'être repérée.
Je grognais, mécontente. Ou je descendais des toits pour contourner discrètement le hangar, jetais un coup d'œil à l'entrée de celui-ci et repartais, ou bien je faisais demi-tour. Le choix fut rapide : je n'allais tout de même pas abandonner maintenant ! Et puis, même si j'avais un peu peur de me faire surprendre, quel danger encourais-je vraiment ? Celui de croiser un marin, qui, surpris de voir une autre personne réveillée, me demandera ce que je faisais ici ? Je ris intérieurement, un peu nerveusement cependant. Puis j'avisais la gouttière à l'angle du toit, l'agrippa de mes deux mains et lança mes jambes dans le vide. Tout en glissant le plus silencieusement possible, je priais pour que la personne à la lanterne reste immobile et ne s'engage pas dans la ruelle.
Arrivée en bas, je couru me mettre dans l'ombre noire du hangar, me collant aux murs pour être la plus discrète possible. D'où je me trouvais, je pouvais à peine voir les rayons de lumière de la lanterne. Par où devais-je contourner le bâtiment ? Le plus court était de continuer à longer le mur dans mon dos, et je finirais par atteindre l'angle donnant sur l'entrée du bâtiment. Mais c'était aussi l'option la plus risquée, car peut-être la personne choisirait-elle d'emprunter la ruelle. Alors qu'en faisant le tour, certes plus long, je ne risquais pas grand-chose : le côté du hangar donnait quasiment directement sur la mer, et personne ne passait jamais par l'étroit ponton entre le mur et l'eau.
Alors que je levais ma jambe pour faire le tour du bâtiment, j'entendis des pas. Je me figeais. Ils s'intensifièrent, pour s'arrêter soudainement. Puis une voix :
- Toujours à l'heure, à ce que je vois.
- Ma foi oui, surtout pour ce genre de rendez-vous !
Les voix ricanèrent. Deux hommes, ni jeunes, ni vieux. Je ne les connaissais pas.
- T'aurais vu sa tête, quand on l'a chopé ! À crever de rire, j'te jure. Il a voulu faire le malin, et tenter de négocier. Pis quand on cogné ses gosses il s'est tout de suite assagi !
Un rire gras à demi étouffé lui répondis, et mon sang se glaça. De quoi parlaient t'ils ? De qui avait-on frappé les enfants ? Je cherchais dans ma mémoire une histoire similaire, mais rien ne me vint à l'esprit. Moi qui pensais qu'Aquatea était un endroit sûr... Je tendis un peu plus d'oreille pour entendre le reste de la conversation, qui ne calma pas l'angoisse qui venait de nonchalamment s'installer dans mes entrailles.
- Alors, qu'est ce qu'on en fait ? T'as eu des ordres ?
- Ouais, et c'est clair : "Faites-le disparaître".
-Pour clair, c'est clair. Comment on s'y prend ?
- J'avais penser à le brûler, pour qu'il n'y aucune trace, mais c'est pas assez discret.
Son acolyte rit à nouveau.
- La bonne vieille noyade, alors ?
Et l'autre de lui répondre :
- Ça serait con de ne pas suivre les traditions. Ramène toi, il nous faut de la corde et des poids.
Des bruits de pas. La lumière qui s'éloigne, doucement. Puis le silence, rendu plus lourd encore avec la chaleur et l'humidité de la nuit. D'un coup, je me mis en mouvement. Ils étaient partis chercher de quoi supprimer le pauvre homme dont ils parlaient. Ce qui voulait dire que le prisonnier ne devait pas être bien loin. Je me retournais, recula de quelques pas. Le hangar était grand, et à ma connaissance on ne pouvait y accéder que par l'entrée principale. J'y couru, et reparti rapidement après avoir vu l'énorme chaîne cadenassée qui scellait les portes. Impossible d'entrer par là. Peut-être côté mer ? Mais là-bas non plus, pas de fenêtre ou de quelconque ouverture. Les tôles, peut-être pouvais-je en enlever une ? J'essayais, mais cela ne fonctionnait pas non plus. Un sentiment de panique monta, tandis que je fixais, désemparée, les murs hermétiques du hangar. Je ne pouvais pas repartir sans avoir libérer l'homme à l'intérieur. Et je devais faire vite, avant que les brutes ne reviennent. Vite. Vite. Je devais aller vite. Je glissais mes doigts dans une interstice entre deux tôles, et tira. Une fois. Deux fois. Trois fois. À la septième fois, le coin supérieur gauche de la tôle se décolla dans un grand bruit de métal. J'arrêtais de respirer, et tendis l'oreille. Rien. Pas de cri, pas de bruit de pas. L'espace entre les tôles était très étroit, mais je pouvais au moins y glisser un œil.
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Les Terres Perdues
Fantasía- Lia ? La petite fille de 2 ans, agrippée aux bras de sa grand-mère, se tourna vers celle ci. - Salut tes parents, mon ange. L'enfant leva sa petite main à contre cœur, et l'agita en l'air. Ses parents, dans l'immense bateau, lui adressaient de g...