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ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI VIVENT, JE LAVE LE SANG DES ▬▬MARTYRS ▬▬
L’infirmerie était partiellement illuminée. Sur les murs construits tels une grotte afin de préserver la fraîcheur, des torches projetaient leurs lueurs enflammées et rougeâtres. Cette lumière vacillait quelque peu, créant un jeu d’ombre curieux sur les lits blancs entreposés à égal distance les uns des autres.
Lorsqu’Emeraude y posa un pied, un frisson la prit. Elle se souvenait de la dernière fois où elle s’y était rendue. Ce jour-là, son alliance avec Levi avait été signée. Tu protègeras le monde du mal que tu pressens et je le protègerais de toi, tels avaient été ses mots. Beaucoup d’évènements s’étaient déroulés depuis.
Songeant brièvement aux rires et larmes qui la séparaient de ce fameux jour où le caporal avait commencé à lui faire confiance, elle s’enfonça davantage dans la pièce. Au fond, sur un lit blanc entouré de rideaux ouverts, un homme gisait. Elle et lui étaient les deux seules personnes dans la pièce.
Lorsqu’elle parvint à sa hauteur, elle sentit son cœur se contracter douloureusement dans sa poitrine. Elle se trouvait là, juste à côté de son lit, derrière le rideau crème qu’elle ne tarda pas à tirer pour leur conférer un peu d’intimité, même si nul autre ne se trouvait présent. Elle le regardait.
Son regard alla d’abord se poser sur l’énorme griffure naissant dans sa mâchoire, sur le côté gauche, et traversant son œil aujourd’hui couvert d’un bandeau noir. Puis, profitant du fait que les autres paupières de l’homme étaient closes, signe qu’il dormait, elle entreprit d’analyser jusqu’où s’étendaient ses blessures.
Jusqu’où elle avait fauté.
Edward avait ôté l’uniforme gorgé de sang de Mike pour passer sur ses épaules une chemise ample et grisâtre permettant un plus grand confort. Et, lorsqu’Emeraude se rendit compte de l’étendu des dégâts sur le corps de l’homme, elle réalisa que les vêtements que son frère avait retiré aux châtains étaient les derniers de l’armée qu’il porterait.
Oui. Dans cet état, Mike Zacharias ne pourrait plus se battre. Ni même vivre librement.
Son bras droit reposait, plié, sur son buste tandis que son frère, de l’autre côté, brillait par son absence. Quant à ses jambes, elle n’y adressa qu’un vague coup d’œil qui lui permit de se rendre compte qu’elles avaient été amputées. Un frisson la prit et de la bile lui remonta à la gorge. Il ne lui restait plus qu’une tête et un bras, accroché à ce buste qui ne porterait plus jamais la cape des bataillons.
