Réapprendre à vivre

Chapitre 3

Ses murs émotionnels n'avaient pas tenu longtemps. Elle pensait aller bien, jusqu'à ce qu'elle se couche dans son lit ce soir-là. La nuit était toujours le moment de la journée où elle n'avait de cesse de ressasser, de penser à tout ce qu'elle aurait pu faire différemment, à comment elle aurait pu changer une situation. Une partie d'elle était encore persuadée qu'elle aurait pu éviter la mort de ses parents, bien qu'elle sache au fond qu'elle aurait pu mourir à leur place si elle avait été présente en même temps que cet hybride tigre.

Sayuri eut beau tourner et se retourner dans son lit, elle ne parvint pas à trouver le sommeil. Son oreiller était trempé de larmes et son nez bouché à force de pleurer. Il lui était complètement impossible de penser à quelque chose d'autre pour ralentir son rythme cardiaque. Elle savait qu'elle n'était pas responsable de la mort de ses parents, mais le deuil était encore si récent qu'une voix dans sa tête ne faisait que lui répéter qu'elle aurait dû pouvoir changer les choses. Elle avait suffisamment fait de recherches pour l'un de ses livres pour savoir que cela ressemblait en tout point à ce fameux syndrome de Dieu. Or, elle n'était pas Dieu. Elle ne savait même pas si cette entité existait vraiment, comment il pouvait laisser des catastrophes se produire sans broncher. Mais ce n'était pas le sujet.

Elle finit par capituler et tourna les yeux vers son réveil. Il était prêt de quatre heures du matin et elle était persuadée de ne pas pouvoir fermer l'œil de la nuit. En poussant un long soupir et en séchant ses larmes, elle se redressa, ayant la ferme intention d'aller boire quelque chose dans la cuisine. Elle ne prit pas la peine de mettre ses pantoufles, espérant que le froid du carrelage de la cuisine l'aide à se concentrer sur autre chose.

Elle n'osa pas allumer la lumière dans le couloir de crainte de réveiller Katsuki. Les hybrides avaient une ouïe très développée et elle entreprit de faire le moins de bruit possible en descendant. Ce ne fut qu'une fois à la cuisine qu'elle alluma la lumière au-dessus du comptoir avant de prendre un verre dans le placard du haut. En ouvrant le réfrigérateur, elle fut tentée de rester devant, le froid pouvant aider à lui changer les idées. Pourtant, elle risquerait de gâcher la moitié des aliments se trouvant à l'intérieur si elle le laissait ouvert trop longtemps. Elle oublia cette idée, récupérant la bouteille de thé glacé pour s'en verser un verre.

Elle était sur le point de poser la bouteille sur le comptoir à côté de son verre lorsque quelque chose attira son attention sur la droite et elle tourna brusquement les yeux dans cette direction. Son cerveau eut beau reconnaître Katsuki dans l'angle du couloir, elle fut si surprise de le voir qu'elle laissa échapper un cri, sa poigne sur la bouteille se relâchant soudain. Une nouvelle exclamation s'échappa de sa gorge lorsque la bouteille en verre se fracassa sur le sol en face de ses pieds, le liquide froid éclaboussant ses jambes et inondant le sol de la cuisine.

— Katsuki, tu m'as fais si pe...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il se mettait déjà à grogner, avant de s'enfuir de l'autre côté du couloir.

Sayuri aurait pu se frapper la tête contre le comptoir de la cuisine tant elle était frustrée. L'hybride avait eu peur à cause d'elle, n'ayant sans doute pas cherché à l'effrayer. Une partie d'elle voulait lui courir après pour arranger les choses, mais en cet instant même, elle ne savait pas s'il n'était pas mieux de le laisser seul, après qu'il eut montré si peu de réactions envers elle.

— Putain de...

Elle finit de jurer entre ses dents, avant de baisser les yeux vers ses pieds. En voyant le fiasco sur le sol, elle eut envie de pleurer de nouveau, sentant ses nerfs lâcher. Sa conscience savait qu'il fallait qu'elle ramasse les débris de verre et qu'elle éponge tout le thé sur le sol. Néanmoins, elle fut incapable de faire autre chose que de s'accroupir sur le sol, enfouissant son visage entre ses mains pour pleurer un bon coup.