CHAPITRE 4

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— Mais ça ne voulait pas dire grand chose, ce baiser, Giorgia... Tu me connais...

Le chanteur suit sa petite amie dans les rues de la ville entre deux doigts d'honneur à l'attention des paparazzi qui ne les ont pas lâché de l'après-midi. A l'attention de ses sentiments en vrac aussi. Qu'ils aillent tous se faire foutre...

— ...c'est venu comme ça, sur le moment. On a pas vraiment réfléchi.

La petite brune se retourne pour lui faire face et enlève d'un geste brusque ses lunettes de soleil. Ses yeux sont d'un noir profond.

Lueur dévastatrice.

— Ca n'a rien à avoir avec ça! Je me fous de qui tu embrasses devant l'Italie toute entière. Je te fais confiance mais... J'aimerais juste que tu te soucies de moi quand ça va pas...

Damiano fronce les sourcils et met un temps à répondre. Il n'est jamais en reste de blabla habituellement mais, depuis qu'il la connait, elle est la seule à le laisser bouche bée à chaque prise de bec. En cinq années de relation faites de plusieurs hauts et de quelques petits bas, il la trouve toujours aussi surprenante que lors de leur rencontre.

Elle lance un regard aux alentours, ne voit plus personne les observant et se rapproche de lui. Prend une inspiration avant de reprendre.

— J'étais enceinte Damiano.

Sa voix est un murmure ; il ne s'attendait pas à ça. Comment réagir? Incapable d'articuler le moindre mot. Incapable de réfléchir correctement. Incapable de digérer l'information, le fait que ce soit possible tout en connaissant la condition de la jeune femme. Incapable de s'imaginer père maintenant et dans le futur. Incapable, tout court. Les mots restent dans le fond de son gosier et meurent avant même d'avoir franchi la barrière de sa bouche.

— Giorgia...
— Non! j'étais enceinte - enceinte, Damiano, c'est pas rien - et avant même que je puisse t'en parler, te dire ce que j'en pensais, moi, en tant que femme... - je ne l'étais plus. Et... tu veux savoir ce qu'il a de pire dans tout ça, c'est que tu n'as rien v-

Un baiser pour la couper, l'empêcher de terminer. Pour la distraire et faire disparaître sa nervosité aussi. Son manque d'attention envers elle ces derniers mois, elle qui s'occupe de leurs appartements respectifs et de veiller sur sa famille lorsqu'il n'est pas là...

Elle le repousse avec lenteur, ses mains sur son torse en guise de protestation silencieuse. Expression de son mal-être qu'il n'a absolument pas remarqué. Trop focalisé sur sa carrière et cette douce ascension que son groupe effectue.

— Ca fait juste beaucoup de choses à gérer pendant que toi, tu embrasses à la télé tous tes potes... enfin le fait que tu les embrasses me dérange pas, je dis juste... C'est cette situation, ça me porte sur les nerfs. Ca me rend triste aussi, j'avoue.

Silence.

Puis, il l'attire contre lui en passant un bras autour de ses épaules, un mince sourire étirant ses lèvres lorsqu'elle fait la moue.

— Reste avec moi ce soir, tu veux ? Une soirée tranquille rien que toi et moi ? Il embrasse son front. On aura tout le temps pour parler si tu veux et pleurer aussi si tu veux. Je ferai tout ce que tu voudras.

Ils se regardent dans les yeux et, comme bien souvent, elle cède devant cet air malicieux qui caractérise si bien sa personnalité quelque peu excentrique. Elle est tombée amoureuse de ce regard quelques années auparavant. De ce regard, avant le physique. De sa personnalité avant sa personne. Pour ses yeux, elle aurait vendu son âme au diable.

— Tout ce que je veux, hein?

Le chanteur hoche la tête.

- Tout.

Juste un baiserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant