━𝐈 𝐂𝐀𝐔𝐆𝐇𝐓 𝐘𝐎𝐔, 𝐋𝐈𝐀𝐌 ˢʰᵉʳˡᵒᶜᵏ ˣ ᵐᵒʳⁱᵃʳᵗʸ ᶠᵃⁿᶠⁱᶜᵗⁱᵒⁿ

𝐈'𝐯𝐞 𝐜𝐚𝐮𝐠𝐡𝐭 𝐲𝐨𝐮, 𝐋𝐢𝐚𝐦

"Catch me if you can, Mister Holmes."

Sans crier gare, William Moriarty tomba du pont, sous les yeux effarés de Sherlock. Les prunelles sombres du détective semblèrent se vider de leur vie quelques instants, la vision de celui qui se disait son ennemi entrain de mettre fin à ses jours lui était insoutenable. Sherlock ouvrit en grand sa bouche, mais rien n'en sortit. Seul le silence. Son mutisme sembla durer des heures, comme si toute la scène se passait au ralentit. Ses mouvements étaient trop lents, il ne pouvait pas rattraper le blond qui avait lâcher sa main, dans un triste sourire d'adieu. Le silence était devenu trop lourd durant ces quelques secondes, les oreilles du brun s'étaient misent à bourdonner, le sifflement désagréable qu'exprimait sa peur de perdre celui après qui il avait toujours couru était devenu trop fort.

Sherlock ne pensait plus à rien. Seule la vision du blond qui tombait lui venait. Sans même vouloir réfléchir, il se jeta dans le vide, les bras écartés, prêt à rattraper William. C'est seulement à ce moment là que sa voix se décida à se libérer. Le détective hurla, à s'arracher les cordes vocales, il hurla à se percer les poumons, un seul et unique mot. Un mot qui, à lui seul, le tenait éveillé chaque nuit. Ce mot qui lui donnait envi d'avancer, de se relever. Ce mot qui lui donnait envi de vivre. Son prénom.

" - Liam! "

C'est comme si, depuis que les deux hommes s'étaient retrouvés sur le pont, le temps s'était considérablement ralenti. Tout semblait s'être arrêté autour d'eux. Même leur chute, et l'eau qui se rapprochait dangereusement d'eux, ne paraîssait être qu'une illusion.

Le prince du crime écarquilla les yeux. Sherlock l'avait suivi dans sa chute. Mais il voyait plus que le corps de son ami qui tombait avec lui. Il voyait son échappatoire se rapprocher de plus en plus de lui. La clé vers la paix, et la liberté. Il voyait en lui celui qui pourrait le sauver et le libérer de tout ses crimes et traumatismes. William, pour cette fois, s'autorisa à tendre les bras vers son seul espoir.

À son tour, le brun tendit les bras, et finit par attraper le corps de son ami. Sans perdre plus de precieuses secondes, il le serra de toutes ses forces contre lui et ferma les yeux.

" - Tu dois vivre! On doit survivre... Ensemble!!"

Sherlock hurlait. Il ne pouvait plus se contenter de penser ces mots. Il avait besoin de les crier aussi fort que sa voix lui permettait. Il voulait les encrer d'une encre indélébile dans l'esprit de l'homme auquel il s'était tant attaché. Il voulait les lui graver au fer chaud dans ses pensées, pour qu'il n'oublie jamais que sa vie lui était précieuse. Qu'elle était pour le détective, son plus grand trésor.

Sans perdre de temps, William entoura lui aussi le corps du brun de ses bras. Il avait clos si fort ses paupières que des centaines de points colorés avait habillé le sombre paysage de ses yeux fermé. Leur chute s'accélérait, mais ils n'avaient toujours pas atteint l'eau. Le cadet des frères Moriarty s'efforçait de répéter en boucle les mots de son ami. Ceux ci se matérialisaient en forme de clé dans son esprit, la clé qui ouvrait la pirte du nouveau monde qu'il avait mis tant de temps à construire, et qu'il était maintenant able de visiter, avec la personne qui lui était, contre toutes attentes, la plus chère.

Sherlock ouvrit rapidement ses paupières, l'eau se trouvait désormais à seulement quelques mètres d'eux. Sa surprise n'échappa pas à William qui ouvrit les yeux en même temps que le brun, mais celui ci l'empêcha de regarder sous eux. Il voulait protéger la lueur d'espoir qui s'était mise à briller dans les yeux de celui qui voulait que sa vie s'arrête il y a seulement quelques minutes de cela. Holmes voulait qu'il lui promette de vivre, mais le temps leurs manquait, et les mots ne pouvaient être dit. Alors, pour sceller leur promesse de vie, Sherlock pressa avec une douceur brutale, une brutalité douce, ses lèvres contre celles de son vis à vis. Ils fermèrent tous deux les yeux et restèrent collé l'un à l'autre, se promettant de vivre.

L'impact fut violent, à cette altitude, l'eau qui paraîssait presque sûre, prête à accueillir leur chute, ressemblait à un mur aussi dur que la pierre. Le temps n'était plus aussi lent qu'il leur paraîssait. Le sablier s'était à nouveau stabilisé, et dans la violence de l'action, les deux hommes furent séparés.

*

Les flocons tombaient doucement du ciel pour venir s'écraser sur le sol en pavet du petit village suisse, récouvrant l'allée d'une fine couche de neige immaculée. Celle ci fut rapidement souillée par des chaussures noires. L'auteur des marques dans la neige se dirigea vers une taverne et s'empressa d'y entrer pour se protéger du froid. D'un geste naturel, il retira sa capuche, dévoilant ses cheveux bruns relevé en une haute queue de cheval. Sherlock se dirigea au bar et commanda à boir, s'installant par la suite sur un des tabouret. Personne, à l'exception d'un homme blond, n'était assis au buffet.
Le barman, en remarquant le sac de Holmes lacha avec amusement :

" - Il n'y a pas de travail ici, vous cherchez votre âme sœur? "

La question, sans réelle sous entendu avait pris le brun au dépourvu.
Oui. Oui, Sherlock cherchait son âme soeur, dont il avait perdu la trace quelques mois auparavant.
Un petit rire s'échappa de ses lèvres, et le brun se contenta d'hocher la tête.

L'homme assis au bar, à quelques tabourets de l'ancien détective, souffla du nez lui aussi. Et, sans même se retourner, prononça la phrase que Sherlock avait espéré entendre depuis si longtemps :

" - Catch me if you can, Sherlock.

Un sourire se dessina sur les lèvres du concerné, et, lentement, il finit par se tourner vers le blond.

- I caught you, Liam."

Lâcha-t-il. Les deux hommes se regardèrent alors dans les yeux. Les prunelles rouges de William reflétaient un certain bonheur que jamais Sherlock n'aurait cru voir. Les commissures de ses lèvres étaient étirées en un large sourire. Sherlock Holmes avait retrouvé William James Moriarty, celui qu'il n'avait cessé de poursuivre l'année passée, et il n'était pas prêt de le laisser s'échapper.

* "- Attrapez moi si vous le pouvez, Sherlock.
- Je vous ai trouvé, Liam. "