Chapitre 11

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H lui ouvre la porte et l'attend pour lui laisser le temps d'enfiler son manteau. Dehors, il fait déjà nuit noire et un vent froid siffle et mord sans gêne.

H prend la main de Charline et l'entraîne dans la ruelle sombre adjacente au bâtiment. Il l'emmène derrière une grosse benne-poubelle et la plaque au mur pour l'embrasser à pleine bouche.

— Quoi qu'on soit en train de faire, si mon bipeur sonne, je devrai partir illico, lui souffle-t-il entre deux baisers.

— Ça me va, gémit-elle quand il lui mordille le lobe de l'oreille. Pas de préliminaires, ajoute-t-elle en lui défaisant la boucle de son ceinturon.

H lui bloque les poignets pour les relever et les maintenir au-dessus de sa tête, tout en se collant à elle :

— Tu veux vraiment faire ça ici ? lui demande-t-il en appuyant sur érection contre son bas-ventre.

— Oui, susurre-t-elle avant de lui mordre la lèvre inférieure.

H lui lâche les poignets et glisse les mains sur son corps pour apprécier ses courbes, puis il s'agenouille pour lui retirer une botte et remonte ses paumes sous sa robe pour descendre culotte et collants en même temps.

L'ayant à moitié dévêtue, H se relève et la soulève pour la plaquer au mort et Charline s'agrippe à sa nuque quand il libère son érection de son carcan. Ils gémissent tous les deux quand il s'enfonce en elle d'une poussée brutale. H va et vient dans son sexe chaud et humide sans ménagement, tout en étouffant ses cris de sa bouche.

Au bout de la ruelle, les phares des rares voitures qui circulent sur la grande rue projettent des ombres pour mieux replonger les amants dans l'obscurité de la nuit.

Excitée par le côté bestial de la situation, Charline savoure chaque poussée de H, dont les coups de reins se transforment en coups de butoirs.

Ils halètent et gémissent, soumis tous les deux à la violence de leur rapport, où plaisir et douleur s'entremêlent...

Secouée par les assauts de son amant, l'orgasme de Charline jaillit brutalement, déclenchant des vagues de chaleur intense qui l'irradient totalement. La jeune femme renverse la tête en arrière alors qu'elle tente d'étouffer le râle d'extase qui s'échappe de sa gorge.

Ne pouvant plus se retenir, H grogne de satisfaction, conquis par les spasmes vaginaux qui enserrent étroitement son sexe, alors il rive son bassin à celui de Charline pour se vider au plus profond d'elle et se laisse aller à la jouissance...

La violence du désir passée, H les garde dans leur position, essoufflés et pantelants, sa queue toujours logée dans l'écrin de son sexe chaud et humide.

— On devrait essayer de faire ça dans un pieu, lui suggère-t-il en effleurant ses lèvres des siennes sans pour autant l'embrasser.

Charline lui sourit , mais elle n'a pas le temps de lui répondre que le bipeur se manifeste.

— Putain, grogne-t-il d'agacement en se retirant. Désolé, ajoute-t-il en la reposant pour se revêtir.

— Vas-y, approuve-t-elle, débraillée et chancelante.

Charline remonte sa culotte et ajuste ses collants alors que H la laisse dans la ruelle sans aucun regard en arrière. Elle remet sa botte, puis prend rapidement la même direction que son amant et avance d'un pas pressé pour rejoindre l'Impala.



Une brume épaisse s'installe doucement sur la ville, masquant la lune. Charline circule lentement parce que du givre recouvre le pare-brise en roulant. Perturbée par le tourbillon de ses émotions et de ses pensées, elle se gare devant la grille du cimetière, avec l'impression qu'elle est en train de suffoquer. Rachelle, sa meilleure amie, repose sous terre depuis onze ans.

Elles étaient amies depuis la maternelle et liées comme des sœurs jumelles. Son suicide, trois mois après leur entrée en troisième au collège, une semaine avant Noël, a été le pire abandon qu'elle ait connu.

Charline n'avait rien vu venir et n'avait jamais entendu Rachelle parler de mort et encore moins de suicide, alors son départ sans crier gare et sans adieux, fut un véritable traumatisme, au point qu'elle ne laissa plus personne s'approcher assez pour la blesser émotionnellement.

Hors de l'habitacle, le vent geint. À travers le pare-brise givré, Charline regarde le portillon en fer forgé, que la brume engloutit lentement.

La bouteille de Tequila en main, Charline se met à pleurer parce qu'elle n'a pas le courage de se rendre sur la tombe. Même accompagnée d'alcool et de drogue, elle sait que ça n'aura aucun effet sur sa souffrance.

« Partir » lui suggère sa douleur.

« Fuir » lui conseille sa colère.

Sa décision prise, Charline range la bouteille et les joints dans la boîte à gants et rentre dormir chez sa mère.



10 h 27, Charline se réveille fatiguée. Elle a pleuré pratiquement toute la nuit et a dû s'endormir vers cinq heures du matin.

Elle va se doucher, s'habille rapidement et prépare son sac. Son lit fait avec de nouveaux draps, elle descend pour prendre un café. Un regard par la fenêtre lui apprend que le chêne centenaire a souffert du froid de la veille et que le vent s'acharne à faire tomber ses feuilles brunies...

« La mort est à la porte », se désole-t-elle.

Charline envoie un SMS à Émilie, ensuite elle appelle le garage pour régler les détails de la vente de sa Cox, puis elle s'achète un billet de train. « Merci Internet », pense-t-elle en posant son téléphone sur la table de la cuisine.

Dehors, la pluie se met de la partie et vient frapper les vitres comme pour signaler sa présence. Déprimée par le temps, Charline ne veut pas partir sans dire au revoir à Yvan, même s'il est dans le coma.

18 h 05, dans le train, Charline envoie un message à Jeanne, pour lui dire qu'elle quitte la ville et rentre chez elle. La jeune femme maugrée contre sa mère, en l'imaginant se réjouir de pouvoir à nouveau accueillir son amant dans la maison familiale.

Une Cage et des liens 🔞 ( terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant