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L'homme se tenait sur le pas de la porte. Il avait frappé à la demeure des Mozart, et un domestique lui avait ouvert avant de le guider jusqu'à la chambre où reposait l'autrichien. En voyant le musicien allongé sur le lit, et au plus mal, il s'était stoppé net, ses remords le rongeant avec violence. La femme de l'artiste, Constance, qui était penché sur lui avec inquiétude, avait relevé la tête pour le regarder.

- Que faites vous là ? Demanda-t-elle, d'abord surprise.

L'étonnement fit rapidement place au ressentiment.

- Qui vous a permis d'entrer ? Reprit-elle.

L'italien, mal à l'aise, parla en baissant légèrement le regard.

- Madame, j'ai appris la maladie de votre mari...

Il inclina la tête, prenant une respiration avant de poursuivre.

- Je voulais vous proposer mon aide.

Constance laissa échapper une exclamation sceptique. Elle se leva pour le confronter en face.

- Non monsieur, répondit-elle. Rien. Après tout le mal que vous nous avez fait, rien !

- Antonio...

Les deux interlocuteurs se tournèrent vers l'origine de la voix. Mozart, redressé sur son lit, fixait le visiteur, un éclat particulier brillant dans ses yeux.

- C'est vous... Continua le malade. Merci ! Comment allez vous ?

Aussitôt, son épouse fit volte face pour l'empêcher de quitter le lit.

- Wolfi, susurra-t-elle avec douceur, Wolfi, reste couché... Repose toi...

Elle revint ensuite confronter Salieri, qui restait silencieux, le coeur et l'esprit empoisonnés par la culpabilité.

- Partez, lui dit la jeune femme, je vous en supplie. Vous voyez bien que ce n'est pas le moment !

- Salieri ! Cria l'autrichien qui se mit soudainement debout pour avancer à son tour vers le compositeur de la cour. Constance se tourna de nouveau, pinçant les lèvres, mais elle resta immobile, ne souhaitant pas se mettre en travers de la volonté de son mari. Mozart avançait en répétant le nom de Salieri, instable et trébuchant à chaque pas. Lorsqu'il fut face à lui, Antonio, inquiet de le voir si fragile, lui saisit le bras, et le malade s'appuya sur lui.

- Vous savez... Vous savez, Salieri... Je ne parviendrais pas... jamais...

Mozart prit le visage de son rival entre ses mains, déboussolé.

- à terminer mon requiem...

Salieri sentit son être se serrer de douleur. Il soutint son cadet avec plus de force avant de lui sourire doucement, lui tenant la main.

- Mais si... Vous guérirez...

- Ah non... Non mon ami...

Lentement, l'autrichien déplaça sa paume sur son coeur, celle de Salieri suivant son geste puisqu'il n'avait pas lâché son poignet.

- La mort est là... Souffla-t-il tristement.

Constance ne put garder le silence plus longtemps.

- Ne dis pas ça Wolfgang ! Je vais chercher le médecin !

Elle se précipita vers la porte, mais Mozart l'interpella.

- Constance, ça ne sert plus à rien... Je veux seulement... La musique c'est toute ma vie... Laisse moi composer s'il te plaît... Avec l'aide de Maestro Salieri... s'il le veut...

Mozalieri - RequiemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant