Chapitre 2 : Premier contact

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Plusieurs mois étaient passés depuis son arrivée à Aupehra, et Wolfgang avait pris ses marques dans la cité. Son groupe, fondé depuis quelques semaines, avait fait bonne impression sur les réseaux sociaux grâce à des morceaux dynamiques. Ils étaient tous réunis dans l'appartement étroit mais confortable du jeune musicien et répétaient leurs dernières compositions. Wolfgang, qui était assis en tailleur sur la table à regarder l'écran de son téléphone, s'exclama soudainement, faisant sursauter les autres personnes.
- J'AI UN MAIL! S'écria-t-il avec joie. C'EST LE BAR VYENN QUI M'A RÉPONDU ! ILS ACCEPTENT DE NOUS FAIRE JOUER APRÈS LES DANAÏDES JEUDI PROCHAIN !
- Trop bien ! Réagit aussitôt Franz, le batteur. Requiem enfin sur scène yeah !
- Jeudi c'est dans trois jours, dit alors la guitariste, inquiète. Nous serons prêts tu crois ?
- Mais oui Constance ! Répondit le leader en souriant. Nous serons géniaux, ne t'en fais pas ! Hein les gars ?
Il se tourna vers les deux derniers membres du groupe, Karl et Joseph, respectivement bassiste et claviériste. Le deuxième leva les pouces pour confirmer les paroles de Wolfgang tandis que le premier haussait les épaules.
- Au pire, si on est pas prêts c'est pas graves, on ne fera que se ridiculiser dans le bar le plus populaire de la ville, devant le meilleur groupe de musique des temps modernes et ruiner notre carrière avant même qu'elle ne débute.
Tout le monde le fixa alors, dans un silence pesant, et Mozart fit la moue.
- Merci Karl, tu aides beaucoup là.
- A ton service Wolfi.

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Vyenn était bondé de monde, mais ça n'inquiétait pas Wolfgang le moins du monde. Dans les coulisses, il regardait Antonio Salieri chanter en l'admirant. Le musicien était vraiment sublime, et sa musique était divine. Il n'avait pas d'accent, malgré qu'il soit italien, et ça fascina le jeune homme. Il avait du travailler comme un forcené pour parler la langue d'ici à la perfection. Il s'était renseigné sur le virtuose d'Aupehra, il n'avait que trois ans de plus que lui, et n'était arrivé dans la ville qu'à sa majorité, comme lui. Des mains saisirent soudainement ses épaules, et il entendit une voix murmurer au creux de ses oreilles.

- Dis, au lieu de baver sur ce cher Salieri, soufflait Karl avec malice, tu pourrais pas nous donner un coup de main pour nous préparer ? Dès qu'ils finissent, on a cinq minutes pour tout installer.

- Euh, oui, j'arrive. Et je ne bavais pas sur lui.

- Mais oui, je te crois, allez viens.

La musique cessa progressivement, laissant place à un tonnerre d'applaudissements. Antonio mit la main sur son cœur et il s'inclina, remerciant le public. Puis, le rideau tomba et le groupe enleva ses instruments tandis que Requiem installait les leurs. Quand la toile s'ouvrit de nouveau, ils étaient tous en place. Wolfgang, sur le devant de la scène, la main posée sur le trépied du micro, sourit d'un air charmeur tandis que la régie les annonçait.

- Et maintenant, pour leur première parution en live, après avoir fait fureur sur les réseaux ces dernières semaines, Requiem, pour son premier concert sur scène !

Le public les encouragea avec des acclamations, et Mozart, aguicheur, s'approcha du micro pour prendre la parole.

- Bonsoir Vyenn, susurra-t-il avec confiance en adressant un clin d'œil à la foule. Il est temps de nous présenter officiellement à Aupehra, que vous découvriez à quel point nous allons faire briller cette ville !

Des applaudissements retentirent, et la musique débuta. Wolfgang laissa son regard fouiller la salle, jusqu'à s'accrocher à une silhouette, celle qu'il cherchait. Antonio était descendu dans la pièce, il avait marché entre les tables pour s'approcher du bar, où il commandait un verre, qu'on lui servit aussitôt. Il était aussi charismatique en buvant qu'en chantant avec son élégance et son self-control époustouflant. Mozart ferma les yeux, et il commença à chanter, envoûtant le public par sa voix cristalline et puissante, ainsi que son léger accent autrichien. Il rouvrit les paupières aussitôt, voulant voir la réaction du musicien le plus réputé de la cité, et il ne fut pas déçu. Salieri n'avait pas porté d'attention particulière au show quand les instruments avaient commencé à jouer, mais lorsque le chanteur avait laissé sa voix s'élever dans la pièce, il avait brusquement tourné la tête, figé. Tout en restant concentré sur sa performance, Wolfgang analysa l'attitude d'Antonio. Les lèvres entrouvertes, les yeux écarquillés, il semblait presque en transe. Le chanteur se savait talentueux, mais il n'imaginait pas tant. Un sourire étira ses lèvres, et il donna tout ce qu'il pouvait au micro, décidé à offrir la meilleure prestation de sa vie. Il voulait l'impressionner, et surtout, il voulait continuer à voir cette expression de désir soudain et incontrôlé dans ses yeux sombres. Il était vraiment satisfait de faire autant d'effet à un homme tel que Salieri. Sa froideur, sa façon de tenir tout à distance de lui, sa prestance. En chantant, il avait l'impression de contourner toutes ces facettes, et toutes les barrières que l'italien mettait autour de lui se brisaient. Il adorait ça. Décidant de tester le musicien, Mozart commença lentement à bouger, ondulant ses hanches sensuellement pendant qu'il chantait. Il laissait parfois ses yeux dériver dans la salle, offrant des clins d'œils aux plus sensibles de ses admirateurs et admiratrices, tout en surveillant discrètement le désarroi qui s'emparait de sa cible. Salieri frissonna tant il fut impacté par le prodige qui jouait sur scène, et il ne pensait pas que ce dernier l'observait, après tout, le lieu était plongé dans le noir, les seules lumières étant dirigées sur l'estrade où le groupe se dévoilait au public. Quand la musique cessa, la foule explosa en applaudissements. Requiem avait décidément fait une entrée triomphale. Mozart saisit le micro, le détachant de son pied, et s'avança jusqu'au bord de la scène avant de présenter au monde une référence exagérée.

- Merci Vyenn ! Ce fut un plaisir !

Le rideau retomba, et une fois que le groupe eut rangé son matériel, et vanné leur leader sur son attitude aguicheuse, Wolfgang courut dans le bar, espérant que celui qu'il cherchait n'était pas parti. Mais Salieri était là, accoudé au bar, en train de siroter un cocktail, les yeux clos. La pièce était maintenant vide, le public ayant du sortir une fois le show terminé pour que l'établissement range la salle avant la fermeture. Il ne restait plus que les musiciens, les techniciens et le personnel de l'établissement. Mozart se glissa silencieusement dans le dos de l'italien avant d'apparaître brusquement sur le côté, le faisant sursauter.

- Enchanté, monsieur Salieri, dit-il avec un grand sourire tout en lui tendant la main. Wolfgang Amadeus Mozart, j'ai chanté après vous, avec mon groupe.

Antonio hésita un instant, puis il accepta la salutation en avançant ses doigts, restant toutefois distant. Un simple coup d'œil du plus jeune lui permit de voir qu'il portait du vernis noir sur les ongles, mais uniquement de sa main gauche. Était ce une façon d'afficher son homosexualité ? Ou bien l'homme avait-il des tendances emos ?

- Oui, je vous ai écoutés. Mes félicitations, vous avez beaucoup de talent.

- C'est ce que j'ai cru comprendre en effet.... Susurra Mozart, aguicheur.

- Pardon ?

Le sourire de Wolfgang s'élargit, il était d'humeur taquine. Il approcha son visage de celui de son interlocuteur, qui se figea, et murmura à son oreille.

- Monsieur, je vous ai vu pendant que Requiem jouait. Vous avez eu beaucoup de mal à vous maîtriser, et j'atteste bien de vos tentatives, malheureusement, j'ai été témoin de tout ce qui transparaissait sur votre joli minois... Et j'en suis très flatté, venant d'un musicien de votre envergure, n'est ce pas, maestro.

Antonio recula soudainement, mettant de la distance entre eux, et il fixa l'impertinent avec contrariété. Mozart se demanda s'il était agacé d'avoir été découvert, ou bien par son comportement. Peut-être les deux. Le leader des Danaïdes sembla vouloir répliquer, mais il abandonna, et il tourna les talons, quittant le bar. L'autrichien posa son coude sur le bar, appuyant son visage dans sa paume, soupirant doucement.

- Mais quel sex appeal... Je sens que je vais bien m'amuser, An-to-nio...

Il saisit alors le verre laissé par son interlocuteur et le finit d'une traite en souriant.

Mozalieri - Une mélodie qui fait malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant