Chapitre 1: la missive de Chanteclerc

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La vallée baignée de lumière s'étendait au devant du voyageur, contemplatif des couleurs automnales qui chatoyaient dans le paysage, bercé par l'écho du vent frais qui faisait bruisser les feuilles des saules au dessus de sa tête encapuchonnée. Le soleil venait de se lever, laissant l'aurore poindre dans des gloires dorées transperçant les nuages blancs qui couvraient le ciel, dont la lueur des étoiles brillait encore pour quelques instants avant de laisser le jour envelopper le monde. Une senteur de fleurs séchées et de rosée accompagna les pas du marcheur tandis qu'il dirigeait sa monture vers un petit ruisseau d'eau claire, laissant la jument à la robe blanche s'abreuver après les plusieurs heures de voyage sur les chemins tortueux de la plaine. Le cavalier s'agenouilla au-dessus de la source et enleva sa capuche, sa longue cape tombant sur ses épaules, dévoilant une longue crinière brune ondulée, tenue par quelques tresses le long de son crâne, caressées par la douceur de la brise, reflétant un roux fauve dévoilé par les rayons du soleil. Le regard vif de la jeune femme contemplait le reflet qui se miroitait dans l'eau, ses épais sourcils trahissant une mine de mécontentement tandis qu'elle effleurait du bout de ses doigts la courbe de sa mâchoire carrée où de multiples petites cicatrices semblables à des tâches de rousseur se marquaient dans sa peau bronzée. Elle brouilla ce reflet en plongeant ses mains dans l'onde cristalline, s'aspergeant le visage rosissant sous la morsure du froid, puis se releva vers sa monture lui donnant une caresse au passage, entonnant d'une voix espiègle:

-" Allez, plus qu'une journée avant de rentrer à la maison... Il me tarde de revoir les toits de chaume du quartier des Cercles, comme je sais que tu as hâte de revoir Morgdhal.

Elle se hissa sur sa selle de cuir et tira sur les mords de la jument qui recula pour suivre la piste terreuse qui les mèneraient à destination; La cité avant-poste de Chanteclerc, leur ville natale. Johan Sherin d'Orano était chevalier de la Garde étoilée, défenseuse de L'Empire des Roses et de son peuple, ainsi que conseillère diplomatique lors des temps de conflits entre les Cités voisines. Mais cela faisait bien longtemps qu'elle n'exerçait plus et que sa position se tenait en retrait; bien que la Guerre faisait rage entre L'Empire et la contrée de L'Ogres depuis bientôt une dizaine d'années, Johan s'était retirée dans les confins des terres rocheuses de la Vallée en tant que vétérane, bien qu'elle se préférait s'imaginer semi-retraitée. Car Johan attendait à chaque solstices qu'un émissaire du bastion des Vigiles vienne la trouver, missive à la main, lui reconfier la mission de se battre pour les gens de l'Empire. Elle n'aimait en rien la guerre et ses horreurs, simplement, elle savait qu'elle pouvait faire beaucoup plus. Plus qu'auparavant. Cela faisait bientôt deux ans qu'elle avait quitté le champ de bataille, à son plus grand regret, laissant derrière elle nombreux compagnons, ses frères et sœurs d'armes, sa famille. La solitude n'avait jamais fait partie de sa vie, et se retrouver derrière les tranchés à ne pouvoir que suivre du regard le combat la tourmentait.

Cette guerre avait commencé lors de l'An 581, à l'Aube du couronnement de la nouvelle Impératrice Cassiel, Générale des armées du précédent Empereur Telrius; elle avait été un atout majeur dans les précédents combats qui avaient achevés la conquête des Terres du Nord, le pays des Dragons durant l'An 570 à l'An 577. Beaucoup racontent qu'elle aurait évité une bataille sanglante lors de la crise des feux, qui étaient censée se dérouler sur les berges de l'Ile Noire où s'affronteraient l'armée impériale et la résistance dragonne; elle aurait invoqué une césure diplomatique afin de mettre fin au conflit qui avait éreinté les deux camps, et dont l'issue marqua la fin d'une guerre de 7 ans violente et sanguinaire. Sa diplomatie et sa sagesse face aux esprits emplis de rancœur des hommes lui apporta une image de reine érudite et salvatrice. Un traité fût instauré et les deux royaumes firent la paix; cela avait si bien marché que des contrats commerciaux avaient vu le jour. Ce couronnement était aussi un avènement dans le cœur du peuple qui adulait et chérissais depuis toujours Cassiel; née fille d'un simple forgeron, elle avait grandi dans le monde des plus démuni, et son sens de la justice prévoyait dans la vie des citoyens depuis toujours. Elle s'était engagé dans l'armée et avait grimpé les échelons grâce à sa force et son courage, et par sa sagesse. Son avènement en tant que futur impératrice avait relevé les espoirs du peuple qui se sentait près d'elle; il savait qu'elle se battrait pour lui, et que ses années de règne apporteraient la paix et l'abondance dans chaque villages et citées.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 22 ⏰

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Le lion vert et la chute des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant