Acceptation

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CASSIOPÉE

C'est un abominable abruti, voilà ce qu'il est.

J'avais hurlé, protesté, mais honnêtement, je n'avais pas la force de quoi que ce soit. Après avoir gesticulé, je me suis senti tellement fatiguée que j'aurais voulu m'endormir instantanément. Alors je me suis tue. Je l'ai laissé me redescendre jusqu'à la voiture de son chauffeur. Je l'ai laissé me porter jusqu'au siège et je l'ai laissé attacher la ceinture de sécurité.

Il s'est installé de nouveau en face de moi et a recommencé à me fixer. Malefoy a laissé des instructions à son chauffeur. Je n'ai même pas écouté. Je m'en fiche bien, au final. J'espérais juste m'endormir, m'éteindre et ne jamais me réveiller. Ne jamais reprendre pied avec la réalité.

- Tu veux quelque chose ?

Mourir...

- Non.

J'essayais d'ignorer cette douleur sourde qui étouffait mes poumons et déchiquetait mon estomac. Sans parler de mon dos. De mes cicatrices. Mais la douleur psychologique était tellement plus puissante que le reste.

Pourquoi a-t-il fallu que je décide de voir Drago ce jour-là ?

Si je ne l'avais pas fait, j'aurais été en bas avec eux.

Et je serais morte. Avec eux.

C'est tellement égoïste mais la culpabilité est tellement lourde. Au moins autant que celle qui pesait sur moi après avoir tué Lucius. À ce moment là, je voulais vivre. Vivre la vie dont on m'avait privé. Mais là... tout ce que je veux, c'est arrêter de respirer. Jusqu'à en mourir.

J'aurais voulu demander. Savoir où on allait. Mon anxiété reprenait le dessus, mais j'étais simplement incapable de bouger. De prononcer des mots entiers. Au final, je me fichais pas mal de l'endroit où nous allions aller. J'ai fixé les bâtiments gris, dont le béton grisonnant me donnait mal à la tête. Nous sommes restés en ville.

- Je me gare à l'arrière du bâtiment, Monsieur ? demanda le chauffeur.

- Oui. Je ne veux pas qu'on nous voit.

Le blond avait répondu, mais n'avait pas détourné les yeux de moi. Pourquoi me fixait-il ainsi ?

- Nous arrivons dans quelques minutes.

Plus rien n'avait d'importance pour moi. Harry voulait m'aider. Mais il ne doit pas savoir. Personne ne doit savoir. Et bientôt je serais capable de lever les bras plus de quelques secondes sans être exténuée. Bientôt, je marcherais. Mes jambes fonctionneront. Mais plus rien n'a de sens. Plus rien ne me retient ici.

Je voulais partir, disparaître, m'enfuir loin de Drago. Mais je suis restée. Pour mon travail. Pour cette vie. Je m'étais tellement battue pour cette vie. Mais elle a disparue, dissipée en un million de particules. Mon travail et ma famille d'adoption se sont envolés. Toutes mes raisons de rester se sont envolées.

J'aurais dû partir. Et rien de tout cela ne serait arrivé.

- Tu penses que cette attaque était dirigée contre moi..? je souffle, la voix tremblante.

Et si tout était de ma faute. Et si les Mangemorts avaient retrouvé ma trace ?

- Je ne pense pas.

Malefoy jeta un coup d'œil rapide vers son chauffeur, puis me regarda de nouveau.

- Comme je te l'ai dit, mes magasins ont déjà subi des attaques.

Cette information refusait d'entrer dans mon cerveau. J'avais juste peur. Peur de la douleur encore. Peur de la mort, même si j'en rêve. C'était la seule issue que j'arrivais à entrevoir pour le moment, et je craignais de ne jamais réussir à en voir d'autre.

Au cœur du brasierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant