KIDNAPPÉE (Tome 2)

Chapitre 2 - Tenue correcte éxigée.

Je n'avais attendu que ça. Toute la semaine. Je ne pensais qu'à lui. Qu'à cette veillée.
J'étais un peu angoissée aussi. Je me demandais quel accueil allaient-ils m'accorder.
Jordan serait là de toute façon, il me protégerait. Non ?

Je devais y aller. Pour lui.

La sonnette retentit. J'attendis devant la porte. Leur nouvelle maison était plus grande que l'ancienne, très jolie et surtout toujours aussi éloignée de tout. Elle était, comme l'autre, engouffrée dans les bois.
Tyler vint m'ouvrir.

- Entre.

Il était froid mais cordial. Jordan avait sûrement dû batailler pour qu'ils acceptent ma venue. Mais j'étais contente d'être là. Je leur avais pardonné d'avoir gâché ma vie, pouvaient-ils pas en faire autant ?

Jordan vint me rejoindre dans le vestibule.

- Salut.

- Salut.

- T'es jolie.

Je portais une robe mi-longue noire et voilée, avec un décolleté en V. Je ne portais même pas de maquillage. Mes cheveux étaient dispersés autour de ma tête de façon désordonnée. Je ne me serai jamais décrite comme jolie. J'étais à peine présentable.
Mais Jordan semblait sincère. Il le pensait et il avait envie de me le dire.
Ils avaient tous fait un effort et portaient une chemise. Celle de Jordan était vert d'eau. Ça allait très bien avec ses yeux verts.

- Euh... Merci.

- Y'a à manger si t'as faim.

- Non, ça va aller.

Il baissa la tête.

- Tes frères ne veulent pas de moi ici, c'est ça ?

Il releva sa tête pour planter son regard dans le mien. Ses pupilles brillaient. Il semblait être aussi émotif que moi ce soir.

- Non, ce n'est pas ça Stella. Ils ont la rancune dure. Dean n'était pas seulement un frère pour eux. C'était leur guide.

- Et maintenant c'est toi ?

- Je n'aurai jamais cette prétention. Mais oui, c'est moi qui commence petit à petit à tout gérer.

- Vous avez gâché ma vie tu sais.

- Je sais. Je t'avoue que je ne comprends toujours pas pourquoi t'es encore là, pourquoi t'as été là ni même pourquoi tu nous as aidé à kidnapper ton père.

Il finit par détourner le regard, comme s'il avait honte de ce qui allait suivre.

- Et encore moins pourquoi tu l'aimes.

- Quoi ?

J'étouffai un sanglot dans ma gorge.

- Dean était mon frère et je ne veux pas salir sa mémoire mais il t'a tabassée Stella, à plusieurs reprises. Je n'ai pas toujours été d'accord avec ses choix mais celui de lever la main sur une femme, une adolescente, je ... Je ne pourrai jamais lui pardonner.

Ça y est. Je pleurais. En silence.
Je savais que l'étrange affection que je portais pour Dean, mon ravisseur, était déplacée. Malsaine. Toxique. Morbide. Nocive. Immorale. Néfaste.

J'étais dingue. Complètement folle.

Anne m'avait dit que ça pouvait arriver, que je n'avais pas à m'inquiéter ou à penser que quelque chose n'allait pas chez moi.
Mais bien-sur que quelque chose clochait chez moi.
J'avais un putain de problème.
Je me suis complue dans ce pseudo syndrome de Stockholm en pleurant la mort de celui qui m'avait tant fait souffrir.
Je l'ai laissé m'embrasser, me toucher, me dire qu'il m'aimait, ...

- Stella ...

Jordan n'osait pas m'approcher mais il voulait me réconforter. Il était mal à l'aise, et il se sentait un peu coupable aussi. Il pensait m'avoir vexée.

- Je suis la plus grosse des connes.

- Non, c'est pas toi le problème. Je ... Je pensais que tu l'avais mal pris parce que tu l'aimais ...

La colère me montait, je la sentais traverser tout mon corps, avec vigueur, jusqu'à atteindre ma gorge.

- Je ne l'aimais pas ! Ce mec était un monstre et moi je suis une putain d'idiote !

Je criais. Tyler et les autres vinrent nous rejoindre dans l'entrée, les sourcils froncés.
Tiens, j'avais encore fait bonne impression moi.
J'en avais rien à foutre bordel. Ces mecs étaient mauvais. C'étaient des tueurs. Et ils se sont assez foutu de ma gueule.

Le morceau Crazy in love de Jay-Z et et Beyonce m'attaquait les oreilles.
On a pas arrêté d'écouter cette musique y a genre 10 ans ?
Des gobelets rouges traînaient partout dans l'herbe.
Gigi avait réellement organisé une soirée lycéenne clichée. Il n'y avait aucune originalité dans ses choix, que ça soit pour la musique, la couleur des gobelets, les invités ou encore sa robe.
J'étais mauvaise. Mais je savais beaucoup mieux m'occuper de ce genre de chose.
Avant.
Plus maintenant.
Enfin non, ce n'est pas que je ne sache plus le faire mais je n'en ai plus aucune envie.
Je finissais le lycée dans quelques mois de toute façon.
Gigi accouru vers moi, sa robe était tellement courte que je pu distinguer sa culotte violette.
Le blond qui ne la quittait pas d'une semelle avait sûrement du l'apercevoir aussi.

- Hey Stella ! C'est ouf que tu sois venue. On t'attendait plus.

Je lui fis le sourire que je réservais aux connasses qui convoitaient ma place de capitaine des cheerleders (que j'avais quitté maintenant).

- Tu connais la règle, pour faire une entrée remarquée il faut toujours venir en retard.

- Pas trop non plus, parce que sinon les gens sont tellement bourrés qu'ils ne te remarquent même pas.

Elle est sérieuse là ?

- C'est ta culotte qu'on remarque tous, Gigi.

Qu'est-ce que je fous là ?
Elle me fit une mine renfrognée. La colère se dessinait lentement sur son visage.
Je déserta le champs de bataille. Je n'avais aucune envie de me crêper le chignon avec elle.

- Et toi t'as une tenue d'enterrement ! Cria-t-elle dans mon dos.

Bon, où est l' alcool ? Je suis prête à me remplir de cette bière bon marché.