Le vieux : Non, Aïvar n'est pas ici. Il n'y est plus depuis l'incident avec votre frère.
Alex : Pourquoi est-il mort ? Il a emprunté une trop grosse somme auprès de vos services ?
Le vieux : Votre frère avait réussi sa mission, il avait donc eu droit à l'accès vers Utopia, comme vous le savez. C'est sûrement pour ça que vous êtes ici. Vous voulez réclamer son entrée. Et c'est légitime. Vous n'avez plus vraiment de famille, même à votre travail, vous n'êtes pas vraiment en symbiose avec vos collègues. Je pourrais vous faire disparaitre maintenant, personne ne poserait trop de questions. Mais vous êtes venu jusqu'ici, vous avez joué et j'y ai revu votre frère.
Alex : Donc vous avez connu mon frère. Que faisait-il ici ? Pourquoi est-il mort ?
Le vieux : Ne posez pas trop de questions. Je vais vous donner l'accès à l'Utopia, pour ce qu'a fait votre frère et parce que je l'aimais bien. Rentrez chez vous, n'allez pas au travail demain. Rester à l'affut, dans quelques jours, le ticket arrivera chez vous. Partez alors immédiatement.
Cette Utopia, pourquoi mon frère voulait tant y rentrer ? Cette idée ne m'a jamais intéressé, jusqu'à sa mort. Pourquoi aurait-il fait tous ces efforts ? Il était comme moi finalement, ce nouvel univers, ça devait être sa solution. Notre solution.
Je ne vois pas le but d'avancer, mais c'est peut-être à cause de ce qui m'entoure. Je dois changer mon environnement, aller vers un monde meilleur. L'aventure m'attend et avec elle, un nouveau sens à ma vie.
Je rentre donc chez moi et prépare directement un sac avec quelques affaires. Je prends quelques vêtements, la montre de mon père et le ticket. Je suis prêt à laisser tout le reste. Plus rien de tout cela m'importe maintenant.
Après quelques jours, le ticket arriva dans ma boîte aux lettres. Je n'ai même pas vu le facteur passer, mais le ticket est bien là. Avec mon nom imprimé dessus. Je le mets alors dans ma poche, retourne dans ma maison prendre mon sac et ressort par la porte. Je marque un temps d'arrêt devant l'entrée.
Je regarde une dernière fois mon salon. Je reprends mes clefs de ma poche, les regarde quelques instants pour y fouiller un souvenir quelconque avec toute cette vie. Je ne vois que mon frère. Je ne vois que moi.
J'ai toujours été normal, dans l'ordre des choses comme je le disais. Je n'ai jamais cherché à changer le monde. Mon frère en parlait souvent. Il voulait changer le monde à son image. Il parlait de révolution et de changement. C'est peut-être là notre différence.
Je peux la déceler maintenant. Je ne suis pas tant que ça mon frère. Il avait tout de même sa façon d'être, son unicité. Il avait surtout un sens. Quand il parlait de ses projets, de ses envies de changement, de ses révolutions. C'est là qu'il se différenciait. C'est là qu'il n'était pas moi.
C'est pour ça que j'ai tant cherché à le retrouver à ce casino. Je cherchais à devenir lui en me disant qu'il était comme moi.
Mais je n'ai été qu'un minable de mon côté. Je n'ai été qu'un faible sans passion. Sans sens. Que je trouve cela triste. Un humain sans sens, un pantin qui marche. Je n'ai rien en commun avec mon frère. Il était passionné, il irradiait de sa grandeur. Maintenant qu'il est mort, c'est l'occasion parfaite. Je vais me tuer à sa place.
Je ne suis plus Alex, il est mort dans ce casino, à l'arrière. Je suis Eden. Personne d'autre ne le saura, personne ne fera la différence une fois que je serais dans cette société.
Je jette alors les clefs derrière moi et ouvre la porte. Que je suis heureux d'avoir retrouvé mon frère, que je suis heureux de disparaitre. Je me laisse parler une dernière fois. Je contemple mes pensées, ma façon d'être et me transforme en mon frère.
Adieu Alex.
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Trop humain
MaceraHumain, trop humain. Alex, un homme perdu dans une société obnubilé par l'accession à l'Utopia, la cité parfaite qu'a créée le Précepteur, va perdre son frère et accéder à cette société tant rêvée. Adler, le jour de ses 30 ans, décide d'enfin rejoin...