J'attends avec Aïvar devant la salle des réveils. Je vais d'abord sonder Alex pour savoir ce que j'en fais. Ironique qu'Aïvar soit son Contrôleur.
Adler : J'ai lu dans le rapport. Vous êtes celui qui a tué son frère. Et c'est votre nom qu'ils ont fait apparaitre sur le ticket.
Aïvar : Oui. Être son Contrôleur est une sorte de compensation je trouve. Naturellement, il saura pour son frère en temps voulu.
Adler : Justement, pour ce qui est du plan. Je pense que je vais un peu le changer. Mais j'ai déjà parlé de ses détails avec votre Précepteur. Il vous a mis au courant je suppose. Mais je me demande. Pourquoi vous continuez ? Votre propre maître abandonne la partie. Vous travaillez pour votre propre perte. Pourquoi ?
Aïvar : Je sais très bien ce que compte faire le Précepteur après qu'il en aura fini avec cet endroit. Quand les cendres seront retombées, une nouvelle organisation renaîtra. Je ne vais pas laisser passer cette opportunité.
Adler : Vous n'avez pas lu le plan ?
Aïvar : Si. J'en suis une composante importante. Mais comme vous l'avez dit, le Précepteur abandonne. Je ne travaille plus pour lui depuis un certain temps. Je le fais pour moi. Le plan subira quelques changements.
La porte s'ouvre et le citoyen C est juste derrière. Je dis à Aïvar de partir et emmène Alex au QG. J'ai appelé ma maison le QG pour lui faire comprendre qu'il y est comme chez lui. Je veux créer une forme de camaraderie entre nous.
Je l'emmène donc chez moi. Nous passons dans le quartier résidentiel. L'avenue est large, un jardin somptueux est au centre afin de donner une belle vue depuis les habitats. Nous nous promenons dans ce jardin quelques instants avant de rentrer. Une grande fontaine est au centre. Elle est ornée d'une statue représentant Poséidon.
Adler : Il y a un pub dans la galerie un peu plus loin. Je vous propose d'y passer la soirée. On va bien s'amuser. Je ne suis pas que votre tuteur vous savez. Devenons ami !
Il semble assez joyeux et acquiesce à ma proposition. Je peux voir une certaine excitation dans ses yeux. Mais il se calme rapidement. Nous entrons ensuite chez moi.
Adler : Faite comme chez vous. Vous pouvez venir ici quand vous voulez. Ma porte sera toujours ouverte pour vous.
Nous passons quelque temps dans la maison et je commence à le cuisiner plus en profondeur.
Adler : J'ai lu quelques détails sur votre profil. En tant que tuteur, je voulais me renseigner un peu plus sur vous. C'est ce que fait un tuteur responsable. Étrangement, je n'ai pas trouvé la raison de votre accès à l'Utopia.
Il me regarde d'un air étonné. Puis il balbutie des explications sur un métier au sein de l'EC qu'il aurait fait. Je sais que c'est entièrement faux. Mais je le laisse divaguer. Il parle ensuite de sa capacité à être ordonné et moderne. Il serait spécialement empli de clarté.
Et c'est quand il arrive à cette partie qu'il change radicalement d'énergie. Il se redresse et parle avec détermination et enthousiasme. Il a soudainement une certaine prestance. Mais ses mots n'ont pas beaucoup de sens.
Nous commençons à boire quelques verres. Puis nous allons au pub comme prévu. Là, il est complètement soûl. Mais il garde cette nouvelle énergie et persiste avec sa logique de grande clarté en lui.
Je décèle une certaine logique au travers de son ivresse. Il n'arrête pas de me dire que les anciens étaient fous. Il ne comprend même pas comment cela se fait-il qu'on ait mis autant de temps pour enfin devenir mesuré et clair.
Il est enfin devenu moderne comme tous les habitants de cette Utopia selon lui. Quelle triste ironie dans ses paroles. Il sera plus difficile de le sauver malheureusement. Je vais devoir détruire ses fondations. Et seule la ruse pourra marcher, car cet homme moderne ne voudra jamais se sacrifier.
Je décide alors de ne plus m'en soucier humainement, il s'est condamné. Il est temps de faire avancer les pions.
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Trop humain
AdventureHumain, trop humain. Alex, un homme perdu dans une société obnubilé par l'accession à l'Utopia, la cité parfaite qu'a créée le Précepteur, va perdre son frère et accéder à cette société tant rêvée. Adler, le jour de ses 30 ans, décide d'enfin rejoin...