CHAPITRE 9

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Damiano couvre de baisers son chat dès que l'animal apparaît dans le salon. Ce dernier miaule en fermant les yeux, lui tirant un sourire par la même occasion. Un sourire que Giorgia aperçoit depuis la salle de bains entrouverte alors que son fiancé, installé en tailleur sur le sol, reprend ses caresses. Un sourire qui indique que, pendant un bref instant, il a oublié ses tracas. Les répétitions, la promotion, le quotidien d'une star en devenir ou d'une star tout court, elle ne sait plus trop.

Il n'y a plus qu'eux deux, dans son appartement, avec leurs chats. A l'ancienne. Quand le groupe n'était pas aussi présent ni aussi prometteur médiatiquement parlant. Quand tout était un peu plus simple. Les sorties, les restaurants et même les imprévus.

Elle sèche son corps rapidement, enfile son pyjama à la va-vite. Damiano ne lève la tête qu'une fois qu'elle apparaît dans la pièce, prête pour le dîner, et relâche presqu'à contre-coeur l'animal blotti contre lui. D'un geste, il lui montre le verre de vin blanc posé sur la table basse.

— Je t'ai servie, annonce-t-il d'une voix douce en se redressant sur ses pieds, et j'ai commencé sans toi.

Giorgia esquisse un sourire lorsqu'il désigne la bouteille à moitié vide trônant sur le bar et prend place sur le canapé. Le chanteur ne tarde pas à la rejoindre, juste après qu'ils aient tous les deux observer le chat se dandiner vers leur chambre. Elle attrape le verre et avale une gorgée de la boisson.

— J'ai demandé à mon père de passer demain pour qu'on installe des caméras de vidéos surveillance un peu partout ici, histoire que...
— ... je sois rassurée quand t'es pas là?

Un regard.

— Oui et vice versa... Et si tu le revois rôder, faudra penser à prévenir quelqu'un.

La jeune femme hoche la tête mollement, les yeux fixants ses pieds nus posés sur le parquet.

— Tout va bien?

Aucune réaction de sa part.

— Je vais... elle le regarde dans les yeux. Je préférais quand tout était normal pour nous deux. Quand tu n'étais aussi célèbre et que tu n'étais encore rien qu'à moi si on peut dire. J'ai l'impression d'avoir perdu un peu de normalité moi aussi du coup. C'est un peu égoïste mais c'est la vérité.

Il l'attire contre lui, sa tête se pose sur son torse nu. Ses yeux se ferment. Une larme silencieuse roule sur sa joue. Elle aimerait lui dire tellement de choses là, pendant qu'il est avec elle et pas partout ailleurs. Elle reste muette cependant, le laisse lui caresser les cheveux. Fierté, fierté.

Damiano avale sa salive.

— Parfois ça m'effraie moi aussi.

Ce soir-là, ils ouvriront deux autres bouteilles de vin, alternant entre rires et pleurs jusqu'à ce que la jeune femme s'endorme sur le canapé et qu'il doive la porter jusqu'à leur lit. Moments de joie.

Ephémères.

***

— Sorry?

Appuyé contre le mur du bar, Thomas lève la tête de son téléphone, une cigarette entre ses lèvres qu'il manque de faire tomber. Puis, il se rappelle que la célébrité est là, qu'elle l'empêche d'avoir des moments d'anonymat à présent. Comme profiter d'une soirée seul avec une bière hors de prix alors que tous les autres membres de son groupe se sont éclipsés chacun de leur côté.

Une jeune femme s'approche timidement. Presqu'aussi grande que lui, fine et brune. Beaucoup trop jolie pour lui. Il est presque certain de l'avoir déjà aperçue quelque part, soit les réseaux sociaux, soit une couverture de magasine. Peut-être même les deux.

Juste un baiserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant