Chapitre 6

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— Rassure-moi au moins sur une chose. Est-ce que tu aimes vraiment la viande de bœuf ou tu as juste décidé de me laisser celle de porc au restaurant parce que tu sais que c'est ce que je préfère ?

Katsuki ne répondit pas tout de suite et se mit à grimacer. Sayuri avait conscience qu'elle l'avait suffisamment parlé durant la matinée et elle comprenait qu'il en ait assez d'ouvrir la bouche, lui qui avait été si silencieux pendant des jours.

Il finit pourtant par prendre sur lui et parler.

— Tu vas chercher trop loin, grimaça-t-il. Je préfère la viande de bœuf. Si j'ai juste une remarque à faire, je préfère quand elle est moins cuite...

Il était crispé sur son tabouret, comme si cette simple remarque aurait pu lui causer des ennuis et qu'il aurait besoin de s'enfuir. Sayuri ne souhaitait pas qu'il se méfie d'elle de cette manière, surtout après ce qui s'était passé très récemment, mais elle pouvait comprendre que son passé dans un ring ne soit pas facile à ignorer. Rien qu'à songer à cela, elle avait des frissons. Elle avait déjà rencontré des hybrides provenant de rings, mais elle n'avait jamais pu imaginer précisément tout ce qu'ils avaient pu y vivre.

— Je tâcherai de la faire moins cuire dans ce cas, lui sourit-elle, dans le but de le rassurer. Si tu as d'autres remarques à propos de ma cuisine, tu peux me le dire sans crainte, je ne me vexerai pas ! Je sais que je ne suis pas la meilleure cuisinière au monde !

Malgré son ton qu'elle voulait léger, elle put voir Katsuki froncer des sourcils, se méfiant toujours autant de la moindre réaction qu'elle pourrait avoir. Elle s'efforça de continuer à lui sourire, avant de se diriger vers le réfrigérateur pour récupérer les ingrédients dont elle avait besoin pour préparer le déjeuner.

— Ce serait...

— Oui ? l'encouragea-t-elle.

— Ce serait possible d'avoir... davantage à manger ?

Elle se figea bien malgré elle et l'hybride le prit mal, déjà prêt à bondir de son tabouret pour s'échapper.

— Katsuki, tout va bien ! s'exclama-t-elle d'une voix la plus douce possible. Tu... Tu n'as pas assez à manger ?

Elle était choquée de ne pas s'en être aperçue plus tôt, de la même manière que pour le collier. Une fois de plus, elle pensa qu'elle était une bien piètre famille d'accueil.

Penché sur le tabouret, Katsuki se tenait au comptoir d'une main, le regard fuyant, hésitant toujours.

— C'est limite, avoua-t-il, visiblement à contrecœur. Si je sors courir dans le jardin, je finis par avoir faim quelques heures avant le dîner...

— Oh...

Maintenant au moins elle comprenait pourquoi il n'avait cherché à sortir qu'une seule fois depuis qu'il était ici. C'était parce que l'exercice lui donnait faim.

Sayuri ouvrit une fois de le plus le réfrigérateur, avant de se mettre à grimacer.

— En portion de viande, tu voudrais que je double la tienne ? Et dis-le-moi sans retenue, s'il te plaît, je ne me mettrai jamais en colère contre toi !

Il ne répondit pas, aussi tourna-t-elle les yeux vers lui et le vit hocher la tête.

— Est-ce que ça te va si je double seulement ta ration de riz pour ce midi ? Je pensais faire des courses aujourd'hui, je n'ai presque plus rien. Ou alors je peux toujours te donner ma portion de viande pour que tu...

Elle ne finit pas sa phrase, entendant Katsuki se mettre à grogner. Elle se mit à sourire, comprenant qu'il ne tenait pas à ce que ce soit elle qui ait faim à cause de lui.

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