Debout tard, c'est l'été.
Quel drôle d'été, il pleut.Je regarde la fenêtre. Eau salée, eau polluée, eau vide, et ses transformations. Je rêve de me métamorphoser.
À peine levée qu'une étrange main me remue les entrailles, je la repousse en déglutissant, pas le temps pour l'anxiété.
On m'a conseillé tant de choses pour faire disparaitre le noeud dans mon ventre : calcite bleue, massages garantis efficaces, huile de lavande, bromazépam, sport, sirops magiques, encens à la lavande...
Je souris sans jamais rien faire, il partira, bientôt.Le matin, je ne fais rien. Le reste du temps non plus. Je suis affalée, dans le noir de mon salon vide. Mes parents, mon frère travaillent, et moi non. ( J'aimerais voir les petits, je me demande ce qu'ils font aujourd'hui.) Condamnée à entendre les complaintes du papier peint en cacophonie par dessus les miennes.
Je mets de la musique, fait semblant de savoir quoi en faire, et m'effondre. Recommence.
Ensuite, sport. Pas pour moi, pour les autres. C'est à peine si je me contemple d'au dessus quand mon t-shirt ruisselle de sueur.
Maman rentre tard, mais toujours trop tôt pour moi : je n'ai pas eu le temps de m'enfuir avant qu'elle franchisse la porte. J'ai le temps de détester une seconde mon envie de compagnie avant de partir. Voir des amis - un ami à la fois - au parc, s'asseoir sur les bords de la tyrolienne, attendre en tandem. Rire un peu.
C.me manque. Elle est à l'autre bout de la France, et, de mon point de vue, ça me semble l'autre face de la planète. J'ai envie de revivre la semaine ,et retourner en vraies vacances avec elle : s'asseoir sur la plage, nager jusqu'aux rochers, manger des berlingots à l'anis, traîner le soir jusqu'à l'arbre couché, attendre la nuit en dehors du mobile-home. À deux, sinon, je ne le ferais pas.
Mais je suis là. J'attends la rentrée, ou un miracle qui m'en éloignerait.
Le soir arrive, mon téléphone est déchargé, et j'attends en écoutant les dernieres notes de musique qui me séparent du sommeil ou du manque de batterie. Souvent la deuxième solution, je m'endors tard. Les portraits d'inconnus sourient sur un des pans du Monde, et je les observe dans le noir, attendant leurs murmures. Ils n'arrivent jamais, bien entendu
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Boule de papier
RandomJuste des petits copeaux de pensées, qui s'évadent sous la forme de lettres.