Ce qu'ils ignoraient, c'était que depuis peu, j'attendais la nuit noire pour tomber dans la tristesse et l'angoisse. Oui, lorsque tout le monde dormait, je pleurais, maîtrisant l'art de la tristesse silencieuse.
J'entendais alors ma mère et mon père faire des bruits qui me tétanisaient. Là, près de moi, je savais juste que je devais faire semblant de dormir.
Et dans ce mensonge, la vérité m'avait plus tard enveloppé. En effet, je ne sais à quel moment je m'étais endormie, mais j'avais finalement réussi à le faire.
Ainsi, le dimanche enfin arrivé, aucune mention de l'église dans la maison. Pourtant, il y avait un semblant de joie.
Mes frères faisaient une grâce matinée pendant que ma sœur et moi n'en n'avions pas le droit. Nous nous étions donc retrouvées à aider notre mère du mieux qu'on le pouvait, à accomplir les tâches ménagères.
D'ailleurs, Elena qui paraissait être saoulée par ces tâches éveillait grandement ma curiosité. Je ne comprenais pas pourquoi, comme moi, elle ne voulait pas être une femme. Une vraie. Comme maman l'était.
Cette dernière avait préparé du riz cantonais ce jour-là pour nous, et pour papa, du Eru avec du fufu.
Ce met, paressait si délicieux, mais aucun de nous ne pouvait le toucher tant que notre père ne s'était pas servi en premier lieu. Et malheureusement pour nous, il était rentré beaucoup trop tard.
Je ne me questionnais sûrement pas de savoir quel travail mon père avait cherché au point de ne rentrer qu'après minuit. Car, ma conscience n'avait pas des capacités assez développées pour délimiter les activités de la société.
En revanche, je n'étais pas la seule à ne point trouver cela étrange puisque ma mère, évasive, le comprenait.
Mes frères et sœur dormaient, lorsque j'étais dans la chambre de mes parents, seuls. Maman avait laissé la porte ouverte, car j'avais peur qu'elle en fasse autrement.
J'entendis le bruit du portail s'ouvrir puis se refermer. Alors, je me relevais, le corps lourd mais les oreilles déterminés à savoir où était mon père.
Je m'allongeais dans l'obscurité du couloir. Sur le coin gauche en haut de l'escalier afin d'espionner mes parents.
Papa entra donc, et maman sortait de la cuisine, le bruit du micro onde accompagnant ses pas.
«Bon arrivé, amour.» Elle souriait, des poches sous les yeux dénonçant sa fatigue.
«Merci...» Il avança, tendant un dossier kakis qu'il avait dans ses mains à maman. «c'est mon CV. Ranges le.» S'avançant vers le salon.
«Où est la nourriture?» Dit il alors que maman posa ses papiers sur la mini table du salon.
Le micron sonna, alors qu'elle répondait, « c'est ce qui vient de sonner. Je vais le retirer.»
«Pourquoi ne l'as-tu pas fait plus tôt ?» Il se plaignait, Comme s'il avait pris la peine de la prévenir de l'heure à laquelle il devait rentrer.
Un moustique me piqua, et je me grattais vite, n'oubliant pas de ne pas faire de bruits. Une sueur chaude dégoulinait sur mon visage, trahissant les nombreuses peurs que j'avais; celle de me faire prendre par mes frères et ma sœur mais aussi que les parents découvrent ma malice.
Maman revint en faisant des bons, «désolée pour le retard, amour... »ne voulant pas créer une dispute et briser ce moment de joie.
«Je mangerais sur la table.» Allait il vers la salle à manger. Maman le fixa, étonnée car déguster devant la télévision était une des activités préférées de son époux.
D'ailleurs, je fronçais les sourcils, ne reconnaissant presque pas mon père.
«Qu'est ce que tu regardes?» Il fit trembler maman, la sortait de sa mobilité.
Elle dit ainsi table pendant qu'il était assis et l'odeur de l'huile rouge s'en volait vers moi, me n'argüant grandement.
Pendant que mon père mangeait avec son imbattable appétit habituel, maman l'observait. Finalement, elle brisa le silence, qui tuait depuis peu leur couple, « Ç'a dû être une terrible journée.»
Papa passa avec ses doigt le fufu dans la sauce, le mit dans sa bouche puis mâcha un bon moment. Ensuite, sans détacha son regard de son assiette, il s'adressa enfin à elle. «Femme... » Prenant un ton condescendant, «ton mari est riche !»
Les yeux de maman s'élargissait, «Comment ça ?» Alors que je murmurais, «riche?» Ne comprenant point ce que voulait insinuer papa.
Puis, je baillant, me grattant les yeux, une envie de me jeter sur le lit m'emprisonnant. A ce moment, je me rendais compte que si je bougeais, mes parents risquaient de me voir car la salle à manger était juste en face.
«Figure-toi que j'allais de quartier en quartiers et... un dieu a eu pitié de moi.»
«Dieu soit loué !» Elle levait les mains vers le ciel.
«Que mon dieu soit loué.» Précisait-il.
«Amen.»
«Pas le tien !»
Maman inclina légèrement la tête, son visage empreint de confusion. «Chéri... » Elle ouvrit les mains, puis pencha la tête, «Il n'y en a qu'un seul...»
«Alors pourquoi n'a-t-Il jamais rien fait pour ma situation... jusqu'à aujourd'hui ?»
«Je ne te comprends pas.»
«Écoutes... » levait-il le doigt, huileux et agressé par des bout de fufus qui collaient à sa peau. «Vous les femmes, c'est ça votre problème. Il est vrai que jamais, vous n'aurez de sagesse, mais essayez d'écouter et de vous taire quand les sages parlent pour au moins mieux comprendre.»
Maman appuya sa tête sur sa main gauche, signe de défaite. Ensuite, elle murmura, « Désolée, chéri. Je t'écoute.» La face dirigée vers son époux.
« Je marchais et transpirais comme un moins que rien. Moi, Sincère, fils de monsieur Blanc Kogué.»
«Eh mon chéri, je suis tellement désolée.»
«Tu dois l'être!» Secouait il la tête, montrant son exaspération. «Je regardais de gauche à droite, à la recherche d'une boutique pour acheter de l'eau, lorsqu'une voiture ralentit devant moi et Klaxon.» Papa sourit et avoua, «c'était un ancien ami à moi.»
«Qui ça ?»
«Vincent !»
La voix de maman monta en tonalité, devenant plus aiguë et légère lorsqu'elle prononça, «Oh, Vincent Simba ?»
«Tu le connais ?» Papa fronça les sourcils.
«Oui, il prie dans notre ancienne église. C'est l'époux de Janine.»
«Humm... » Il fit un bruit, l'air désintéressé et étonné à la fois.
«Tu vois chéri, on a tous le même Dieu. Le Seul et l'Unique. Qu'Il soit loué ! Enfin mon heure est arrivée.» Se réjouissait elle, avant même d'avoir entendu la fin de l'histoire.
«Bref... » Continuait papa. « Il m'a invité dans un restaurant et je ne pouvais pas refuser. On a échangé et il m'a dit qu'il sait qui j'aurai dû être. Il a reconnu mes capacités et s'est incliné devant mes diplômes.»
«Seigneur... mes ennemis sont vaincus.» Maman claquait des doigts, un son d'espoir résonnant dans tout le salon s'y échappant.
«Arrêtes de tout ramener à toi... c'est mon moment !» Se fâchait-il. «N'as-tu pas eu le tien ?»
«Excuses moi, amour. C'est la joie.» Avait elle répondu, ignorant que cette rencontre allait complètement bouleverser notre vie. La rendre encore plus douloureuse que ce qu'elle n'était déjà.
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Ma Foi À Rude Épreuve.
EspiritualJ'ai grandi dans une famille brisée et j'avais l'impression que mes parents se mettaient un voile sur le visage pour ne pas voir la vérité en face. Plusieurs fois, j'ai cherché Dieu et de nombreuses fois, j'ai abandonné. Et à mon grand étonnement...