Un Arc En Ciel Sans Couleurs

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Ma mère mit sa main sur la bouche, ne sachant possiblement pas quoi faire d'autre alors que mon second frère, Gary et ma sœur Elena, coururent voir ce qui se passait.

«Au lit!» Criait papa en les voyant. «Tout le monde !» Respirant comme un buffle.

Et tels des soldats, mes frères ainsi que ma sœur désertaient le salon.

Il se retourna ensuite vers ma mère et croisa mon regard. J'étais bien évidemment restée là, ignorant vers où aller.

De là, il continuait à hurler, «Toi !» Me faisant pisser sur place. «Vas dormir avec ta sœur !» Et je cavalais rejoindre Elena dans sa chambre.

Depuis là-haut, on pouvait entendre frapper à la porte des chambres, les bruits des coups violents qui faisaient crier maman de douleur.

Ma sœur mit de ce fait ses écouteurs aux oreilles, se déconnectant de ce monde dans lequel ils m'avaient tous abandonné.

J'étais assise a même le sol, cachant mon fessier pour ne pas me faire gronder par Éléna. J'avais attendu que cela sèche à l'aide de la climatisation qui glaçait les carreaux.

Encore une fois, à huit ans, je devais défier une horreur puis me battre contre des émotions dont je ne connaissais pas les noms.

J'étais là assise, impatiente que mardi les activités extra scolaires débutent.

Ainsi, je pensais à tout ce que l'on ferait là-bas, voyageant moi aussi autre part afin de ne pas avoir à entendre ma mère appeler à l'aide.

Des années plus tard, en n'y réfléchissant bien, je me persuade qu'en fait, elle ne demandait après aucun secours. Elle acceptait tout simplement de souffrir.

Elle criait de douleurs, mais sa conscience fermait la bouche de son âme. Préférant garder une réputation plutôt que de se sauver.

Et cela, vous le comprendrez bientôt.

Au grand matin, maman était venue nous réveiller à tour de rôle. Je pouvais voir au travers de mes yeux qui s'ouvraient lentement sur son visage à moitié décollé, des couleurs froissées.

C'était d'ailleurs la première fois que je trouvais un arc-en-ciel manquant autant d'identité.

Malgré les avis partagés sur son état, personne n'osait poser de question dans la maison. Le silence était déjà assez coléreux comme ça.

Et contrairement à la routine, elle ne fit pas que m'aider moi, elle avait aussi offert une main à ma sœur, afin que cette dernière soit prête pour aller à l'école.

Je me questionne souvent d'ailleurs sur les raisons qui poussent la douleur à nous ramener à ce chemin-là. Celui où nous nous remettons en question et voulons faire les choses bien pour les nôtres.

Est-ce parce qu'elle agit comme une fessée que nous mettraient nos parents lorsqu'on fait une bêtise ? Et que par la suite, grâce à ce coup, nous arrêtons d'être égoïste, voulant même à certains moments se faire pardonner ?

Je n'en sais rien, mais une chose est plus logique pour moi; la douleur surmontée à deux est une route qui vaut la peine d'être empruntée.

Un exemple ? Il est écrit dans Jean 3:16 < Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.>

Le fils nous aime et a accepté de se faire chair pour venir subir pire que ce que nous subissions. Pour porter sur Lui nos souffrances et les vaincre afin que nous soyons sauvés. (Jean 16:33)

Il a marché à nos côtés. Et Il continue de marcher aux côtés de ceux qui croit en Lui. (Matthieu 28:20) De ce fait, on arrive à sourire même dans l'épreuve, car Son regard ne se détourne pas de nous, ni sa main ne se retire de la nôtre.

Or, la souffrance solennelle que ma mère vivait m'était encore un mystère. Elle prétendait être enfant de Dieu, pourtant, je ne la voyais jamais marcher près de Lui.

Et avec les années, je n'allais faire que découvrir des vérités assez déchirantes sur ma famille.

Ce jour-là, nous étions enfin prêts pour nous en aller, maman nous appela donc un taxi.

Elle ne voulut point nous conduire elle-même. Elle avait sûrement honte de sortir de la sorte. Elle avait sûrement peur de dévoiler mon père. Elle ne savait sûrement pas comment mentir en ayant du sang sur les mains.

Elle n'avait même pas pris la peine de nous accompagner dehors afin de nous observer monter dans le véhicule qui était garé.

Quant à notre père, il dormait encore lorsque nous avions quitté la maison.

Savait-il faire autre chose de mieux que ronfler au moment où le soleil se levait ?

J'en doute.

Puis, les baisers d'au revoir de ma mère sur ma joue m'avaient laissé incomplète. Sa lèvre déchirée faisait en sorte que de la bave coule sur mon visage alors qu'elle essayait simplement d'y déposer un bisous chaud. Elle croisa mon regard, sourit alors qu'on savait toutes les deux que ce moment n'était pas à vivre.

Elle se montrait étonnement tendre avec moi. Sûrement cherchant un ami pendant cette tourmente où son propre mari se retournait contre elle.

Je me demandais des fois aussi qu'elle était ses aspirations pour nous.

Ni mon père ni elle-même ne nous partageait de leurs passions.

Ils nous envoyaient assurément à l'école, car ils le voyaient comme un devoir et savaient, puisque les gens le disaient, que c'était bien.

Ou tout simplement, ils voulaient se débarrasser de nous. Moins il y avait de gens près d'eux, plus ils étaient heureux. Heureux dans leur malheur.

Mes frères et ma sœur fréquentaient la même école tandis que moi, j'étais encore en primaire.

Alors j'étais celle qu'on devait déposer en première position.

Arrivée donc à l'école, ma sœur était descendue dans le but de me laisser dans ma salle de classe, avant de rejoindre les autres rapidement dans le taxi.

J'avais les larmes aux yeux ce jour-là, mais une guerrière en moi naissait, car je me battais déjà pour ne pas les laisser voir.

Et c'est fou comme les larmes sont des armes redoutables. Elles brisent, elles charment, elles trahissent, elles aiment et elles... tuent.

«Bonjour, Prunelle.» Disait la maîtresse en voyant enfin mon pâle visage. «Nous n'attendions plus que toi pour partir.»

Elle nous avait alors mis en rang. Et les uns derrière les autres, on montait dans un bus qui avait conduit assez longtemps pour nous laisser le temps d'y manger et d'y faire la sieste.

Je me souviens encore de ce jour. La ville qui passait à travers la vitre et me racontait des contes. La nature qui me souriait et semblait comprendre mon immense peine. Je me sentais liée à elle. Cela devait être sans doute dû au fait que je suis faite de poussière.

Cette poussière qui ère sur le sol sur lequel elle se crée.

Cette poussière sur laquelle la nature naît elle aussi.

Oui, je crois que la nature me reconnaissait.

«Nous y sommes !» Cria le conducteur, me sortant de cette conversation que j'avais avec le paysage.

Il y avait là dehors des enfants de mon âge, des enfants encore plus jeunes, ou encore plus âgés. Et malgré la diversité de leur âge et de leurs couleurs de peaux, une chose qui se cachait dans leurs regards les liait.

J'étais en hâte de savoir leurs histoires.

«On descend les enfants.» Dit la maîtresse.

Ma Foi À Rude Épreuve.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant