Je regardai dabord mon visage aux formes plutôt masculines que jaimais tout particulièrement, mes cheveux blonds et bruns en bataille comme à leur habitude mais bien droit aux extrémités car elles étaient rasées, puis mon cou laissant apparaitre mes os ainsi que mes clavicules. Ma peau pale qui me plaisait. Mes grandes oreilles décollées qui me dégoutaient. Mon regard noir que je dessinais habituellement me donnait un air sûr de moi et me faisait rire à chaque fois. Mes joues roses me donnaient contrairement à mon regard, une tête mignonne. Mon long nez ressemblant à un tobogan ne suscitait en moi aucune émotion. Mes « rails de train » comme jappelais toujours mes sourcils étaient fins. Mon corps lâche témoignait de mon niveau de fainéantise de tous les jours. Mon style vestimentaire était assez simple : un teeshirt à manches longues de différentes couleurs selon le jour de la semaine et un jeans bleu clair ou foncé, un peu trop grand, et pour finir des Converses basses blanches. Le genre de modèle que tout le monde a forcément eu une fois dans sa vie même étant petit.
Jétais là, devant mon miroir depuis maintenant quinze minutes, réfléchissant à toutes sortes de choses, le genre de pensées que lon a tard le soir avant de sendormir et qui nous tourmente. Je venais de sortir de la douche et avais aperçu mon corps de femme. Cela me terrifiait, me troublait, me bouleversait à chaque fois que je le voyais. Jétais donc né dans le corps dune femme et daprès la société, je devais rester femme toute ma vie car tel était le sort qui métait destiné. Mais jétais prêt et non prête à faire changer les choses. A ne pas vivre comment lentendaient les autres. Les autres y compris mes parents et toute personne nétant doué daucune intelligence pour comprendre quêtre né dans un corps de femme ne veut pas dire quon est une femme. Je voulais faire changer les choses. Ces barrières si fortes, ces poids si pesants, je voulais, jétais prêt à les casser, à les briser. Cest ainsi que mon cerveau raisonnait. Alors je me levais du rebord de la baignoire voyant mon corps sans le regarder pour ne pas me tromper, et partis mhabiller.
Une fois bien prêt pour la nuit, je sortis de la salle de bain me dirigeant vers la cuisine afin de me préparer un petit quelque chose à manger. Je voyais mes parents discuter dun air énervé. Je pouvais distinguer à travers la porte de verre quils parlaient à mon sujet. Ne sachant me contrôler, jentrais dans la pièce à mon tour énervé.
-Que de quoi parliez-vous ? dis-je dun ton tremblant de rage, les larmes aux yeux
-Oh Emilie te voilà ! Nous... Nous avons pris une décision. Nous ten parlerons demain matin et tu devras appliquer à la lettre ce que lon te dira laprès-midi.
-Je vous ai déjà répété que mon nom était Leone ! Jen ai marre de vivre comme ça. Je nen peux plus. Je vais craquer maman. Pourquoi vous entêtez vous à me considérer comme ce que je ne suis pas ? Je suis né dans le mauvais corps, le comprenez-vous ? Cela fait depuis mes 16ans que jessaye de vous le faire comprendre. Ayez au moins un peu de pitié envers ce que je suis, ou plutôt, ne suis pas. Vous ne pouvez pas continuer à vous voiler la face comme ça. Acceptez-le ou non mais respectez-le.
-Ecoute je ne sais pas quoi dire Je suis tellement désolée pour ce que nous avons à te dire que je ne veux pas me battre encore une fois.
Ils partirent tous deux se coucher car il commençait à se faire tard. Je pris un paquet de chips dans le placard à nourriture puis allais dans ma chambre. Jinstallais alors là mon ordinateur, quelques couvertures et mon paquet de chips sur mon lit. Je me baladais sur youtube, ayant tapé « court métrage transidentité » dans la barre de recherche. Toutes sortes de vidéos en sortaient. Je faisais dérouler la bande à droite de lécran afin de pouvoir voir les dernières vidéos de la liste. Javais pour habitude de faire ça tous les soirs depuis à présent une semaine et avais donc visionné un grand nombre de vidéos à ce sujet. A chaque fois je finissais en pleure soit à cause de la détermination à vivre sa vie de la personne trans, soit à propos de la mort de la personne à cause de personnes ne sachant pas réfléchir. Toute possibilité était réelle dans ce monde. Dans ce combat plutôt. Se battre pour quelquun cest quelque chose mais se battre pour sois même en est une autre. Elle est dautant plus difficile car cela signifie se battre contre les autres. Mais la chose que des millions de personnes ne comprenaient pas, cest que on ne le choisit pas de livrer un combat sans merci toute sa vie.
Après 1 ou 2 heures de visionnage je finissais par mendormir, étalé de tout mon long sur mon lit, une couverture sur mes jambes.
Le jour suivant, ayant réfléchi toute la nuit à ce que mes parents pourraient me dire le lendemain, je me levais tout barbouillé. Je pris ma couverture et létalais tout le long de mon lit afin que celui-ci soit beau. Je remis mes bagues qui étaient posées au pied de mon lit, puis les enfilais à chacun de mes doigts. Jen avais au total dix. Une pour chaque doigt. Elles me permettaient de tracer une délimitation entre mes doigts et ma main. Cela la rendait plus belle. Javais ce quon pourrait appeler des boudins a la place des doigts. Ils étaient gonflés et les bagues avaient du mal à passer. Je devais toujours prendre une taille au-dessus de celle faite pour mon âge. Enfin bon, revenons-en au faite. Il fallait que je me rende dans le salon afin de voir si mes parents étaient réveillés et donc prêts à mannoncer ce quils avaient à me dire. Je me munis de mes chaussons puis me rendis dans la pièce dà côté. Etrangement je voyais mes parents déjà habillés, assis bien droits sur le canapé. Ma première sensation fut immédiatement la peur et fis un pas en arrière. Mes parents me demandèrent davancer. Je mexécutais.
-Ecoute ce que nous avons à te dire est une décision prise il y a peu et qui a été très compliquée prendre. Moi et ton père nallons pas passer par quatre chemins. Nous voulons que tu quittes cette maison.
Un petit sourire sesquissait sur mon visage.
« Comment ? Je ne pense pas avoir bien compris. »
« Crois-moi tu as bien compris. Tu es loin dêtre bête, Emilie, je sais que tu comprends la raison. Excuse-nous. »
« Hum je vois. Dans ce cas, je fais mes bagages et pars dès maintenant. »
« Nous voulons que tu prennes le strict minimum. Ton téléphone nous revient. Tu te débrouilleras pour te faire de largent et ten racheter un. »
« Très bien, » dis-je dun ton énervé.
Je partais les larmes aux yeux mais le sourire aux lèvres dans ma chambre, rassembler mes affaires. Mes larmes signifiaient limpuissance que javais face à cette situation. Tandis que mon sourire signifiait la panique et la rage. Jétais perdu. Je navais à présent nulle part où aller et aucun moyen de joindre qui que ce soit.
Je pris mes affaires, le strict minimum comme me lavait ordonné ma mère. Je faisais un sac, rempli de nourriture, assez pour tenir une semaine, deux trois habits afin de changer si lun était trop sale, et enfin un carnet et un crayon.
Je me dirigeais vers la grande porte dentrée de bois puis posais la main sur la poignée. Pris une grande inspiration puis relâchais tout lair qui avait parcouru en quelques secondes tout mon organisme. Jordonnais aux muscles de ma main de serrer mes doigts autour de la poignée, je voulais appuyer sur celle-ci quand, tout à coup, jentendis mes parents derrière moi. Je me retournais brusquement puis les voyais là, plantés comme des arbres à me regarder de dos. Aucune émotion ne se lisait sur leur visage si ce nest de la fierté. Mon envie de les fuir augmentait à grand pas et jappuyais enfin sur la poignée pour ouvrir la porte. Elle souvrit. Je pris mon courage à deux mains puis passais lembrasure de la porte. Je refermais vite la porte afin de ne pas me mettre à pleurer en voyant mes parents derrière moi.
La rue était vide et mon sac pesait. Lair froid de janvier traversait ma nuque me donnant des frissons dans tout le corps. Ne sachant pas où aller je commençais à avancer sillonnant les grandes allées de Chicago. Une chose était sûre, je voulais à tout prix quitter cette ville. Prendre un nouveau départ. Voyager ou bon me semblait quand jen avais envie. Personne pour me dire quand rentrer, cétait à présent ma liberté.
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Je suis transgenre.
AdventureLeone est un jeune homme transgenre de 24 ans. Habitant depuis sa plus tendre enfance à Chicago. Se faisant chasser par ses parents à cause de sa transidentité, il vagabonde alors dans les rues de Indiana police, Detroit, Boston, Philadelphie, Washi...