Chapitre 53 : Le coeur sur la main

5 0 0
                                    

J'avance lentement en tendant l'oreille. Au loin, j'entends Niler parler avec un homme dont la voix ne m'est pas inconnue. La pièce dans laquelle ils se trouvent est insonorisée, je ne peux pas discerner distinctement ce qu'ils se disent. Je suis dans une espèce de salle de contrôle ultra moderne. Il y'a des écrans et des claviers un peu partout, mais personne pour les utiliser. La voix de Niler provient de l'autre côté de la porte en métal qui se trouve à l'autre bout de la pièce.

- Jo, tu peux m'ouvrir cette porte ? je demande en m'approchant de ma cible qui semble se disputer avec son interlocuteur.

- Je peux, mais si je la pirate, ils vont me repérer et m'éjecter du système. Je ne pourrais plus t'aider après ça.

- Une fois la porte ouverte, c'est Niler qui aura besoin d'aide, pas moi.

J'appréhende, mais j'ai aussi hâte de me retrouver face à cette merde. L'adrénaline rend ma blessure à l'épaule supportable, je me sens prêt à en finir, rien ne m'arrêtera. J'y suis enfin, le moment que j'attends depuis vingt jours maintenant, depuis que cette ordure m'a pris ma raison de vivre. Il est fait comme un rat. Je règle mon fusil d'assaut sur balle paralysante. Je vais prendre mon temps...

La porte s'ouvre, je me jette sur Niler sans attendre. Il a l'air surpris mais réagit à une vitesse surprenante. Il attrape son revolver, mais je lui tire dessus avant qu'il n'ait le temps de le braquer sur moi. Une balle électrique atteint son avant-bras. Il est pris de spasme. J'en profite pour le désarmer, je l'attrape par le coup et le lance à travers la pièce. Il s'écrase lourdement par terre. Je l'observe, il reprend ses esprits et me lance un regard accusateur. Il porte une combinaison kaki et une espèce d'exosquelette en métal par-dessus. Ça le rendra sans doute presque aussi fort que moi, mais ça ne le sauvera pas. Je cherche l'homme avec qui il parlait. Le premier ministre Tanel est sur un écran et me fait un discret signe de tête approbateur. Il va profiter de la scène...

- Toi ?! Tu lâches jamais l'affaire ! me lance Niler, énervé avant de s'adresser à Tanel. Appelez-moi du renfort !

- Tanel n'est plus de ton côté. Tu es seul, je lui dis froidement en savourant son air perdu.

- Tanel, bougez-vous et...

- Non Commandant Niler, nous sommes allés trop loin. Il est temps de se rendre, essaie de le convaincre le premier ministre. Nous avons commis trop d'erreurs, il est temps de les assumer et de les réparer. Nous devons nous unir contre les monfulters. C'est eux la vraie menace.

- Traître ! crache-t-il à Tanel plein de haine avant de me provoquer. Et toi, tu vas vraiment exécuter un homme désarmé ? Tu es si lâche que ça ?!

Je le regarde, impassible, tout en profitant du spectacle, puis je jette mon arme à l'autre bout de la pièce. J'enlève mon plastron, mes protections des bras et des jambes. je ne porte plus que ma fine combinaison noire. Pas d'armure Iridium, pas d'armes. Juste mes poings. Je vais lui faire payer !

Je m'approche de lui et l'attrape par le col, plein de colère, prêt à enfin exploser et rendre justice. Avant que je n'ai eu le temps de le décoller du sol, il dégaine un énorme couteau de chasse à une vitesse surhumaine et me le plante dans la cuisse gauche. Je lâche ma proie et retient un hurlement de douleur. Je vois des étoiles un instant. Il ne me laisse pas le temps de respirer et se jette sur moi. Je tombe dos à terre en me cognant violemment le crâne contre le carrelage. Niler vient sur moi et me donne un énorme coup de poing en plein dans le nez. Je le sens et l'entend craquer en déversant un flot de sang sur mon visage et dans ma bouche. Ce goût de rouille chaude familier me donne la nausée. Ça fait un mal de chien, je suis sonné mais encore conscient. Il enchaîne directement avec un coup de poing dans la mâchoire. Un nouveau flot de sang s'écoule dans ma gorge, me donnant l'impression de me noyer. Il m'en donne encore un, puis un autre et encore et encore sans s'arrêter. Je crois entendre le premier ministre protester via son écran, mais le bruit de l'impact du poing de Niler sur mon visage recouvre tous les sons environnants. J'avale quelque chose de dur... Sûrement une dent, qui manque de m'étouffer. Il continue, encore et encore, jusqu'à ce que je sois sur le point de perdre connaissance. Ma tête, mon visage, mon nez et ma bouche me font terriblement souffrir. J'ai du sang jusque dans les yeux, tout est rouge et parsemé de points noirs autour de moi. Je sens un liquide chaud sous mon crâne. Je suis incapable de bouger, il m'a vaincu en une poignée de secondes, juste parce que je suis trop orgueilleux et que ma colère m'a aveuglée. Je suis un imbécile. Il se lève et reprend son souffle. Il est flou, tout est flou, la lumière me défonce les yeux et j'ai l'impression que mon crâne est sur le point d'exploser, je suis incapable de me relever.

NÉMÉSIS : 2121 RÉSISTANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant