Chapitre 4.

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La sonnerie qui annonçait la fin des cours venait de retentir, et comme j'étais lente pour ranger mes affaires, Baji avait un peu patienté devant notre salle, le temps que je le rejoigne.
Une fois que je passais le pas de la porte, je me retrouvais face à lui. Il n'avait toujours pas perdu son sourire qui dévoilait ses canines. Je trouvais que le fait qu'elle soient si pointues lui donnait un certain charme.

-Prête pour aller faire des cours de soutien au cancre de la classe? Me disait-il en remettant l'une de ses mèches noires en place.
-Dis pas n'importe quoi, avec de l'entrainement et de bonnes méthodes, tu réussiras à rattraper ton retard. Répondis-je en lui offrant un sourire confiant. Je savais que s'il faisait des efforts, il pourrait largement remonter son niveau.

Puis, après qu'il ait hoché la tête, il commençait à prendre le chemin vers l'extérieur de l'établissement, et je lui emboitais bien rapidement le pas. Il avait glissé ses mains dans ses poches, et marchait d'une façon sûre de lui. Je regardais autour de nous, dans les couloirs, et j'apercevais tous ces regards sur nous. Enfin, sur lui. Certains avaient l'air de l'admirer, d'autres semblaient le jalouser. Il y en avait aussi certains qui évitaient à tout prix son regard. En bref, Baji était connu de tous, que ce soit en bien ou en mal, tout le monde semblait avoir un avis sur sa personne. Bien sur, quelques regards intrigués se posaient sur moi, mais je n'y prêtais pas attention, et me contentais de marcher à côté de mon camarade de classe.

Puis, une fois que nous fûmes sortis, je lâchais un long soupir de soulagement. Je ne prêtais pas attention aux regards qui s'étaient posés sur ma personne, certes. Mais c'était vraiment angoissant d'être au centre de l'attention lorsque l'on n'y était pas habitué.
Mais revenons-en au moment présent. J'avais donc suivi Baji jusqu'en dehors du collège, puis il s'arrêtait enfin devant une magnifique moto.

-Voilà mon bijou, c'est une...
-Une Suzuki Goki! Le coupai-je alors que je m'avançais vers le véhicule avec des étoiles dans les yeux. Là, il avait touché dans le mile sans s'en rendre compte. J'adorais les motos, et les Suzuki étaient de loin mes favorites. Je me retournais vers lui, les yeux brillants, et reprenais la parole. Tu roules avec ça, Baji? Elle est trop stylée!
-Tu t'y connais en motos? Je t'avoue que je ne m'y attendais pas. Me disait-il alors qu'un nouveau grand sourire s'était tracé sur ses fines lèvres.
-Ouais, mais mon père ne veut pas que j'en possède une. "Bla-bla, c'est trop dangereux, bla-bla, ça n'est pas sérieux!" C'est tout ce qu'il dit. Il est un peu énervant mais bon, j'attendrai ma majorité.
-Et tu voudrais quoi, comme moto, si tu pouvais en avoir une? Je suis curieux. Me questionna-t-il.
-Une Suzuki aussi. Une GSX-S1000! Toute en noir, ou avec quelques touches de rouge foncé. Elles sont trop jolies. Lui répondis-je avec le sourire aux lèvres. C'était un sujet que j'aimais beaucoup aborder. En général, quand j'avais du temps libre, je regardais pas mal de vidéos ou de documentaires sur la mécanique des deux roues, ça m'intéressait pas mal.
-Mais c'est que t'as de bon goûts, en plus de ça! J'avoue, les GSX-S1000 sont pas mal. Mais y'a pas mieux que ma Goki! C'est la meilleure du Japon! Et il souriait avec une fierté sans précédent. On voyait que sa moto, c'était un peu comme son bébé. Enfin bon, faut qu'on y aille si on veut avoir le temps de travailler un peu! Je roule sans casque, ça te dérange pas?
-Non, tant que tu sais la manier et qu'on meurt pas avec le crâne broyé sur la chaussée, ça me va.
-Bon, bah ça va le faire alors! Disait-il en passant une jambe au dessus de son petit bijou, m'invitant à le rejoindre. Accroche-toi juste à moi.

Alors c'est ce que je fis. Le sourire aux lèvres, je venais m'installer derrière lui, avant de passer mes bras autour de lui pour me tenir. J'étais infiniment heureuse, puisque j'allais faire un tour en moto. Ça n'était absolument pas le but de nos retrouvailles après les cours, mais là, j'étais surexcitée de pouvoir rouler, même si je ne conduisais pas. Puis, une fois que Baji s'était assuré que tout allait bien pour que l'on y aille, il démarra, faisant gronder le moteur de son deux roues.

Il se mit alors à rouler par la suite. Nous avions tous les deux le vent dans les cheveux, et je devais avouer que de mon côté, j'avais rarement ressenti de sensation aussi agréable que celle-ci. C'était une incroyable sensation de liberté que je vivais actuellement.
Il ne fallut que quelques minutes pour rejoindre le centre-ville, mais cette courte durée fut un réel plaisir. Alors une fois qu'il s'arrêta, j'avais le sourire aux lèvres. Cette petite balade m'avait fait me sentir incroyablement légère.

-Bon, on va où, du coup? Demandai-je par la suite.
-Juste là, ils font de super boissons, tu vas voir. Disait le grand brun en me souriant.

Alors, je le suivais encore une fois jusqu'à cette enseigne qui n'était finalement qu'à quelques mètres de nous. Il poussait doucement la porte et me laissait entrer en premier, alors que je le laissais à nouveau passer devant par la suite pour qu'il choisisse une table. Une fois cela fait, il me tendait la carte de ce petit café, avant de se mettre à parler.

-Prends ce que tu veux, Rym, c'est moi qui régale.

Je hochais furtivement la tête, puis je glissais mon regard sur ce qu'ils proposaient. Je n'avais pas trop faim, alors je ne comptais demander qu'un diabolo à la violette. Du sirop de violette, du sirop tout court. Une boisson sucrée, j'en avais besoin. Car oui, le sirop, les sodas, et toutes sortes de boissons du style étaient aussi formellement interdites chez moi. Alors comme je sortais peu, je n'avais pas souvent l'occasion de boire ce genre de choses.

Une dizaine de minutes passèrent après que l'on ait commandé, puis nos verres arrivaient enfin. Baji avait également demandé une gaufre à la chantilly, en plus de sa boisson. Je posais mon verre un peu plus loin devant moi après avoir pris le temps d'en savourer une gorgée. Je ne savais pas comment expliquer cela. J'étais très gourmande, alors me priver était difficile. Donc pouvoir reboire ça, c'était comme une résurrection, un peu.

Puis après encore une ou deux minutes, nous nous décidions enfin à sortir des feuilles et des stylos. Je décidais de tout reprendre du début avec lui, de lui montrer les bases même de l'écriture. Je voulais qu'il réussisse, et je sentais que lui aussi voulait faire de son mieux. Alors ça me motivait tout autant à continuer de lui apprendre.
Et c'est au bout d'une petite heure que nous arrêtions. Il relevait alors sa tête vers moi, m'offrant un nouveau grand sourire, comme à son habitude.

-Merci, Rym. Sérieusement, tu me fais comprendre en à peine cinq minutes des trucs que j'avais pas compris en trois ans avec mes profs. Tu es super douée, t'es magicienne?
-Non, je trouve ça plutôt facile...Et puis, vu que tu as la volonté d'apprendre cette fois-ci, ça va bien plus vite. Répondis-je cette fois-ci en riant, passant ma main dans ma nuque.

Nous avions encore parlé quelques minutes, puis Baji m'avait proposé de me ramener pour que je ne perde pas trop de temps à marcher en ville. J'avais volontiers accepté, alors une fois qu'il eut payé, je me retrouvais à nouveau derrière lui sur sa belle Suzuki, complètement aux anges de me promener en moto. Il était clair que c'était bien plus rapide de rentrer comme ça.

Et alors que les dix minutes à peine de trajet furent passées, il s'arrêtait au bout de ma rue, comme je lui avais demandé. Mais, lorsque je descendis de sa moto, mon regard se posait sur quelque chose qui allait certainement m'apporter bien des problèmes.

La carrosserie, l'insigne métallique sur son capot...Juste à côté de nous, c'était la berline noire de mon père qui passait, en direction de ma maison. Il devait rentrer du travail. Je tentais de me cacher, mais il était trop tard. Mon regard avait croisé celui de mon paternel. Je le voyais continuer sa route jusqu'à chez moi après qu'il ait donné un coup brutal d'accélérateur. Je sentais les problèmes arriver à plein nez. Mais je ne regrettais pas, j'avais profité. Alors je m'étais retourné vers mon camarade, et lui avais simplement dit :

-Baji...Barre-toi de là, mon père va te tuer s'il vient à ta rencontre, t'avais pas de casque, moi non plus. C'est un policier...

Il paraissait étonné de ma remarque et de mon ordre, mais ne bronchait pas. Il me laissait donc sur un signe de main et un sourire, faisant demi tour, et disparaissant en quelques secondes. Je me retrouvais donc seule dans ma rue. Je soufflais quelques secondes, et me mettais à marcher jusqu'à chez moi. Je devais bien rentrer, de toute façon. Que pouvais-je faire de plus? Ça aggraverait mon cas si je commençais à jouer les rebelles.
Alors une fois arrivée, je poussais doucement ma porte et m'avançais jusqu'à la cuisine, où mon père m'attendait déjà, assis devant la table, les bras croisés et le regard sévère.

Le début des ennuis.

Angels can't fly down hell. (BAJI KEISUKE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant