petit à petit
au fur et à mesure
que les parures dorées de l'automne
ont cédé place
aux froides journées d'hiver,
les choses se sont dégradées

de parfait
il est passé à
jaloux,
contrôleur,
distant

"c'est parce qu'il m'aime",
disait-elle à sa mère
pour justifier
qu'elle ne voie plus ses amies
"il veut passer du temps avec moi"

de même, elle n'avait plus
le moindre ami garçon
"il est juste un peu jaloux
ça ne me dérange pas",
disait-elle en pensant
"ce n'est qu'un petit sacrifice,
il le vaut bien"

petit à petit
les sacrifices se sont
multipliés,
elle n'osait rien dire
après tout,
elle ne pouvait pas lui en vouloir
s'il était jaloux
dès qu'un homme s'approchait
"il est possessif parce qu'il m'aime",
répétait-elle,
espérant s'en convaincre

il n'aimait plus
le moindre de ses vêtements
les jupes étaient trop courtes,
les robes, trop décolletées,
les jeans, trop moulants,
"on voit tes seins",
lui lançait-il aggressivement
à la sortie du lycée,
"depuis quand je sors avec une pute ?"

et puis
les remarques
ont continué
elle n'osait plus rien dire,
après tout, c'était bien de sa faute
elle était trop grosse, et avait des bourrelets
et puis cet homme avec qui elle avait parlé,
n'avait-elle pas secrètement espéré
être à son goût ?

un jour, ils se sont disputés,
"tu te comportes comme une salope,
j'ai honte à côté",
lui avait-il jeté,
en pleurs, elle s'était défendue,
qu'avait-elle encore fait ?
pour se venger
pendant trois jours durant
il n'a pas donné mot
ignorant ses messages,
la laissant sur répondeur

morte d'angoisse,
elle l'imaginait
avec une de ses amies
du bar d'à côté
qui lui tournait toujours autour,
sans qu'elle ait jamais osé s'y opposer

et quand il est revenu
elle s'est jetée à ses pieds,
en larmes,
promettant
de ne plus recommencer

une fois de plus,
ça s'est réglé sur l'oreiller,
et une fois de plus,
il a eu ce qu'il voulait.

MUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant