Après un long voyage, notre petit groupe de hauts-gradés était arrivé à Mitras, la Capitale. Des gens que je n'avais jamais vus nous avaient conduits vers un énorme bâtiment blanc à colonnades, il ne s'agissait de toute évidence pas de la caserne des brigades spéciales. Moi qui pensais qu'on allait nous prêter des chambres miteuses qui nous montreraient toute l'étendue du mépris des bourgeois pour notre corps d'armée.
Mais non, l'endroit où nous allions loger était luxueux, à la limite de l'indécence. Des hommes s'occupèrent de nos bagages restés dans les diligences et un grand type chauve vêtu d'un costume noir des plus élégant parla quelques instants avec Erwin avant que ce dernier nous fasse signe de le suivre. Mon regard se tourna alors vers mes deux compagnons de voyage, la grande bigleuse et le petit grincheux, eux aussi avaient l'air perplexe.
— Dans quoi on s'est fourrés ? chuchotai-je à leur intention alors que je me mis en route vers l'intérieur de la bâtisse.
— J'en sais rien mais je le sens pas, répondit Hanji le nez en l'air, toujours à observer l'énorme édifice.
— Le grand a dit qu'il en valait de la survie du Bataillon, alors vous avez intérêt à vous tenir à carreau, lança Levi en nous dépassant toutes les deux.
— J'ai bien entendu, c'est à nous qu'il dit ça ? m'indignai-je à voix basse.
Levi ne releva pas et Hanji m'adressa un sourire moqueur.
L'intérieur était encore plus luxueux, tout le monde était occupé à observer les moulures, les œuvres d'art accrochées aux murs et le double escalier qui décoraient le grand hall d'entrée où nous étions tous tassés. L'homme chauve qui discutait avec Erwin dehors fut bientôt rejoint par d'autres hommes qui portaient la même tenue que lui et qui étaient chargés de nous montrer nos chambres.
On nous avait attribué les chambres qui se trouvaient au deuxième étage, dans l'aile ouest du bâtiment. Des lustres gigantesques descendaient du plafond de notre couloir qui était lui-même orné de tableaux somptueux valant sûrement une fortune. Les portes étaient en bois massif et taillées très finement si bien que penser aux vieilles portes branlantes du QG me laissa un goût amer en bouche. Avais-je fait le bon choix en m'engageant dans le Bataillon ?
On m'ouvrit ma chambre, me tendit la clé et je pénétrai, émerveillée, dans la pièce dans laquelle j'allais dormir le soir-même. Tout comme dans le couloir, ici aussi la décoration était luxueuse. Les meubles, d'un bois parfaitement ciré, avaient été façonnés par un artisan très doué de ses dix doigts. Tout, de la taille aux finitions, était parfait. À ma droite, se tenait un lit deux places somptueux entouré de deux petites tables de nuit assorties. Les draps étaient d'un bleu pâle du plus bel effet et je ne pus m'empêcher de les toucher pour en apprécier la texture satinée et douce.
Je fermai la porte derrière moi, et au lieu d'envoyer valser ma valise sur le lit, je la déposai délicatement par terre. Je ne voulais pas déranger la moindre chose dans cette pièce.
Mon regard se posa alors sur une commode massive, par réflexe, je passai un doigt sur le haut du meuble pour relever la poussière. Tout était nickel, rien ne dépassait, pas un cadre n'était de travers.
Je laissai alors mes yeux parcourir la pièce. Une fenêtre majestueuse entourée de rideaux en soie bleue nuit trônait au milieu du mur face à la porte, laissant entrer une lumière qui faisait briller boiseries et métaux. À droite de l'entrée se trouvait une petite porte qui s'ouvrait sur une salle de bain somptueuse dans laquelle j'allais me prélasser le soir-même. À gauche se trouvait une petite coiffeuse sur laquelle je vis un bout de papier plié en deux.
Je m'assis sur la chaise et saisis le papier pour le lire. Il s'agissait seulement d'un petit mot de bienvenue banal et impersonnel que je m'empressai de jeter à la poubelle. Même si ce cadre luxueux laissait rêveur, je savais qu'on était ici pour rencontrer les gros lards de la Capitale et les convaincre de ne pas nous couper les vivres.
***
Un mois plus tôt...
— Bien, merci d'être venus, fit Erwin en s'asseyant à son bureau. J'ai reçu une lettre ce matin, elle vient de la Capitale.
Des bruits de protestation et d'agacement se firent entendre parmi les chefs d'escouades rassemblés dans le bureau du Major.
— Qu'est-ce qu'on a encore fait cette fois ? s'exclama Hanji, prête à exploser.
Il y avait deux choses que le Bataillon exécrait : les titans et les riches de la Capitale qui pensaient qu'on leur appartenait, soi-disant parce qu'ils payaient des impôts qui servaient à « garantir la survie du Bataillon ». Puisqu'ils se croyaient tout permis, ils ne se gênaient pas pour envoyer des lettres au Major, via la police militaire, à chaque fois qu'une de nos missions échouait afin de, bien évidemment, nous rappeler que l'on gaspillait notre temps et l'argent du contribuable avec nos « expéditions suicides ».
Cette bande d'écervelés ne se rendait pas compte que la menace était bien réelle, que les titans avaient déjà fait tomber un mur et qu'il ne s'agissait que d'une question de temps avant qu'ils ne s'attaquent à Rose et ensuite à Shina. Là même où ces ordures s'engraissaient alors que le peuple mourait de faim.
— Rien, reprit le Major, on n'a rien fait cette fois-ci. Ils nous envoient une lettre pour nous féliciter.
Tout le monde fut extrêmement surpris. Erwin lui-même semblait incertain de ce qu'il venait de dire. Des chuchotements commençaient à s'élever derrière moi.
— Attendez, la suite risque de ne pas vous plaire, reprit-t-il.
Je regardai du coin de l'œil Hanji croiser les bras sur sa poitrine et faire un pas en arrière, s'attendant au pire. Le Major prit une grande inspiration et commença à lire :
— Le commandant Naile Dok, la police militaire et l'assemblée des bienfaiteurs de Shina ont le plaisir d'inviter solennellement le major Erwin Smith ainsi que les chefs d'escouades du Bataillon d'exploration au bal du printemps qui se déroulera le 20 avril en l'honneur des exploits réalisés par le corps d'armée et ses illustres membres... bla bla bla.
Il reposa la feuille sur son bureau et leva le regard vers nous, évaluant nos réactions.
— Encore cette histoire de bal ? fis-je agacée.
— On a qu'à refuser, comme chaque année, enchaîna Hanji, déjà prête à sortir de la pièce.
— Malheureusement, cette fois c'est différent. D'habitude, on arrive toujours à éviter la fête en programmant une expédition extra-muros, mais cette fois nous n'avons rien. De plus, ce bal est clairement organisé pour nous, répondit Erwin.
— D'habitude, ils nous crachent dessus, et soudain, là on est des héros ! m'exclamai-je.
Hanji et moi échangeâmes un regard, on pensait clairement la même chose.
— Ils sentent que ça commence à puer pour eux, ils tentent de se débattre comme une proie acculée, expliqua Levi. Ils essaient de nous avoir à la bonne au cas où on devrait faire un choix important plus tard.
Erwin acquiesça.
— C'est pour ça qu'on ne peut pas refuser cette fois.
Des protestations se firent entendre dans la pièce. Personne ne voulait y aller.
— Tout le gratin de la Capitale sera présent. Refuser serait prendre le risque de se faire couper les vivres, conclut Erwin. Je sais que cela ne vous enchante pas mais je vous demande d'y réfléchir, ce ne sera qu'une seule soirée, je pense qu'on peut endurer ça.
Sur ces mots, Erwin nous libéra avant d'ajouter un « tenue de soirée exigée » qui nous arracha un soupir.
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PAF !
Je me doute que personne ne l'a demandé, mais j'ai enfin réussi à écrire une autre partie de mon histoire, c'est dingue comme je peux être lente !
J'ai aussi changé l'horrible couverture que j'avais choisie au pif et j'ai modifié le titre qui n'avait plus rien à voir avec ma ff. Là non plus, ça n'intéresse personne.
Je voulais également remercier les quelques personnes qui lisent et commentent l'histoire, ça me fait ultra plaisir. Je me suis rendue compte 100 000 ans plus tard qu'on pouvait répondre aux commentaires et du coup, je passe pour une grosse impolie. A partir de maintenant, je répondrai à tout !
Bref, merci et la suite arrive bientôt.
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Souvenirs d'une soldate du Bataillon d'Exploration [LevixOC]
Fanfic- Qu'est-ce qu'il y a Caporal, vous avez peur ? m'écriai-je. Il était dos à moi et fit mine de ne pas m'avoir entendue. Il but quelques gorgées avec avidité, c'est vrai qu'il faisait sacrément chaud. - Alors quoi, on se le fait ce combat ? demandai...