OtherWorld - 1. Et cognoscetis veritatem

Chapitre 2 (partie 2)

Nous avions atteint la grotte sans encombre et apparemment, personne ne nous espionnait puisque Kris ne s'était pas éclipsé une seule fois.

Il avait été ravi de pouvoir me guider et avait bondi vers moi sans aucune hésitation. Je ne sais pas pourquoi j'avais finalement cédé à sa demande. Sûrement pour lui faire plaisir et parce que j'étais admirative de la manière avec laquelle il prenait la situation. Il n'avait absolument pas peur de transgresser l'une des règles les plus importantes — à savoir, franchir la séparation — , et pour lui, tout cela n'était qu'un jeu.

"Tu veux bien me montrer comment c'est de voler?" m'avait-il demandé sérieusement.

"Sûrement pas !" m'étais-je écriée. Il aurait fallu que je le porte et il n'en était pas question. Pas qu'il aurait été trop lourd, — il n'était pas très grand et j'étais sûre d'être suffisamment en forme, — mais c'était encore un peu prématuré. "Nous nous ferions repérer", lui avais-je expliqué.

Nous avions donc marché jusqu'ici.

Comme je m'en doutais, la fameuse grotte se trouvait au pied de la colline. L'entrée était étroite et sombre, on ne voyait rien de ce qui se tapissait dans l'ombre au-delà du seuil.

— Bon le prochain indice ou épreuve se trouve là-dedans...

— Alors on y va ! chantonna Kris sans la moindre hésitation.

Je passais devant. L'air était chargé d'humidité et comme les rayons du soleil stoppaient leur course avant d'entrer dans la cavité, il faisait assez frais. Nous marchâmes avec prudence dans le noir. Je n'avais pas pensé à prendre une lampe de poche avant de me précipiter dans cette grotte et comme aucun de nous deux n'était capable de faire de la lumière nous ne pouvions nous reposer que sur nos sens autres que la vue. Le bruit de nos pas se répercutait sur les parois de la galerie qui s'élargissait de plus en plus. Après quelques minutes, j'eus l'impression d'apercevoir une lueur au loin.

— Toujours personne aux alentours ? ai-je chuchoté à Kris en faisant illusion à ce qu'il appelait son "sixième sens".

Je pris son silence pour un non.

La lumière vacillait, ce devait sûrement être une torche. Je frissonnais, mais ça n'avait rien à voir avec la fraîcheur de l'endroit. Qu'est-ce qui pouvait bien nous attendre derrière le tournant ? Nous franchîmes les quelques mètres nous séparant du halo. Je pensais que j'allais devoir réussir une épreuve physique pour obtenir le prochain indice, mais finalement ça n'avait pas l'air d'être le cas. Un petit coffret reposait sur une large pierre plate.

— Tu vois un mécanisme quelque part ?

J'avais parlé à voix basse, pourtant, on avait l'impression que j'avais crié. La grotte devait être plus grande que je ne le croyais pour amplifier ainsi les sons.

— Non, pourquoi ? me demanda Kris.

— Le socle pourrait être piégé, mais de toute façon, il ne faut pas se fier à ce que l'on voit...

Quelque chose clochait... Je baladais mon regard de la torche au coffret. Torche, coffret, torche encore puis coffret...

— Je sais ! La lumière qui se reflète dans les parties métalliques du coffre est immobile, ce n'est pas le reflet de la torche ! Ce qui veut dire... Que le coffret doit être une illusion !

Je m'approchais et saisis le manche en bois alors que Kris lâchait un cri de surprise.

— Mais si tu l'éteins, on ne... va plus rien voir...