Chapitre 3

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J'avais encore les fesses douloureuses lorsque mon père me déposa à l'école le lendemain matin, mais encore plus que mon postérieur c'est ma conscience qui me faisait le plus mal. Dans l'école rurale que je fréquentais avant, la mentalité n'avait absolument rien à voir. L'éducation y était totalement différente car au moins on nous y inculquait une forme de solidarité et de respect mutuel qu'ici, à la ville, on ne semblait pas avoir. Amélie aussi était arrivée. Seule dans son coin, elle regardait le panneau d'affichage pour savoir ce qui allait être servi pour le déjeuner.
-''Amélie?''
-''Oui?'' Répondit elle timidement.
-''Je...euh...je voulais m'excuser pour hier.''
-''Pourquoi?''
-''Pour avoir rigolé quand tu as mouillé ta culotte. Je suis désolé.''
-''De toutes façons tout le monde rigole quand ça m'arrive...'' Soupira t-elle.
-''Peut être mais c'est pas drôle quand même. Et puis tu sais, moi aussi je trouve que les toilettes sont vraiment dégoûtantes ici. Je l'ai dit à mes parents mais ils ne veulent même pas me croire.''
-''Moi ma maman elle sait bien que c'est la vérité mais elle ne peut rien faire parce qu'elle n'a que son salaire et que ça coûterait trop cher de me mettre dans une école privée.''
-''Et elle ne te gronde pas quand tu as n'arrives pas à te retenir?''
-''Non. Elle me dit juste que c'est pas de ma faute. Elle a bien essayé d'en parler à monsieur Lantier mais il a rien voulu entendre. Pour lui je ne suis qu'un bébé et puis c'est tout. Il lui a même dit qu'il faudrait m'envoyer dans une école pour débiles. Mais moi je ne suis pas une débile! C'est le dirlo qu'est débile!''
-''Hein? Mais il doit pas avoir le droit de faire un truc pareil!''
-''Ben non, justement et c'est ça qui l'embête le plus. L'école c'est obligatoire et ma maman m'a expliqué qu'il a pas le droit de me virer juste pour ça. Pour virer un élève il faut qu'il soit hyper nul en classe ou alors qu'il soit vraiment méchant avec les autres. Du coup tant que j'ai des bonnes notes, il peut rien faire. Et tu sais que le dirlo il veut même pas que j'emmène avec moi une tenue de rechange, il a dit a maman qu'ici c'est pas une garderie pour bébés alors si jamais j'arrive pas à me retenir, soit il l'appelle à son boulot pour qu'elle vienne me chercher, soit je reste comme ça jusqu'à la fin des cours.''
-''C'est vraiment un abruti, ce mec.''
-''Ma maman me dit que je ne dois pas m'occuper de lui, que je dois faire comme si de rien n'était et surtout ne pas m'occuper non plus de ceux qui se moquent de moi. Jeff, tu sais tu ferais mieux de pas rester avec moi. Si les autres te voient, ils risquent de se moquer de toi aussi et ils vont te trouver un surnom débile.''
-''Pas grave, je serais toujours moins débile qu'eux.''

En toute honnêteté je pensais qu'Amélie dramatisait la situation vis à vis du comportement des autres élèves à mon égard mais en réalité elle avait parfaitement deviné ce qui allait se produire. Tandis que je discutais depuis moins de dix minutes avec ma camarade, on entendit chanter dans la cour quelques slogans tels que: «Jeff et la moufette sont amoureux...». J'entrepris de lancer quelques vannes pour me défendre mais quand on a qu'une semaine d'ancienneté dans une école, ce n'est pas forcément la meilleure position pour asseoir son autorité. Même mon camarade de table ne se gêna pas pour y aller de son petit commentaire désobligeant avant d'entrer en classe. Vexé, je pris la décision de battre en retraite pour aller m'installer à coté d'Amélie. Puisque le simple fait d'aller lui parler dans la cour venait de me condamner à passer le reste de l'année avec elle, autant commencer immédiatement. Ce fut le début de ma première journée aux cotés de la moufette et pour avoir séjourné à quelques centimètres d'elle j'aurai pu témoigner que contrairement à ce que laissait entendre son surnom, absolument pas la moindre odeur désagréable n'émanait de sa personne.

L'autre problème survint un peu après 10h, comme tous les jours depuis mon arrivée dans l'école: ce besoin d'effectuer la vidange était décidément d'une ponctualité effroyable. L'idée de me prendre une deuxième correction parentale me terrifiait tellement qu'avant de partir ce matin là j'avais même tout fait pour me soulager chez moi sur les toilettes mais j'avais eu beau pousser jusqu'à en avoir des étoiles dans mon champ de vision, pas la moindre petite crotte n'avait voulu sortir. Pourtant trois heures plus tard je me retrouvais avec ces douleurs intestinales que je ne connaissais que trop bien. Au début ce n'étaient que des petite crampes dans le bas ventre, puis cette légère poussée intestinale allait crescendo tout au long de la journée, devenant de plus en plus oppressante et me contraignant à serrer les fesses lorsque les assauts se faisaient trop intenses. J'attendis donc avec impatience la pause de midi pour me précipiter aux toilettes, préférant largement risquer la mort par suffocation plutôt qu'une nouvelle fessée traumatisante infligée par les mains caleuses mon père. Sauf que voilà, une fois enfermé dans les commodités je me rendis compte avec horreur que le fond de mon caleçon était déjà taché. Une simple trace de pneu mais hélas cela resterait un slip merdeux aux yeux de mes parents. Quoi que je fasse il était déjà trop tard et j'allais devoir en assumer les conséquences. Toute ma motivation pour supporter l'insoutenable torture imposée par ce lieu, vola en éclat au même instant et c'est les larmes aux yeux je pris la décision de remonter mon pantalon comme si de rien n'était.

La moufetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant