Chapitre XV: Champ de blé

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Il courut jusque dans un champ, derrière Arios, pour échapper aux sirènes qu'il avait mises en colère. Le blond était essoufflé, il n'avait jamais vraiment eu à faire un tel effort. Il s'arrêta et posa ses mains sur ses genoux pour reprendre son souffle. Ses prunelles bleues se mirent à fixer la plume qu'il tenait dans une main, tandis qu'il toussait un peu, ayant certainement respiré des poussières dans sa course.

Arios posa ses mains sur ses genoux. Il était haletant. Son souffle mit du temps à revenir. Il regarda la plume qu'il tenait entre ses mains. Aquilo avait réussi. Il se jeta au sol épuisé. Il ferma les yeux pour se concentrer sur son souffle.

- Tu as réussi, je le savais.

Le blond leva les yeux vers Arios qui s'allongeait par terre. Il se redressa et fit quelques pas de plus, avant de s'installer à sa hauteur, sur le dos. Il soupira.

- J'étais à deux doigts de laisser tomber.

Il retrouva son souffle normal. Il posa ses mains sur son ventre.

- Tu as tout de même vaincu ta peur. Tu aurais pu echouer, mais ce n'est pas le cas

Aquilo observait les nuages défiler devant ses yeux. Il se sentait vide, mais aussi soulagé d'un poids.

- C'est vrai...

Il inspira puis expira longuement, reprenant encore une respiration normale pour réfréner les battements de son cœur.

- Mais je m'en veux, quand même. Je ne sais pas pourquoi... Je sais qu'il n'est plus de ce monde, mais j'ai l'impression de l'avoir blessé.

Arios se hissa sur ses appuis pour se replacer en position assise, le dos rond. Il tourna la tête pour l'observer durant son discours plein d'emotions.

- Qu'est-ce que tu ressentais pendant l'illusion ?

Le blond ne bougea pas d'un millimètre.

- Tout un tas de choses... C'était la cacophonie à l'intérieur.

Il ne prit pas la peine de désigner sa tête, c'était évident.

- Mais y'avait du chagrin, beaucoup de chagrin.

Il repensait au moment où il avait hésité à le retenir.

- Elles sont très fortes et vicieuses. Personnellement, je ne voyais qu'une femme oiseaux aux traits tirés par la vengeance.

Il pointa ses pupilles vers le sol.

Aquilo hocha doucement la tête. Il savait ce dont les sirènes étaient capables, il connaissait tout plein d'histoires à leur sujet.

- Et bien... je ne voyais pas cela moi.

Il sourit tristement et se redressa sur ses coudes. Ses yeux se posèrent de nouveau sur la plume qu'il tenait.

- Alors c'est bon, je suis débarrassé de cette âme sœur ?

Les branchages commençait à lui piquer le corps et ses jambes nus. Il se reconcentra sur ses dires.

- Je pense. Tu as reussi, se serait pas sympathique si tu devais faire autre chose pour arriver à tes fins.

Il releva la tête pour le regarder.

- M'enfin... J'en sais rien.

N'étant pas très à l'aise sur ses coudes, Aquilo se redressa finalement sur ses mains.

- Tu crois qu'on devrait retourner voir l'Oracle pour en savoir plus ?

Il fronça les sourcils.

- Ou bien peut être qu'il suffit d'attendre qu'elles me fassent parvenir un message...

Il haussa les épaules.

- Peut-être. Il vaudrait mieux attendre de savoir ? Ou peut-être prier les déesses ?

Aquilo prit quelques secondes pour réfléchir. Il n'avait jamais vraiment prié, alors il ne savait pas trop comment s'y prendre.

- Je préfère attendre, je verrai bien.

Le blond se leva tranquillement et s'étira un long moment. Il observa le champ.

- Ça m'a épuisé. Est-ce que tu veux qu'on aille ailleurs ?

Arios ne vit que peu de réaction sur son visage. Il n'insista pas, il ne savait même pas lui même ce qu'il fallait faire.

- Tu devrais garder la plume précieusement.

Il se leva et lui tendit la main.

- Oui, rentrons. C'est inconfortable au possible ici.

Le blond leva la main qui tenait la plume pour regarder celle-ci plus en détail. Il la fit tournoyer entre son pouce et son index.

- Tu as raison, oui.

Il leva ensuite les yeux vers Arios et lui sourit.

- C'est vrai, ça pique la peau. Je te suis.

Arios baissa sa main et l'essuya sur sa toge.

- Il ne faut pas la perdre.

Il commença a avancer.

- On va où ?

e blond ne remarqua sa main tendue que lorsqu'il la baissa. Il écarquilla les yeux et se sentit très bête, mais ne dit rien.

- Euh... on pourrait aller manger quelque chose, peut être.

Il haussa les épaules et suivit Arios.

Il mit sa main sur son ventre. Avec tout ça, il n'avait pas fait attention à sa faim. Son ventre gargouillait.

- Allons au banquet !

Il avait acquiescé suite à l'exclamation d'Arios puis l'avait suivit jusqu'au banquet. Le blond prit place sur un banc et posa sa plume sur la table, coincée sous une chope pour ne pas qu'elle soit emportée par le vent. Il observa tous les plats.

- Il y a tellement de choix...

Arios à peine arrivé attrapa des fruits, des morceaux de viandes, des olives et toutes sortes de vins.

- J'ai faim. Pas le temps de choisir.

Il avait les yeux ecarquillés face à la nouriture et se jeta dessus sans attendre.

Le blond le regarda faire, les sourcils froncés et un rictus sur les lèvres.

- Ne t'étouffes pas en mangeant si vite.

Il ricana doucement en attrapant quelques fruits à son tour.

Il ne lui accordait pratiquement aucun regard.

- Je n'ai pas mangé depuis des siècles. Tu devrais faire de même.

Aquilo esquissa un sourire et mangea à son tour.

Ils ont mangé des jours durant. 

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