Sayana
"J'avais peur, j'avais froid et je me sentais seule. Une bougie éclairait de sa flamme vacillante des murs en béton brut. J'étais assise sur un petit lit d'enfant usé par le temps. Alors que je tentais de tirer sur l'espèce d'aillons qui me servait de vêtement dans l'espoir d'avoir un peu plus chaud, le bruit d'une clef qui tourne dans une serrure me fit sursauter. Je tremblais de tout mon corps et des larmes vinrent me brouiller la vue, si bien que je ne vis pas le visage de celui qui venait de pénétrer dans la pièce.
— Il est l'heure S..."
— Sayana, Sayana!
Pas si fort...
Ma tête me faisait affreusement souffrir, sans parler du reste de mon corps. Je n'étais que douleur. Les draps, pourtant doux et légers, me paraissaient horriblement lourds. J'ouvris les yeux pour voir où je me trouvais. Un lit, une pièce lumineuse avec une grande fenêtre horizontale et des rideaux en voile blancs d'où filtrait une lumière de fin de journée, une table de chevet où trônait un plateau avec un verre d'eau. Je devais me trouver dans l'une des chambres de l'infirmerie.
Je mis un peu d'ordre dans mes pensées et réussis tant bien que mal à me rappeler ce qui s'était passé. Mes souvenirs me firent frémir.
— Ne bouge pas, tu as fait une chute de plus de 20 mètres! Heureusement que tu es solide et que tu guéris super vite, sinon...
Elora laissa sa phrase en suspens. Moi non plus je n'avais pas envie d'y penser. Pas envie de croire que j'aurais très bien pu y rester. C'était juste une évaluation putain ! Rien qui ne devrait être aussi dangereux...
À la place, je songeais à cet étrange rêve. Je n'en avais jamais fait de semblable. Ça m'avait paru si réel et imaginaire à la fois... En levant ma main pour la porter dans mon champ de vision, un élancement me parcourut. Les blessures faisaient toujours en sorte de se rappeler à notre bon souvenir.
— Eh! je t'ai dit de ne pas bouger! s'alarma une nouvelle fois mon amie.
Ma main était plus grande que celle de la fillette dans mon rêve, mais se pouvait-il que ce soit la même?
Elora interrompit le fil de mes pensées en attrapant mes doigts.
— Qu'y a-t-il, ça ne va pas?
— Que s'est-il passé Elora? Tu as gagné? lui demandais-je d'une voix rauque en soutenant son regard.
Elle semblait vraiment ébranlée. Je m'en voulais de l'avoir inquiété comme ça.
— On s'en fiche de ça... Les profs m'ont dit que tu t'étais bien battue dans l'épreuve qu'ils t'avaient imposée, mais qu'à un moment, sans raison apparente, tu t'étais mise à paniquer et tu as voulu t'envoler sauf que tu t'es cogné la tête contre la barrière de protection et tu es retombée comme une pierre un peu plus loin dans la forêt. Ils n'ont rien pu faire pour t'aider, tout s'est passé très vite... Ensuite ils t'ont amené ici en urgence, mais comme tes blessures avaient déjà commencé à cicatriser, ça ne servait à rien que le médecin utilise sa capacité de soin.
Est-ce que paniquer face à trois hommes baraqués et armés de couteaux, ce n'est pas une raison valable? À moins que je ne me trompe et que ce qu'Elora raconte est ce qui s'est vraiment passé?
— Ils t'ont raconté ça ? murmurais-je sans conviction.
— Oui, pourquoi...?
Je n'eus pas le temps de répondre quoi que ce soit. Un sahel en blouse blanche entra dans la pièce.

VOUS LISEZ
OtherWorld - 1. Et cognoscetis veritatem
FantasíaL'OtherWorld est en guerre depuis plusieurs dizaines d'années. Les enfants ayant perdu leurs parents sont envoyés dans un orphelinat où ils peuvent étudier jusqu'à leurs 16 ans. Sayana n'a aucun souvenir d'avant son arrivée à l'établissement alors...