Chapitre 19

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On venait de finir le dessert. Chloé était en train de bailler et ses yeux étaient injectés de sang, signe qu'elle était fatiguée. Ma mère demanda à notre invité s'il souhaitait boire un café. Il accepta. Il prit un instant pour passer aux toilettes. Ma génitrice ordonna à Chloé de l'emmener jusqu'à la salle d'eau. Cette dernière, toujours en train de se décrocher la mâchoire, accepta et nous informa qu'après, elle allait se coucher. Les deux décampèrent de la table jusque dans le couloir. Pendant ce temps, j'aidais ma mère à débarrasser et nettoyer le début de vaisselle. Ma mère déposa la dernière assiette à côté de l'évier et s'adossa au plan de travail. Elle m'observa un instant laver les couverts.

« Maman, n'oublies pas de préparer les cafés et le thé, lui rappelais-je me doutant qu'elle avait déjà oublié.

-Oh mais oui ! »

Elle se releva et s'empressa de récupérer les affaires dans le placard, où on entreposait l'épicerie sèche. Puis, elle attrapa des tasses avant de tout préparer. Elle déposa l'ensemble sur la table, au moment même où Michael arriva. J'arrêtais mon activité pour me joindre aux deux adultes restants. Wolf parla des photographies accrochées au mur du couloir. Il s'intéressa aux vieux clichés. Ma mère expliqua qu'ils avaient été pris lors de sa jeunesse, certaines retraçaient la vie de ses parents. Ils dérivèrent sur la photographie de ma sœur et moi. Je n'avais guère de souvenir de cette photo, nous étions encore petits. Elle avait été prise dans cet appartement, alors que ma mère adorait nous habiller de la même manière. Au-dessus de cette photo se trouvait une autre avec les enfants Désirade. Nous étions plus vieux, au collège pour ma part. J'aimais ce cliché. Nous étions dans un parc, on voyait Michelle au loin qui revenait avec des affaires. Au premier plan, nous étions en train de jouer. On discernait tout juste la nappe de pique-nique. Je me rappelais du souvenir lié à cette photo. Je continuais à siroter mon café, écoutant à nouveau la conversation entre ma mère et Michael. Ils parlaient désormais bricolage. Michael expliquait la construction de son banc en palettes, situé sur sa terrasse. Tout comme ma mère, il semblait avoir la fibre bricoleuse. Cette activité lui venait de sa jeunesse, lorsqu'il en produisait et retapait avec son père tel qu'il me l'avait dit au restaurant. Ma mère s'enquit alors de l'activité professionnelle de ses parents. Il parla d'eux, omettant leur relation tendue. Je le regardais, me questionnant sur ce qu'il pouvait ressentir. Il glissa un œil furtif vers moi : il devait sentir mon regard insistant. Il finit le liquide puis, voyant l'heure, il nous informa qu'il partait. Ma mère le remerciait de sa venue. Nous échangeâmes encore un peu dans l'entrée. Puis, ma génitrice m'intima de le raccompagner. Je sortis donc sur le pallier, en T-shirt. Je frissonnais, me rendant compte de la différence de température entre le petit appartement et le couloir. Ma mère referma la porte, en souhaitant une bonne nuit à Wolf. On se retrouvait seuls pour la première fois de la soirée. Il s'approcha de l'ascenseur et appuya sur le bouton.

« Vous avez un appartement sympathique, avoua-t-il. »

Je le remerciais. L'engin sonna, indiquant son arrivée. On s'engouffra tous les deux dedans. J'appuyais mon épaule sur la paroi et glissais un œil vers l'invité. Ce dernier semblait ravi de sa soirée. Il avait un franc sourire sur son visage.

« Vous êtes vraiment le monde de ta mère, lâcha-t-il en tournant son visage vers moi. »

Je plantais mes pupilles dans les siennes, lui disant que je m'en rendais bien compte.

« Ouai. En même temps, elle n'a que nous ici, fis-je.

-Elle vient d'ailleurs ? »

J'opinais, expliquant ensuite :

« Elle est venue en ville parce qu'elle voulait changer d'air. Elle n'aimait pas le regard des autres sur sa condition de mère célibataire, là où elle habitait. »

Mon policier énervant, perturbant mais particulièrement séduisant - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant