Chapitre 8 : La partie interdite

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Les jumeaux s’introduisirent donc dans leur maison, qui –heureusement– s’avéra vide. Ils s’avancèrent à pas de loup et se séparèrent pour aller vérifier si tout de même il n’y avait pas une personne telle que leurs parents ou un ami, de la famille dans les différentes pièces du petit édifice. Paul s’amusa à faire rire sa sœur en s’embusquant dans les coins et recoins de la bâtisse en prenant les poses d’un soldat avec son fusil prêt à tirer ou bien d’un espion furtif et discret, ondulant entre les murs, semblable à un serpent.
Une fois qu’ils furent sûrs et certains qu’il n’y avait plus aucun danger d’être pris la main dans le sac, les adolescents se dirigèrent à pas lents vers le bureau de leurs parents. La traversée leur sembla longue, très longue, immensément longue –sans doute pour la raison que leurs investigations les avaient menés à l’opposé du bureau en question. Enfin, après ce qui leur parut des siècles, ils arrivèrent devant la porte fatidique. Paule s’accrocha très fort au bras de son de son frère, tandis qu’il faisait de même de son côté, et ainsi agrippés, ils franchir le seuil fatal.
L’étroite pièce était restée fidèle aux souvenirs des jumeaux : exiguë, mais en même temps spacieuse, elle ne possédait aucun moyen de lumière naturelle, ni fenêtre ou simplement lucarne, et elle n’avait pour tout éclairage qu’une petite lampe déficiente, brinquebalant et s’arrêtant par à-coups, installée en équilibre précaire tout en haut d’un amoncellement d’éclectiques piles de dossiers, de livres, ou encore de vieux ouvrages appartenant à la famille depuis très longtemps, n’ayant presque jamais été ouverts et enfouis sous une épaisse couche de poussière. La salle sentait le renfermé, preuve qu’elle n’avait pas été visitée pendant un laps de temps certain. En effet, leurs parents avaient un peu changé l’organisation des pièces de la maison, et avaient aménagé une vieille chambre d’amis spacieuse mais inutilisée en leur nouveau bureau (ce qui était beaucoup plus pratique car tous les membres de la petite famille pouvaient y travailler sereinement, du moins quand Paul n’en décidait pas autrement), tandis que leur ancien bureau se transformait peu à peu en remise.
Les deux enfants eurent l’impression de glisser –plus que de marcher– vers la partie interdite, tant il leur semblait que leurs jambes ne les portaient plus, tant elles défaillaient sous eux, tant elles ne supportaient plus leur poids. Ils se rapprochèrent, et d’un même geste, ils touchèrent du doigt l’ancien meuble ouvragé en marqueterie qui, ils le savaient pour avoir vu leurs parents le faire, dissimulait dans un renfoncement du mur une autre commode qui elle-même, dans –très précisément– le double-fond du troisième tiroir renfermait la clef –dont la copie se trouvait actuellement entre les mains de Paule– qui pouvait seule ouvrir dans un autre endroit du bureau. Celui-ci était encore plus camouflé que la cachette de la clef, et se trouvait en réalité être l’entrée d’un petit passage qui menait à une partie aménagée de la cave, où l’on discernait une simple boîte, délicatement peinte.
Les jumeaux connaissaient seulement l’entrée du passage, et furent surpris de reconnaître une parcelle de la cave, mais leur cœur fit un bond dans leur poitrine lorsqu’ils aperçurent la boîte : c’était en réunissant leurs petites forces qu’à huit ans ils avaient eux-mêmes décoré ce coffret pour l’offrir simultanément pour la fête des pères et la fête des mères. Ils s’avancèrent en chancelant et ouvrirent la boîte : elle leur parut soudain immense lorsqu’ils se rendirent compte qu’elle ne contenait qu’une mince enveloppe à leur adresse. Paul se décida à l’ouvrir, ou plus exactement sa jumelle l'y poussa en murmurant un « Je ne peux pas le faire » tremblant. À l’intérieur, une simple feuille de papier y reposait. Le jeune garçon la parcourut des yeux en quelques secondes et tomba au sol, effaré.
« Paul ! Paul ! Donne-moi cette feuille ! Je veux la lire ! dit sa jumelle d’un ton qui se voulait impérieux.
- La voici… lui répondit-il d’un ton éteint, l’œil morne. »
La jeune fille prit le bout de papier, le déchiffra et poussa un cri, de stupeur, d’effroi et même d’un peu de tristesse mêlés : c’était un certificat d’adoption, pour les enfants Myriam et Aaron Levy, nés le neuf septembre 1942

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