La mélodie de nos cœurs

Vice Versa

Dan-bi poussa lentement le battant de la porte d'entrée. Dire qu'elle avait peur aurait été un euphémisme. Elle était terrifiée. Terrifiée de faire face à Hye-jin après la discussion houleuse qu'elles avaient eu plus tôt. Terrifiée à l'idée de ce qu'elle désirait lui proposer. Et terrifiée en réalisant à quel point il fallait peu de mots de Joo-woo pour la pousser à faire l'impossible. 

L'appartement était plongé dans l'obscurité, comme quand elle y était retournée plus tôt, mais, cette fois-ci, la nuit était bel et bien tombée, ce qui rendait l'ambiance bien moins anormale. Dan-bi s'avança lentement, et referma la porte. Elle ne savait pas pourquoi elle agissait aussi discrètement. Elle devait parler avec Hye-jin, après tout, alors faire savoir sa présence était un minimum. Mais peut être espérait-elle ainsi, inconsciemment, repousser l'échéance de cette dure discussion qu'elles devaient avoir. La jeune femme ne détecta aucun mouvement dans le grand salon, pourtant elle était presque sûre que Hye-jin n'était pas encore allée se coucher. La cheffe d'équipe ne pouvait pas trouver le sommeil quand elle avait quelque chose qui lui pesait sur l'esprit, Dan-bi le savait. Et elle devait lui avoir donné de quoi ne pas pouvoir dormir pour au moins une semaine. 

-Unnie? Chuchota-t-elle, tentant autant d'interpeller son ainée que de ne pas faire trop de bruit. 

Aucune réponse. Dan-bi avança quelque peu, dans l'obscurité.

-Unnie, tu es là? Réitéra-t-elle. 

-Tu es déjà venue récupérer tes affaires? Répondit la voix rauque de la cheffe d'équipe, qui fit sursauter la jeune femme. 

Son coeur battant la chamade, elle s'adossa au mur, tentant de reprendre sa respiration. Dans la pénombre, elle parvenait à discerner la silhouette de Hye-jin, allongée sur le canapé, le même qu'elle disait toujours impropre au sommeil. 

-Non, unnie. Je ne viens pas chercher mes affaires. J'ai... j'ai simplement réfléchi. 

-Oh? Et à quoi as-tu pu donc réfléchir? As-tu pris une nouvelle décision qui vaut pour nous deux sans me consulter?

-Non, unnie. J'ai pris une décision, mais... je suis justement venue ici pour en parler. Avec toi. 

Hye-jin resta silencieuse. Dan-bi ôta ses chaussures, et s'approcha du canapé. Elle s'assit par terre, dos contre le meuble, faisant ainsi dos au corps étendu de la cheffe d'équipe. 

-J'ai... peur, unnie. Avoua Dan-bi. Peur pour toi, peur pour le travail auquel tu as consacré ta vie, peur d'un scandale qui pourrait ruiner ta carrière... c'est... terrifiant. 

-Je sais que tu en as peur. Répondit Hye-jin. Je l'ai toujours su, depuis le départ. Mais je n'imaginais pas... que tu pourrais me quitter si facilement à cause de ces craintes. Sans même... envisager d'autres solutions. 

Dan-bi acquiesça dans le noir. 

-J'ai... réalisé que c'était... injuste, comme tu l'as dit. Que c'était me prévenir de toute responsabilité vis à vis de la douleur que je t'infligeai, tout cela pour satisfaire mon propre désir de croire que je faisais cela pour ton bien, alors que j'étais juste terrifiée. Et... c'est mal. Et ce n'est pas la seule solution. 

Hye-jin se releva légèrement de sa position, et Dan-bi le sentit dans le mouvement des coussins contre son dos. 

-Je ne pourrai pas rester à MAYA. Commença-t-elle. Et je refuse que tu sois forcée de démissionner à cause de moi. Alors... j'ai pensé que nous pourrions... continuer de nous voir. En secret. L'entreprise n'a pas besoin de le savoir, et, si nous sommes discrètes, si nous ne refaisons pas d'erreur, alors... cela pourrait fonctionner.