Cela faisait déjà dix minutes qu'il attendait seul, à leur place habituelle, celle près des radiateurs. Tooru avait toujours eu tendance à s'enrhumer facilement en hivers.
Le bruit caractéristique du grincement de la porte indiqua à Hajime qu'il était arrivé, Oikawa Tooru daignait enfin faire profiter de sa présence la populace.
Il s'approcha de lui, tout en gratifiant ses camarades d'un sourire chaleureux. Hajime, lui, n'eu le droit qu'à un vague hochement de tête.
- T'as des cernes jusqu'aux coudes.
- Mauvaise nuit. Répondit-il simplement sans chercher à cacher sa mauvaise humeur. Il ne jouait jamais la comédie devant lui, il gardait ça pour ses fans.
Hajime posa la tête sur ses coudes, rassuré de ne voir que des cernes et aucunes marques sur son corps.
- Ma sœur a fait des brownies.
Tooru arrêta de retourner son vieux sac à la recherche d'on ne sait quoi pour le fixer.
- La petite poche.
Il sourit en le regardant fouiller à la recherche de gâteaux, il a décidé de se reprendre en main, aujourd'hui, il se bat réellement contre cette fichue maladie qui le fait descendre plus bas que terre. Dorénavant, Tooru fait de son mieux, il mange, il est présent en cours et a reprit le sport.
Pour la première fois depuis plus de trois mois, Hajime s'autorise à espérer revoir le véritable sourire de son ami, pas le faux qu'il sert aux autres ou celui, empli de douleur qu'il a découvert lorsqu'il était au plus bas, non, celui qu'il souhaite c'est le vrai, celui plein d'amour qu'il offrait à qui voulait le voir. Et dieu sait combien Hajime le veut.
Tooru essuya discrètement une miette d'un revers de manche lorsque le professeur entra en trombe.
- Je suis en retard, prenez vos manuels.
Sans doute Hajime aurait-il entendu s'il n'était pas aussi perdu dans ses pensées, à contempler son meilleur ami.
Il avait souri. Ses lèvres s'étaient à peine retroussées, mais il n'avait pas rêvé, Tooru avait souri au gout d'un simple gâteau, il éprouvait du plaisir à manger.
Hajime en aurai pleuré.
- Iwa !
- Mhh ?
Hajime se tourna vers son ami, Makki, qui lui tapotait l'épaule de derrière.
- Ça fait trois fois que le prof t'appelle, on se réveille !
Effectivement, il avait l'air en pétard.
- Monsieur Iwaizumi, peut-on savoir ce qui est si obnubilant que vous en oubliez mon cours ?
Il tourna instinctivement la tête vers la chaise voisine, vide.
Hajime fronça les sourcils, surprit.
- Tooru.. ?
Le professeur souffla.
- Hanamakki, s'il vous plait.
Makki se leva et traina Hajime dans le couloir.
- Il est passé où cet imbécile ? Je te jure que s'il s'est encore mis dans un plan foireux je lui pète les genoux.
- Hajime...
Hajime le fixa, la dernière fois qu'il l'avait appelé comme ça, c'était pour lui annoncer la fermeture de sa boulangerie préférée, « Hajime » était réservé aux mauvaises nouvelles.
- Hajime, ça fait trois mois déjà, tu sais- il hésita- il est plus là...
Un rire nerveux lui échappa,
- Comment ça, plus là ?
La pitié passa dans les yeux de l'ailier .
- Il était malade, tu n'aurais pas pu prévoir ce qu'il a fait, personne n'aurait pu, c'est pas ta faute.
- Quoi, il a encore forcé sur l'entrainement, je lui avais d'y aller doucem-
Une larme dévala le visage de Makki.
- Il est mort Hajime, Oikawa s'est tué il y a trois mois.
- Quoi, mais, les brownies, je- sa voix se brisa, de toute façon qu'aurait-il pu dire ? Sa sœur ne s'était mise à la pâtisserie que pour lui remonter le moral après l'enterrement de Tooru, il n'y avait jamais goûté. Jamais il n'a décidé de se reprendre en main, Hajime le sait pourtant, Tooru n'est plus là, Tooru ne peut plus manger de gâteaux.