Chapitre 22

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Le client scrutait chacun de mes gestes et c'en était flippant. Je n'étais pas à l'aise avec quelqu'un qui essayait de trouver le moindre faux geste, pour critiquer ou se plaindre. Voilà à quoi se résumaient mes journées avec ce job d'été, qui avait suivis ma réussite au Bac et plus encore mon inscription dans une licence de physique-chimie. J'ignorais comment j'avais fait mais je ne me plaignais pas. Je jetais un regard à Sofia, ma collègue, qui eut un air compatissant. Quand l'emmerdeur détala, je lâchais :

« Quel con.

-Tu te souviens de celui que j'ai eu lundi ? Ricana-t-elle.

-Celui qu'à pété un scandale ou l'autre qui t'as draguer bien lourdement ? »

La brune aux cheveux ondulé pouffa. Elle releva son tour de tête rouge, ce qui eut pour effet de faire bouger dangereusement sa couette haute. Elle râla contre sa masse de cheveux, et se plaignit de ne pas avoir les miens. Je lui assurais que ses cheveux naturels lui allaient très bien. Elle me traita de lèche-cul, avant d'accueillir avec un grand sourire le nouveau client. De l'autre côté, Quentin, un autre collègue et futur camarade de licence, nettoyait le devant de sa caisse. J'avais de la chance d'être tombé dans une bonne équipe. J'enlevais ma pseudo casquette et la resserrais. J'observais, ensuite, le lieu peu bondé à cette heure-là. Les banquettes rouges et les tables couleur argent rappelaient les années 90, ambiance voulue par les propriétaires. Le patron et sa femme, qui était notre manager, étaient des nostalgiques de cette époque. Deux furies débarquèrent alors au loin. Hugo et Gabbin ne bossaient pas ce jour-là et m'avaient prévenu qu'ils passeraient. Le bouclé posa son coude sur le comptoir, lorsqu'il l'atteignit, et clama en me détaillant de haut en bas :

« Garçon, j'ordonne une boisson et une gourmandise.

-A condition que vous réitériez mieux votre demande très cher, répondis-je. »

Il s'appuya de ses deux mains sur le plan de travail rouge et mima une moue scandalisée. Nous éclations de rire au bout d'une seconde. Je leur servis finalement ce qu'ils souhaitaient, tout en écoutant d'une oreille distraite Gabbin qui me racontait comment les ébats de Bettina, la nuit dernière, l'avait empêché de dormir. Il assurait en être traumatisé. Quand il avait croisé la compagne nocturne de sa sœur, il n'avait pas réussi à la regarder dans les yeux à cause de la gêne qu'il en ressentait. Depuis que ce dernier était majeur, il pouvait enfin vivre chez sa sœur ce qui indiquait qu'il n'avait plus à subir la maltraitance de ses parents. Cela avait eu un impact son comportement et il était désormais épanouis. Mes camarades attrapèrent leur dû, me sortant de mes pensées. Puis, ils partirent s'installer sur une banquette, non loin du comptoir. Sofia vint se poster à mes côté, en mâchant un cookie qu'elle avait conservé aussi précieusement que si cela avait été l'anneau du Seigneur des anneaux.

« Tu manges en service ? souligna Quentin en haussant ses sourcils.

-Ben ouai, j'ai faim. Pis, la manager n'en tiendra pas compte. Elle m'aime trop. »

La jeune femme de 24 ans haussa ses épaules avant d'enfourner un autre morceau de son gâteau dans sa bouche. Au boulot, sa vie se résumait à manger et parler de son copain, quand elle ne renvoyait pas paître les clients ou ses collègues, parce qu'elle était saoulée.

« C'est surtout qu'elle a besoin de toi, affirmais-je d'un ton moqueur.

-Il marque un point, confirma Quentin en opinant.

-La ferme, grogna Sofia, laissez-moi croire en ma version. »

Elle finit son cookie, frotta ses mains sur son jean et détailla la salle. Elle poussa un soupire avant de partir vers les cuisines. Quentin arqua son sourcil, et je haussais mes épaules pour toutes réponses. Notre collègue revint avec des ustensiles de ménages. Elle me planta la serpillière dans les mains tandis qu'elle balança un torchons à notre collègue brun.

Mon policier énervant, perturbant mais particulièrement séduisant - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant